Bert Anciaux © BELGA

Apartheid : « Les Flamands font la même chose que ce qu’on leur a fait »

La semaine dernière, le sénateur sp.a Bert Anciaux a déclaré à nos confrères de Knack que la Flandre applique la philosophie de l’apartheid sud-africaine en matière de diversité. Ces propos suscitent la polémique et notamment dans le quotidien De Standaard où la philosophe Tinneke Beeckman les qualifie d' »absurdes » alors que l’ancien journaliste Walter Zinzen défend Anciaux.

« Pour moi, l’empathie est le mot clé » a déclaré Bert Anciaux à propos de la politique de diversité en Flandre. « Aujourd’hui, celle-ci est totalement absente de la politique, et en fait de toute société. J’ai toujours été fasciné par la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Et je connais beaucoup de gens qui l’étaient aussi. Mais quand l’apartheid a été aboli, nous avons appliqué les mêmes principes ».

Pardon, mais il n’y a pas d’apartheid ici?

Anciaux: Je trouve que si. La philosophie fondamentale de l’apartheid repose sur la privation de l’identité culturelle. Soi-disant, les Sud-Africains noirs n’avaient pas d’histoire à eux, pas de passé dont ils pouvaient être fiers. C’était le message que leur donnaient les Blancs. Nous faisons exactement la même chose, depuis de nombreuses années et de plus en plus. Nous privons les personnes qui viennent ici du droit de chérir leur passé et de contribuer à notre société depuis cette force-là.

Nous ne les privons tout de même pas de ce droit ?

Anciaux: La politique d’intégration ressemble de plus en plus à une culture d’assimilation. J’ai étudié en profondeur la politique d’état de ces cinquante dernières années. Et les premiers migrants ont été accueillis avec respect, parce qu’ils venaient pour travailler même s’il y a eu quelques brimades, comme le fait que les associations de mosquées pouvaient être fondées uniquement par des Belges. Mais il y avait du respect, probablement parce qu’on pensait que ces gens retourneraient chez eux. Lorsqu’il s’est avéré que ce n’était pas le cas, tout a été misé sur l’assimilation : ‘nous’ trouvions qu »ils’ devaient s’adapter à ‘nous’.

Il n’y a tout de même rien de mal à l’intégration ?

Anciaux: Bien sûr que non, je comprends parfaitement ce discours d’intégration: il faut rendre les gens forts, de sorte qu’ils puissent participer à notre société. C’est pourquoi il est positif qu’ils apprennent le néerlandais par exemple. Mais il faut que cela aille dans les deux sens. Nous devons nous demander comment construire un nouvel avenir, en respectant l’identité de chacun, ce que les Flamands devraient comprendre mieux que personne.

Parce que les Flamands ont dû lutter eux-mêmes pour leur identité

Anciaux: Absolument. J’ai toujours dû lutter à Bruxelles. Je suis devenu nationaliste flamand lorsque la Belgique symbolisait encore le capital, la bourgeoisie et la francophonie. Nous avons lutté contre tout cela. Aujourd’hui, les Flamands ont tout en main. Et qu’est-ce qu’ils font ? Ils font exactement la même chose que ce qu’on leur a fait pendant des années.

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