Rachida AZIZ

Appel pour Gaza : « Politiques belges, tapez sur la table : ceux qui ferment les yeux face au génocide sont complices »

Dans une lettre ouverte, des dizaines de professeurs, auteurs et entrepreneurs belges appellent les politiques belges à ne plus rester les bras croisés devant les violences à Gaza. « Il ne s’agit pas d’un appel qui ne vous engage à rien. Nous allons vous demander des comptes. Qui ferme les yeux face au génocide est complice. « .

Tous les jours, nous voyons l’horreur envahir nos écrans. Des enfants bombardés de grenades alors qu’ils jouent sur une plage, une vidéo qui témoigne du rasage de tout un quartier en une minute et demie et un journaliste abattu. Nous lisons que 10 pour cent des habitants de Gaza sont en fuite suite à la destruction de leur habitation ou par précaution suite aux SMS envoyés par l’armée israélienne leur signalant que leur maison ou leur rue est prise pour cible. Les dix mille réfugiés cherchent un abri dans l’une des 83 écoles de l’ONU où ils dorment régulièrement à 80 par classe. Et ces écoles sont également bombardées. Suite à la destruction de la seule centrale électrique, la plupart des quartiers ne bénéficient que de deux heures de courant par jour. Six des neuf plus grands hôpitaux ont été fortement endommagés. Trois d’entre eux ont même dû être fermés. Parmi les 1.360 morts, il y a plus de 250 enfants. En outre, toutes ces horreurs se déroulent dans une région hermétiquement fermée par Israël depuis 2006. Um Al Ramlawi, une Palestinienne, résume la situation : « Ils nous assassinent tous, lentement en nous encerclant ou rapidement par leurs attaques militaires. Nous n’avons plus rien à perdre – we must fight for our rights, or die trying. » Il s’agit de la troisième opération meurtrière importante depuis 2008.

Si après les premières images choquantes le 8 juillet, nous avons cru naïvement que le monde politique international condamnerait ces violences, le silence a été assourdissant. La situation n’a fait qu’empirer. Tous les jours, les attaques terrestres et les raids aériens s’intensifient. Quotidiennement, nous assistons à de nouvelles horreurs.

Tous les matins nous nous réveillons en nous demandant ce que nous pouvons faire pour arrêter cette guerre. Nous ne pouvons pas vaquer à nos occupations quotidiennes comme si de rien n’était. Seuls, nous sommes impuissants. Nous manifestons, partageons les informations sur les réseaux sociaux et nous convainquons nos proches de participer au boycott (Campagne BDS). Mais que pensent les politiques quand ils entendent le nombre de morts le matin? S’ils ont le pouvoir de faire quelque chose, pour l’instant ils ne font que des déclarations vides de sens, dans lesquelles ils nous assurent de leur inquiétude et appellent Israël à la retenue.

Politiques, tapez sur la table

Dans le monde entier, des centaines de milliers de personnes ont manifesté sans aucun effet. La foi en nos politiques a été sérieusement mise à l’épreuve ces dernières années, mais cette fois-ci ils dépassent toutes les limites. À quoi servent un gouvernement et un ministre des affaires étrangères si c’est pour regarder un peuple se faire assassiner? Aucun autre pays au monde ne peut se rendre impunément coupable de tels actes. Pourquoi donc cette permissivité vis-à-vis d’Israël qui occupe la Palestine et écrase la population de Gaza?

Il est temps de taper sur la table au Conseil des ministres de l’Union européenne et toutes les autres organisations internationales dans lesquelles notre pays est représenté. Les bombardements doivent cesser et l’embargo contre Gaza doit être levé. N’arrêtez pas de marteler ces exigences tant qu’elles n’auront pas été respectées. Interdisez la vente de produits israéliens fabriqués illégalement dans les colonies établies en territoire palestinien. Interdisez l’armement d’Israël par la Belgique. Ces livraisons d’armes nous rendent responsables du développement de l’armée israélienne en sixième force militaire du monde.

Imposez des sanctions économiques envers Israël. Soutenez le boycott culturel, académique et sportif. Stimulez la solidarité entre le peuple palestinien et le peuple belge de manière concrète en promouvant par exemple les jumelages entre les villes et villages belges et palestiniens. Rappelez votre ambassadeur d’Israël à l’instar de l’Équateur, du Brésil, du Chili, d’El Salvador et du Pérou et expulsez l’ambassadeur israélien.

Ceux qui ferment les yeux face au génocide sont complices

Il ne s’agit pas d’une liste qui ne vous engage pas. Nous allons vous demander des comptes. Qui ferme les yeux face au génocide est complice. Nous rassemblons ces exigences dans une pétition que nous allons faire tourner, et nous allons rassembler un grand nombre de signatures. Nous désirons enfin éprouver de la fierté pour la Belgique, qu’elle devienne un pays doté d’un gouvernement qui défend les Palestiniens et qui ose remettre Israël à sa place. Vous n’avez pas idée de l’effet que cette réaction provoquerait dans ce pays. Vous donneriez enfin le sentiment à tous les citoyens de ce pays qu’on les écoute et que leur colère et leur chagrin sont pris au sérieux.

Version originale de la lettre ouverte parue sur Knack.be

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