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Appel exceptionnel à l’amnistie, en raison du coronavirus

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Cinquante-quatre personnalités de quatorze pays européens appellent les présidents des institutions européennes à une large amnistie des personnes faisant l’objet d’une mesure de privation de liberté. Du jamais vu.

Ils sont cinquante-quatre et non des moindres. Parmi eux : Ingrid Betancourt, le Français Jean-Paul Costa, ancien président de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, l’ancien Commissaire européen Pascal Lamy, Nikolaos Paraskevopoulos, ancien Ministre grec de la Justice, l’Espagnol Alvares Gil Robles, premier Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, les Belges Françoise Tulkens, ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, et Philippe Mary, professeur à l’ULB, spécialiste du monde carcéral. Des Italiens, aussi, des Suisses, des Britanniques, des Tchèques, des Portugais… Magistrats, profs d’univ, anciens députés…

Tous demandent aux présidents des institutions européennes (Parlement, Commission, Conseil) d’inviter les Etats membres de l’UE à accorder une large amnistie aux personnes privées de liberté, détenues en prison ou centres fermés, surtout les plus vulnérables (femmes enceinte, les plus âgés, les enfants, les handicapés) pour qu’ils échappent au virus auquel la promiscuité de leur enfermement les surexpose. Pour les autres, des solutions massives d’alternatives à la privation de liberté doivent être mises en place, demandent les 54.

Ils invoquent l’urgence sanitaire, tant d’ailleurs pour les personnes enfermées que pour ceux qui sont chargés de les surveiller. Pour tenter de convaincre les responsables européens, ils rappellent l’article premier de la Charte des droits fondamentaux : «  »La dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée. » Reste à voir s’ils seront entendus. Le 25 mars dernier, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme avait déjà lancé un appel allant dans le même sens que celui des 54 personnalités européennes. En Belgique, le ministre de la Justice Koen Geens a pris plusieurs mesures pour désengorger les prisons surpeuplées. Selon les experts et le personnel pénitentiaire, cela reste toutefois insuffisant pour éviter que les prisons (et les centres fermés) ne deviennent des foyers infectieux comme les maisons de repos.

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