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Afghanistan: l’Office des étrangers dément un projet d’expulsion collective

Le Vif

L’Office des étrangers a démenti lundi l’existence d’un projet de rapatriement collectif d’Afghans. Les expulsions qui ont lieu vers ce pays se font de manière ponctuelle et très prudemment, a affirmé la porte-parole de l’Office.

A l’instar des opérations qui ont été menées en mai et en juin contre des ressortissants guinéens et congolais, plusieurs signes font craindre aux défenseurs des droits de l’homme une expulsion collective d’Afghans qui résident en Belgique, parfois depuis plus de cinq ans.

Des arrestations ont eu lieu, des avocats ont constaté que plusieurs de leurs clients avaient été envoyés dans des centres fermés, voire vers le centre de retour de Holsbeek, etc.

« Le modus operandi est le même », a affirmé l’avocate Selma Benkelifa. Si cette expulsion a bien lieu, elle serait, selon l’avocate, une première dramatique. « Jusqu’à présent, la Belgique n’a jamais renvoyé directement des femmes et des enfants vers l’Afghanistan, ni même organisé un vol collectif vers ce pays », a ajouté Mme Benkelifa.

« Ce n’est absolument pas à l’ordre du jour. Nous rapatrions ponctuellement des Afghans dans certaines zones du pays, en veillant à être certains qu’il s’agit de zones sécurisées », a expliqué la porte-parole de l’Office des étrangers.

Plusieurs acteurs de la société civile ont apporté leur soutien à l’action qui a commencé lundi: la communauté catholique du Béguinage, l’église protestante de Bruxelles, l’association Culturelle et de Solidarité (musulmane) ainsi que le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (MRAX) et la Ligue des droits de l’homme.

L’accueil de ces ressortissants afghans a fait l’objet d’un long débat au sein de la communauté chrétienne de l’église du Béguinage qui a finalement accepté de prêter son concours à cette action.

« Ici, nous vous disons: on veut vous aider à marquer le coup. Il y a une barrière qui ne peut pas être franchie: on n’envoie pas des jeunes, des femmes, des enfants vers un pays en guerre », a expliqué le curé de l’église, Daniel Alliet.

Les différents intervenants ont insisté sur les dangers que ferait courir le gouvernement aux ressortissants afghans s’il procédait effectivement à cette expulsion, en invoquant notamment la façon dont le ministère français des Affaires étrangères décrivait la situation en Afghanistan: « la saison des combats 2013, qui a véritablement commencé en mai, est d’une virulence toute particulière, tant à Kaboul qu’en province ».

Dans les rangs politiques, Ecolo et le PTB ont également témoigné de leur solidarité. « La situation en Afghanistan s’est encore détériorée. Il suffit de jeter un coup d’oeil aux rapports de nos militaires qui ne sortent qu’en blindés », a souligné la députée Zoe Genot (Ecolo) qui, dans un communiqué, a dénoncé « les charters de la honte ».

La campagne qui a commencé lundi ne prendra pas la forme d’une occupation pour l’instant, même si quelques familles résideront dans l’église, mais se traduira par diverses actions: organisation de débats, manifestations, interpellations de responsables politiques.

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