Armand De Decker © Belga

Accusé d’avoir perçu plus de 700.000 euros, Armand De Decker nie

Le député bruxellois et bourgmestre d’Uccle Armand De Decker (MR) est une nouvelle fois cité mercredi par l’hebdomadaire français Le canard enchaîné, selon qui la justice française suspecte l’élu MR d’avoir, lorsqu’il était vice-président du Sénat, monnayé son action en faveur d’une extension de la loi belge sur la transaction financière en matière pénale, demandée par l’entourage de l’ex-président français Nicolas Sarkozy en pleine négociation sur une vente d’hélicoptères au Kazakhstan. Le Canard enchaîné évoque notamment une somme de 734.346 euros versés à M. De Decker.

Cette exigence de revoir la loi aurait, selon le Canard, été portée par le chef de l’Etat kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, alors que plusieurs hommes d’affaires kazakhs installés en Belgique, dont le naturalisé belge Patokh Chodiev, faisaient face à la Justice dans le cadre de l’affaire Tractebel. M. Chodiev a ensuite compté parmi les premiers bénéficiaires de la nouvelle loi. Joint mercredi soir par Belga, Armand De Decker a une nouvelle fois nié toute intervention en ce sens et contesté avoir perçu une somme de 735.000 euros. Il a rappelé être intervenu dans le dossier Chodiev comme « avocat » et avoir perçu à ce titre des « honoraires ». Le montant évoqué par le Canard est à cet égard, « largement surévalué », assure-t-il. L’élargissement de la loi sur la transaction pénale s’est fait à l’initiative de la majorité précédente, a rappelé par ailleurs l’ex-sénateur MR, et donc avec l’appui des familles socialiste, chrétienne et libérale. Penser qu’en influençant une personnalité, on peut faire évoluer une loi, « c’est mal connaître le système parlementaire belge », souligne M. De Decker. Le parlementaire précise être intervenu dans ce dossier à l’aune de son expertise d’avocat, depuis 1973, et d’une carrière politique internationale qui l’a amené à suivre Tractebel, à l’époque de l’ex-premier ministre Dehaene dans les années ’90. Dans l’affaire Chodiev, « on risquait la prescription et le délai raisonnable, l’avocat général avec qui je négociais le savait et a lui-même évoqué la transaction, sachant que la loi était sur le point d’évoluer », précisé l’ex-sénateur. Selon lui, la loi répond à une demande de la justice qui se targue d’avoir engendré des transactions pénales s’élevant jusqu’à 500 millions d’euros en 2014. M. De Decker nie toute pression de l’ex-président Sarkozy. « J’en ai marre d’être une victime collatérale de journalistes français qui cherchent à nuire à M. Sarkozy. Ils ne savent pas que j’ai été pendant huit ans le gardien de la déontologie du Sénat en y exerçant la présidence », se défend-il. Selon lui, on lui cherche des noises car il a exercé comme parlementaire et comme avocat. Mais d’autres l’ont fait, comme Herman De Croo ou Roger Lalemand, qui a présidé la Commission de la Justice du Sénat, rappelle-t-il. Les juges français réclament à présent la levée d’immunité d’un sénateur sarkozyste, Aymeri de Montesquiou-Fezensac d’Artagnan, ex-représentant du président français en Asie centrale. C’est cet élément d’information qui a conduit le Canard enchaîné à revenir sur ce dossier mercredi.

Contenu partenaire