Manifestation à Bruxelles le 21 mars 2017 © Belga

Accord salarial: « J’espère que les politiques vont y réfléchir à tête reposée »

Tex Van berlaer
Tex Van berlaer Collaborateur Knack.be

L’accord salarial entre employeurs et employés continue à faire des vagues. Le volet sur les prépensions a déclenché la fureur de l’Open VLD et de la N-VA. Par contre, le MR et le CD&V sont satisfaits. Aussi cet accord est-il électoralement dangereux pour l’Open VLD et la N-VA « , déclare l’économiste du travail Stijn Baert (Université de Gand).

« Nous disons tous que nous devons travailler plus longtemps – les employeurs en tête. Et maintenant ça. » Stijn Baert n’est guère enthousiaste à propos de l’accord salarial entre les partenaires sociaux. Après une réunion marathon, cet organe consultatif, le Groupe des dix, a trouvé, selon ses propres termes, un « accord équilibré ».

Ainsi, les salaires pourront augmenter de 1,1 % par rapport à l’index. En outre, les transports publics seront davantage remboursés aux salariés.

Cependant, la moitié du monde politique bute sur un élément de l’accord : le maintien temporaire de la retraite anticipée (officiellement : le chômage avec complément d’entreprise) pour les salariés âgés de 58 ans. Pour les entreprises en difficulté et en restructuration, l’âge de la retraite anticipée sera porté de 56 à 58 ans en 2019, puis à 59 ans en 2020.

Ce délai est en contradiction avec l’élimination progressive de la pension de transition prévue par le gouvernement Michel dans l’accord de travail. La limite d’âge passerait à 59 ans cette année et à 60 ans à partir de 2020.

L’accord du Groupe des dix mentionne également une suppression progressive. L’accord revêt donc une grande signification symbolique, dit Baert. « Même si, dans les années à venir, il ne concernera que quelques centaines de salariés qui auront recours à ce régime, ce sont quelques centaines de trop. C’est important en cette période de pénurie de main-d’oeuvre et de vieillissement de la population. »

Baert n’est pas tendre envers les employeurs. « Allez aux réceptions et aux activités électorales des organisations d’employeurs : vous entendrez qu’ils préconisent de travailler plus longtemps. » Cette mesure les rend un peu moins crédibles.

« Tout comme il y a deux ans, le chômage avec complément d’entreprise est considéré comme le lubrifiant pour parvenir à un accord social. C’est intéressant pour les employés, parce qu’ils peuvent quitter leurs fonctions. Pour les employeurs tout autant, car c’est un moyen de sortir d’une restructuration. Au fond, c’est l’un des rares dossiers dans lequel ils se retrouvent. »

Dormir la nuit

Cependant, un coup d’oeil aux statistiques du travail montre que l’accord est problématique. « L’emploi des personnes âgées est très faible dans notre pays. Oui, il s’est légèrement amélioré ces dernières années, mais il faut faire davantage. »

La question est : que faire maintenant ? Le professeur Baert se montre prudent. « Je dois y réfléchir à tête reposée et j’espère que les politiciens en feront autant. Si le gouvernement supprimait le chômage avec complément d’entreprise de l’accord salarial, on menacerait de faire sauter la paix sociale. Cette paix sociale est la bienvenue, sachant que nous faisons face à une campagne électorale et à une période incertaine de négociations gouvernementales. »

En tout état de cause, le parti gouvernemental Open VLD ne semble pas avoir l’intention d’adopter une attitude accommodante. Et la N-VA est également furieuse. MR et CD&V, par l’intermédiaire du Premier ministre Charles Michel et du vice-premier ministre Kris Peeters, ont exprimé leur satisfaction. Cet accord est donc dangereux sur le plan électoral pour l’Open VLD et la N-VA », déclare Baert. « Leur ambition d’allonger la vie active en 2014 se retrouve assez peu dans le rapport ».

Baert : « Il n’y a pas eu d’accord sur la liste des professions lourdes. Ils n’étaient pas d’accord non plus sur le lien entre les salaires et l’ancienneté, ce qui rend les travailleurs plus âgés relativement chers. Le gouvernement aurait dû reprendre ces dossiers aux partenaires sociaux, mais il ne l’a pas fait. Ce gouvernement n’a tout simplement pas fait ce qu’il aurait dû faire. »

À long terme, il y a une solution en vue, estime Baert. « La consultation sociale est prête pour un changement de position. Le gouvernement ne devrait pas permettre au Groupe des dix de négocier dès le départ avec un programme ouvert, mais avec des conditions prédéterminées et des lignes directrices claires. »

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