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Arcelor – Mittal :  » les investissements à consentir risquent de décourager des repreneurs « 

Trois questions à Bernard Wilmotte, économiste, attaché au service d’études de la Météa (Centrale francophone du métal à la CSC) sur la la décision d’Arcelor-Mittal de fermer la phase à chaud liégeoise.

Comment expliquer que la décision d’Arcelor-Mittal de fermer la phase à chaud liégeoise intervienne maintenant ?

La sidérurgie sort lentement d’une grave crise. La demande d’acier en Europe reste très faible, ce qui explique que plusieurs sites de production soient à l’arrêt ou tournent au ralenti. Les marchés émergents, en revanche, sont fort demandeurs. Pendant la crise, Mittal a maintenu ses outils de production en veille, notamment sous la pression des Etats et des syndicats, parce qu’il était impossible de prévoir le temps que durerait la crise. Maintenant qu’on en voit la fin, les opérateurs font leurs comptes. A Liège, faute d’investissements et aussi en raison d’arrêts puis de relances des hauts fourneaux en fonction de la demande, le site a perdu en termes de compétitivité. D’autres implantations ont, elles, bénéficié des investissements nécessaires avant la crise. Le fait que le site liégeois ne soit pas maritime n’est pas le handicap le plus lourd que le bassin wallon doive porter.

Imaginez-vous que le site liégeois puisse être repris ?

Dans le monde, certains opérateurs sont à la recherche des outils qui leur manquent pour compléter leur chaîne de production. Des hauts fourneaux pourraient donc, théoriquement, intéresser l’un ou l’autre opérateur. Mais les investissements à consentir à Liège risquent de décourager les candidats. L’implantation géographique très disparate des différentes unités aussi. Quand on voit que Carsid, à Charleroi, en très bon état, est à vendre depuis trois ans, on n’imagine pas qu’Arcelor/Mittal Liège trouve facilement un repreneur…

Avant cela, il faut espérer que Mittal se décide à revendre, ce qui n’est pas gagné. Pour empêcher la concurrence de s’emparer de cet outil de production, le groupe pourrait s’y opposer. Mais dans ce cas, le gouvernement wallon lui imposera de remettre le site en état, ce qui coûte très cher. En termes d’image de marque, Mittal n’a aucun intérêt à laisser derrière lui un gigantesque chancre ni un conflit avec des responsables politiques, en plus d’un désastre social.

Faudra-t-il que Liège se fasse à l’idée de vivre un jour sans la sidérurgie ?

Contrairement à ce qui s’est passé dans les mines, jadis, l’acier n’est pas mort. Ses processus de production se diversifient encore et la demande pour des produits à la technologie de plus en plus fine existe. Pour autant, rien n’impose que cette filière soit maintenue à Liège : c’est aux producteurs d’en décider. Le bassin liégeois aura en tous cas du mal à se remettre de la fin de la sidérurgie, si elle se confirme, parce que tout un réseau d’activités exclusivement liées à l’acier s’est développé autour des hauts fourneaux.

Laurence van Ruymbeke

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