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Affaire Publifin : Une « prime » de… 35 euros qui passe mal

David Leloup
David Leloup Journaliste

En plein scandale Publifin, une partie du personnel a reçu une lettre annonçant l’octroi d’une prime « qui vous permettra de garnir la hotte du Père Noël ». Son montant ? 35 euros. Soit ce que le moins assidu des mandataires « siégeant » dans un comité de secteur a gagné en moins de… 4 secondes.

« Indécent », « cynique », « aberrant », « surréaliste »… Les qualificatifs ne manquent pas dans la bouche de certains membres du personnel dépendant de Publifin. Ils ont la désagréable impression qu’on se paie leur tête… Mercredi, au lendemain de nos révélations sur les émoluments pharaoniques des membres des « comités de secteur » de l’intercommunale, Sudpresse révélait que les employés de l’opérateur Resa SA, gestionnaire des réseaux de gaz et d’électricité contrôlé par Publifin, ont reçu un singulier courrier signé par Stéphane Moreau, CEO de Nethys (filiale opérationnelle de Publifin) et Bénédicte Bayer, directrice générale de Publifin.

« À l’entame des fêtes de fin d’année, le moment est bien choisi pour vous remercier, toutes et tous, pour votre mobilisation personnelle tout au long de cette année 2016, annonce la missive. Ainsi, cette année votre carte Sodexo sera créditée d’un chèque-cadeau, d’une valeur de 35€, qui vous permettra de garnir la hotte du Père Noël. » Le moment était évidemment on ne peut plus mal choisi pour annoncer ces maigres étrennes lorsqu’on sait que leur montant correspond à ce qu’un mandataire a empoché, brut, en 3,3 secondes de réunion au comité de secteur Télécom. Entre octobre 2013 et décembre 2016, ce mandataire a été présent à deux réunions sur dix, ce qui correspond à des émoluments record de 636,20 euros brut la minute prestée.

Les chiffres publiés jusqu’ici avaient été calculés en août 2016 par Cédric Halin, l’échevin des finances d’Olne à l’origine des révélations. Depuis, les comités de secteur se sont réunis à deux reprises (en septembre et novembre), accentuant encore les montants perçus « à la minute », pour les absents. Certains ont reproché à la presse ce calcul à la minute prestée. « Il est cruel, mais correct en ce qui me concerne, reconnaît ce mandataire. Il n’y avait aucun travail préparatoire ou autre à réaliser en-dehors des réunions. »

De source syndicale, on explique que cette prime de 35 euros, qui tombe bien mal cette année, a été obtenue en 2005 pour les statutaires de l’Association liégeoise du gaz (ALG). « Lors de la fusion avec Tecteo en 2011, on a réussi à conserver cette prime, qui n’est ni un treizième ni un quatorzième mois. Et l’an dernier elle a été élargie au personnel de l’ex-ALE employé par Resa, pour maintenir la paix sociale. »

« L’année 2017 qui s’annonce à grands pas aura son lot de challenges à relever qui nécessiteront votre implication, votre enthousiasme et votre énergie ; nous comptons sur vous pour relever ces nouveaux défis », enjoint la lettre. Mais chez certains employés, le timing du courrier et le montant de la prime, vu le contexte, n’ont pas vraiment atteint l’objectif motivationnel recherché.

De leur création le 21 juin 2013 à leur dissolution le 22 décembre 2016, les trois comités de secteur de Publifin auront couté, rien qu’en émoluments payés aux membres et en cotisations sociales versées à l’INASTI, quelque 2.336.000 euros à l’intercommunale. A ce coût, il convient d’ajouter les frais de personnel chargé d’encadrer les réunions, le secrétariat, et les charges liées à la mise à disposition des salles de réunion.

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