Theo Francken

Albert II: Chronique d’un manque d’argent annoncé

Theo Francken Theo Francken est député (N-VA).

Plus de 80.000 familles belges n’arrivent pas à payer leur facture d’énergie. Parmi elles : Albert et Paola. Selon leurs dires, ils ont du mal à garder la tête hors de l’eau. Pas très crédible quand on sait qu’ils bénéficient d’une pension annuelle de 923.000 euros et de dix collaborateurs payés. Le député fédéral Theo Francken (N-VA) est révolté qu’Albert veuille mettre des frais supplémentaires sur le dos du contribuable.

La politique peut parfois se révéler très prévisible. Il y a quelques semaines, lors du vote dans la Chambre sur la liste civile et les dotations à la famille royale, j’ai signalé à plusieurs reprises que la réglementation n’est pas étanche. Chaque article contient au moins une mesure d’exception. Les coûts de chauffage du palais royal de Bruxelles, par exemple, ne sont pas sur la liste civile, mais aux frais de l’état fédéral, c’est-à-dire : le contribuable.

Et que penser des 10 collaborateurs à temps plein attribués au roi Albert? Le vice-premier ministre Didier Reynders – qui n’a pas peur des déclarations hardies – a affirmé à ce propos : « Quand on en a eu l’habitude toute sa vie, il n’est pas possible de se retrouver tout à coup sans personnel ». Le roi a le droit de profiter de sa pension.

Mais pourquoi dix membres de personnel ? Reynders ajoute : « De nombreux citoyens écriront des lettres au roi et à la reine auxquelles il faut évidemment répondre. Et il ne s’agira pas d’une lettre par jour ». Albert a besoin de plus de collaborateurs que Saint-Nicolas pour répondre à toutes ses lettres de fan.

La coupe se remplit d’elle-même

On avait prévu que les échappatoires dans les textes des lois seraient certainement utilisées par certains membres de la famille royale. Qu’il s’agisse de mettre ses frais sur le dos de l’état, d’informer le gouvernement sur ses voyages à l’étranger, les lois votées permettent ce genre d’interprétations. Sans parler de l’optimisation fiscale, une matière dans laquelle les Saxe-Cobourg sont champions. Ainsi, la fondation dissoute Fons Pereos de la reine Fabiola a été transférée vers la fondation Astrida qui continue à éviter les droits de succession. Et le fonds immobilier du prince Laurent est géré par sa propre femme, Claire. Les observateurs critiques de la royauté font bien de lire le Moniteur tous les jours.

La série d’amendements déposée par mon groupe de parlementaires pour rendre la réglementation plus claire et plus transparente a été rejetée par la majorité. Parfois de manière très laconique. Ainsi, le ministre des Finances Koen Geens a déclaré qu' »il n’y avait plus de goutte dans la coupe de la N-VA ».

Aujourd’hui, il s’avère que la coupe est à nouveau pleine. Ce sont d’ailleurs les Cobourg eux-mêmes qui continuent à la remplir. Albert trouve que sa dotation « royale » de 923.000 euros ne suffit pas. La solution – parfaite au sein du cadre légal de la majorité – serait de mettre l’entretien et les coûts de l’énergie de sa résidence Belvédère sur le dos du contribuable. Ou pourquoi pas, de déposer une note de frais pour son yacht.

Je ne peux qu’espérer que les membres du gouvernement n’envisagent pas sérieusement de donner suite à cette demande. Même la majorité institutionnelle semble difficilement accepter la cupidité incessante de certains membres de la famille royale. Il semble qu’avec une fortune estimée entre 400 millions et un milliard d’euros, les Cobourg n’aient pas le couteau sur la gorge.

Je prévois également qu’à l’avenir je continuerai à critiquer les irrégularités. La liste civile et les dotations ont été approuvées par le Sénat il y a à peine deux semaines. L’encre n’est pas encore sèche que la discussion refait rage. Toutes les personnes qui suivent la monarchie de près savaient que les discussions sur les dotations et les indemnités de frais reviendraient. Entre-temps on y est : chronique d’un manque d’argent annoncé.

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