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Accueillir un réfugié chez soi, un projet réaliste ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

En Flandre, un projet pilote est mis sur les rails pour accélérer l’accueil des réfugiés au sein de familles. En Wallonie et à Bruxelles, d’autres initiatives existent qui permettent aux citoyens belges de leur proposer un toit.

En Flandre, l’association Pleegzorg Vlaanderen veut soutenir le plus rapidement possible les familles qui désirent accueillir des personnes ayant obtenu le statut de réfugiés. En Wallonie et à Bruxelles, de telles initiatives sont aussi en discussion. Cependant, accueillir un réfugié chez soi doit se faire à la suite d’une longue démarche et réflexion.

Quand des réfugiés arrivent en Belgique et qu’ils sont reconnus comme tels après une procédure de demande d’asile, ils ont deux mois dans un centre d’accueil pour trouver un logement. Cette période est très courte, déclare Niels Heselmans porte-parole de l’association Pleegzorg Vlaanderen. C’est pourquoi l’organisation flamande a lancé ce weekend sa campagne « Geef de wereld een thuis » afin d’encourager les familles belges à se porter candidates pour accueillir des mineurs non accompagnés, des jeunes ou même des familles entières. Certains propriétaires sont invités à mettre à disposition l’entièreté ou une partie d’un bien inoccupé.

Trois jours seulement après le lancement de la campagne, 1000 familles se sont déjà fait connaître déclare Niels Heselmans. « L’enthousiasme est incroyable. Des familles veulent accueillir des réfugiés immédiatement, mais ce n’est pas l’objectif », explique-t-elle. L’organisation insiste sur le fait que les familles d’accueil doivent être bien conscientes que de nombreux réfugiés ont vécu des traumatismes et qu’ils ont besoin de temps et d’espace pour les digérer.

Pour le moment, le projet pilote est encore en élaboration et sera précisé à la mi-septembre. Cette initiative a reçu l’accord de l’Agentschap Jongerenwelzijn et du ministre flamand Jo Vandeurzen (CD&V) la semaine passée. Pleegzorg Vlaanderen planchera sur la mise place en collaboration avec les autorités d’une procédure afin d’évaluer les motivations des familles candidates en collaboration avec des assistants sociaux, des psychologies et des pédagogues. L’ASBL plaide aussi pour que les mineurs non accompagnés soient plus rapidement redirigés vers les services d’Aides à la Jeunesse disponibles.

Accueillir, oui, mais quelques jours seulement

En Wallonie et à Bruxelles, de telles initiatives font aussi l’objet de réflexions. « Mais on est beaucoup moins avancé que la Flandre« , nous confie Malou Gay, co-directrice du CIRÉ (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers). « Côté francophone, un tel projet d’accueil est aussi en discussion. Un cadre légal doit être mis en place pour organiser l’accueil des réfugiés au sein de familles. Un arrêté royal doit encore être signé afin que les personnes accueillies et celles qui accueillent ne soient pas pénalisées et ne perdent leurs droits », poursuit-elle.

A l’heure actuelle, sans cadre ni soutien organisé permettant un accueil des demandeurs d’asile par des particuliers, le CIRÉ ne recommande d’ailleurs pas d’en accueillir chez soi. « Pour l’heure, vu l’état d’urgence actuel dans le parc Maximilien, nous conseillons aux citoyens d’offrir un toit aux réfugiés, mais seulement pour quelques jours, car sur le plus long terme, une telle prise en charge demande un accompagnement professionnel social, juridique, psychologique et administratif« . Et la co-directrice du CIRÉ d ‘insister: « Accueillir un réfugié au sein de son foyer doit se faire à la suite d’une longue réflexion. »

« On n’en parle pas assez, mais plus de 1000 mineurs d’âge, âgés de 9-10 ans arrivent seuls sur le territoire belge. Dans ce cas, ils peuvent être accueillis dans un foyer via les services d’Aide à la Jeunesse. C’est un projet important qui peut alors se faire sur la durée », fait remarquer Malou Gay. « L’aide aux réfugiés peut aussi s’exprimer de manière locale en interpelant le bourgmestre de sa commune sur la création de places d’accueil supplémentaires ou en montrant sa solidarité via, par exemple, la campagne #Refugees Welcome, ou simplement en allant à la rencontre des réfugiés, sur place« , conclut-elle.

L’accueil de réfugiés en pratique (liste non exhaustive)

Toutes les informations sur le site du CIRÉ

avec, entre autres, les associations Convivial: Devenez propriétaires malins et Caritas

Cliquez sur ce lien pour l’accueil des mineurs d’âge ou sur http://www.plaf.be/

Lire aussi notre article: « Est-il possible d’accueillir un migrant chez soi? »

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