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Abus sexuels : une « forme de camouflage d’une vérité établie » a parfois eu lieu

L’archevêque de Malines-Bruxelles André Léonard a renvoyé mercredi à la justice la question d’un dédommagement des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres, sauf pour le cas de l’abuseur lui-même ou « de son responsable ecclésiastique qui n’aurait pas pris les mesures pour empêcher la récidive ».

Les victimes, davantage qu’un quelconque dédommagement, réclament une reconnaissance morale et demandent surtout à être entendues, a-t-il affirmé devant la commission spéciale « abus sexuels », sur base des témoignages qu’il a recueillis personnellement ou via la commission Adriaenssens.

« C’est à l’autorité civile qu’il appartiendra de statuer », afin que la décision prise allie « un sens authentique de la solidarité avec une juste conception des responsabilités effectives », a-t-il ajouté.

Il a également reconnu qu’une « forme de camouflage d’une vérité établie » a parfois eu lieu jadis -« dans tous les milieux de la société, mais aussi, hélas, dans l’Eglise de notre pays ou d’ailleurs »- et confirmé sa « ferme volonté de jamais recourir » à un tel camouflage.

André Léonard a répété la demande de pardon des évêques aux victimes d’abus sexuels « pour l’agression subie et le traitement inadéquat de celle-ci », ainsi qu’aux proches de la victime et à la société pour les séquelles humaines engendrées par ces abus.

Tout comme le cardinal Danneels la veille, il a renvoyé la responsabilité du traitement des cas d’abus sexuels à chaque évêque ayant autorité sur le diocèse duquel ressortit l’abuseur. « L’archevêque de Malines-Bruxelles n’est en aucune manière celui de toute la Belgique », a-t-il commenté.

Il a annoncé la parution prochaine d’un code déontologique et d’un vade-mecum concernant l’attitude à adopter en cas d’abus par les acteurs pastoraux en contact avec les enfants et les jeunes.

Après la suppression de la commission Adriaenssens, « des petits groupes de personnes » ont été institués dans chaque diocèse pour entendre les plaignants qui le souhaitent, a souligné le président de la conférence épiscopale.

L’Eglise doit être « plus attentive que jamais à l’équilibre affectif des personnes qui se destinent à être prêtres » et veiller « plus que dans le passé à l’accompagnement des prêtres dans leur vie
sacerdotale », a-t-il ajouté.

Mais à ses yeux, cette vigilance accrue doit aussi toucher les familles, dans le cadre desquels ont lieu « la majorité des abus ». Cela se ferait via la préparation des jeunes au mariage et l’accompagnement pastoral des couples mariés.

André Léonard a par ailleurs critiqué la saisie par la justice des dossiers de la commission Adriaenssens, qui l’empêcherait aujourd’hui de prendre les mesures adéquates à l’égard de quatre prêtres retraités dont il ne peut compulser les dossiers.

Depuis qu’il est archevêque, André Léonard n’a eu à traiter personnellement aucun cas dans son diocèse. Mais il a longuement détaillé le cas d’un prêtre abuseur dont il a facilité -de manière encore imparfaite, reconnaît-il- la reconnaissance des forfaits face à sa victime.

C’est en pensant à ce cas, dit-il, qu’il a récemment donné une interview dont il reconnaît qu’elle a pu choquer certains, en suggérant d’épargner le jugement de la justice civile aux prêtres pédophiles âgés ou malades, « ce qui n’aurait aucun sens ».

Le Vif.be, avec Belga

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