Annemie Turtelboom © BELGA

Annemie Turtelboom démissionne

L’une des trois vice-ministres-présidentes du gouvernement flamand, la libérale Annemie Turtelboom, a démissionné, emportée par l’impopularité de la « Turteltaks ».

Annemie Turtelboom a démissionné vendredi, emportée par l’impopularité de la « Turteltaks », une taxe imposée aux ménages flamands pour compenser l’impact financier du soutien public aux énergies renouvelables des gouvernements précédents.

Mme Turtelboom (Open Vld) avait été ministre de la Justice dans le précédent gouvernement fédéral. Au sein de l’équipe du ministre-président Geert Bourgeois (N-VA), elle avait hérité d’un des trois postes de « vice » et des portefeuilles des Finances, du Budget et de l’Energie. Elue d’Anvers, elle avait été au cours des derniers mois la cible de nombreuses critiques pour la taxe qu’elle avait fait adopter pour couvrir entre autres la dette des certificats verts héritée de la « politique de gratuité des ministres socialistes » – rapidement baptisée « Turteltaks » par l’opposition flamande. Cette taxe a augmenté d’environ une centaine d’euros la facture annuelle d’électricité d’une famille moyenne en Flandre.

Bart Tommelein lui succédera, Philippe De Backer devient secrétaire d’Etat

Bart Tommelein succédera à Annemie Turtelboom au gouvernement flamand, a annoncé la présidente de l’Open Vld, Gwendolyn Rutten, à l’issue d’un conseil de son parti. Le député européen Philippe De Backer deviendra quant à lui secrétaire d’Etat dans le gouvernement fédéral.

La présidente des libéraux flamands a justifié son choix par la « combinaison de l’expérience et du jeune talent ».

Bart Tommelein deviendra donc vice-ministre-président du gouvernement flamand et ministre des Finances, du Budget et de l’Energie.

Philippe De Backer, originaire d’Anvers comme Annemie Turtelboom, reprendra le portefeuille de la Lutte contre la fraude fiscale, de la Protection de la vice privée et de la Mer du nord.

L’ex-« femme forte » de la Flandre trébuche sur une taxe énergétique

Née en 1948, Annemie Turtelboom est régente en économie. Elle a commencé sa carrière politique au CVP avant de passer chez les libéraux flamands en 2002 en compagnie de quelques autres chrétiens-démocrates du NCD (Nieuwe Christen-Democratie), dont Johan Van Hecke et Karel Pinxten.

En 2003, elle est élue à la Chambre. Quatre ans plus tard, elle échoue à être désignée au Sénat alors qu’elle occupait la 4e place de la liste VLD. Elle est toutefois désignée au gouvernement fédéral d’Yves Leterme où elle reçoit le portefeuille de l’Asile et de la Migration. Les heurts avec sa collègue de l’Intégration sociale, Marie Arena (PS), sont fréquents à tel point que le président du PS, Elio Di Rupo, demande dans une interview avec un quotidien flamand qu’elle cesse de jouer la « forte femme de Flandre » (harde tante van Vlaanderen). En 2009, elle devient ministre de l’Intérieur en remplacement du Guido De Padt, successeur pendant près d’un an de Patrick Dewael.

Dans le gouvernement Di Rupo, Annemie Turtelboom reçoit le portefeuille de la Justice. Cette non-juriste se heurte à une partie du monde judiciaire mais parvient tout de même à imposer la réforme attendue de longue date des arrondissements judiciaires et une gestion plus autonome de ceux-ci. Elle mène également à bien, quelques mois avant les élections, une réforme du nom de famille malgré les revirements au sein de la majorité. Les femmes recevront le droit de donner (également) leur nom à leur enfant.

En 2012, Annemie Turtelboom est parachutée à Anvers où l’Open Vld est au plus bas. Le score électoral est maigre mais les libéraux flamands entreront quand même au collège communal de la métropole en alliance avec la N-VA et le CD&V.

En 2014, les libéraux sont les invités de dernière minute du gouvernement flamand. Elle devient vice-ministre-présidente et ministre du Budget et des Finances de l’équipe Bourgeois, et doit gérer l’épineux dossier de l’excédent de certificats verts accordés pour soutenir la production d’énergie renouvelable. Elle imposera une taxe frappant tous les ménages flamands jusqu’en 2020. La « turteltax » fait des gorges chaudes au nord du pays et colle à la peau de la ministre libérale. Elle a beau mettre en avant les diminutions fiscales qu’elle a initiées, par exemple dans les droits de donation, rien n’y fait. Face à une pression qui ne faiblit pas, elle démissionne.

Contenu partenaire