Les prix élevés des logements et des terrains à bâtir poussent les jeunes ménages à s'installer dans des communes de plus en plus éloignées de leur pôle d'emploi bruxellois, de Luxembourg-ville ou même de Liège et de Namur. © istock

A quoi ressemblera la population des communes wallonnes dans 20 ans? (CARTES)

Quelles sont les perspectives de population et de ménages en Wallonie ? Le Centre de recherche en Démographie de l’UCL (DEMO-UCL) publie ses projections pour 2035. La population wallonne devrait croître de +8,3%, les évolutions selon les communes iront de plus +33% à -9%.

L’IWEPS (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique) a chargé le Centre de recherche en Démographie de l’UCL (DEMO-UCL) de mettre à jour les perspectives de population et de ménages en Wallonie pour les 20 prochaines années. On les connaissait jusqu’en 2012. Selon les conclusios de ce rapport, si les tendances démographiques en cours se maintiennent, la population wallonne devrait croître de +8,3%, les évolutions selon les communes iront de plus +33% à -9%. Les détails.

Entre 2015 et 2035, la quasi-totalité des communes wallonnes enregistreront une augmentation de leur population. La croissance attendue de la population ne fera que prolonger la tendance observée ces 15 dernières années.

Les zones les plus touchées par cette hausse démographique sont celles touchées par la périurbanisation. Il s’agit du processus d’étalement de l’urbanisation vers les terrains avoisinant les agglomérations. La périurbanisation crée des quartiers résidentiels de plus en plus éloignés des centres d’emploi. Ce sont principalement les prix élevés des logements et des terrains à bâtir qui poussent les jeunes ménages à s’installer dans des communes de plus en plus éloignées de leur pôle d’emploi bruxellois, de Luxembourg-ville ou même de Liège et de Namur.

Ce processus touchera dans les prochaines années, avec une ampleur variable, toutes les agglomérations urbaines. C’est au sud de Liège que ce phénomène sera le plus visible ainsi qu’au sud-est de Namur et au sud d’Aix-la-Chapelle pour les communes du nord de la Communauté germanophone.

Autour de Bruxelles, une série de communes de la Hesbaye, région correspondant à l’est du Brabant wallon et à l’arrondissement de Waremm, afficheront de fortes augmentations démographiques. D’autres communes proches de la capitale, situées dans l’ouest du Brabant wallon et au nord de la province du Hainaut , (autour d’Ath) connaîtront également une forte augmentation avec respectivement un taux de croissance de +10% et de +7%.

Au sud de la Wallonie, la population des communes de la province de Luxembourg continuera sa croissance (+10,4%) liée à sa proximité avec la métropole luxembourgeoise.

A quoi ressemblera la population des communes wallonnes dans 20 ans? (CARTES)
© IWEPS

Le rapport de l’UCL avance, par ailleurs, que les communes affichant de faibles taux de croissance, voire des taux légèrement négatifs se situent, pour une part, le long de la frontière française, pour une autre part, au sud de la Communauté germanophone dans des zones éloignées des grands centres pourvoyeurs d’emplois.

Cette croissance démographique résulte surtout de migrations internes. A l’échelon local, les migrations internes ont en effet un poids démographique sensiblement plus important que les naissances et les décès. De plus, le mouvement migratoire influence le mouvement naturel (les naissances moins les décès), puisque les migrations internes concernent en majorité des populations de jeunes adultes en âge d’avoir des enfants, comment le centre de recherche.

Les retraités près de la frontière française

Le rapport fournit aussi une idée de l’âge des personnes qui vivront dans les différentes communes wallonnes. En 2035, les habitants âgés de 65 ans et plus seront regroupés dans les zones limitrophes avec la France. Ces régions attirent cette tranche d’âge de la population pour leur cadre de vie bucolique. Les personnes plus âgées se retrouveront également principalement dans les communes du Hainaut et surtout à l’est de la Communauté germanophone. Ces trois zones présentent déjà un vieillissement important de leur population en 2015.

D’autres zones, et notamment celles périphériques aux grandes villes accueilleront aussi de nombreuses personnes de 65 ans et plus. C’est le cas du Brabant wallon, du sud de Liège et de Charleroi. Ces régions ont connu les premiers mouvements de la périurbanisation dans les années 1960 et de nombreuses personnes plus âgées y sont déjà installées.

Les perspectives communales du Centre de recherche en Démographie de l’UCL permettent également de mesurer le nombre de ménages de chaque commune de Wallonie dans les vingt prochaines années. Sans grande surprise, parallèlement à l’évolution future de leur population, la quasi-totalité des communes verront leur nombre de ménages augmenter entre 2015 et 2035. Cette multiplication de nouveaux ménages aura des conséquences sur la demande en logements et nécessitera une adaptation de leur offre afin de mieux répondre à l’évolution de leur taille. Des questions liées à l’aménagement du territoire wallon et à la gestion de la mobilité peuvent aussi être soulevées suite à l’analyse de ces statistiques.

Réduction des ménages à deux

Le rapport avance aussi que, ces dernières années, la composition des ménages en Wallonie a également sensiblement évolué. Ce phénomène résulte du nombre de plus en plus élevé de personnes isolées, mais également de ménages de deux personnes. Ceci aboutit à une diminution de la taille moyenne des ménages privés en Wallonie, qui atteint 2,31 personnes en 2015. Le nombre de ménages de plus de deux personnes est resté stable jusqu’en 1994, quel que soit leur type – trois, quatre ou cinq personnes et plus – avant d’enregistrer une diminution temporaire.

La réduction de la taille des ménages a deux causes majeures. D’une part, le vieillissement de la population favorise la croissance du nombre de ménages de deux personnes, lesquels se transforment en ménage d’isolés, suite au décès de l’un des deux conjoints. D’autre part, de « nouvelles » formes de ménages – les familles monoparentales ou encore les personnes séparées vivant seules – se sont développées, suite notamment à l’augmentation des divorces et des séparations. En 2035, les perspectives de ménages donnent une taille moyenne des ménages privés de 2,26 habitants.

A quoi ressemblera la population des communes wallonnes dans 20 ans? (CARTES)
© IWEPS

=> Voir la synthèse des résultats par province et arrondissement pour la Wallonie

METHODOLOGIE

Ces projections communales répondent à la question suivante : quelles seront en 2035 le chiffre de la population et sa répartition par grand groupe d’âges et par taille de ménage si rien ne change par rapport à ce qui a été observé entre 2000 et 2015 ?

Les perspectives de population et de ménages développées ci-dessus reposent sur la méthode de projection « multi-états ». Cette méthode s’articule sur la distribution des individus selon un éventail d’états caractérisés par l’âge, le sexe et la situation de ménage, et calcule des probabilités de transition entre ces différents états sur la base de l’observation passée. A ces états, s’ajoutent les situations de naissance, de décès, d’immigration et d’émigration. Cette méthodologie a été développée en 2012 et mise en application par Luc Dal, Thierry Eggerickx et Jean-Paul Sanderson (Centre de recherche en Démographie de l’Université catholique de Louvain) et Michel Poulain (UCL). Les résultats présentés projettent les tendances observées ces quinze dernières années et correspondent au niveau régional aux perspectives de population du Bureau fédéral du Plan de mars 2016.

Il convient de rappeler que ces projections démographiques (comme d’ailleurs celles réalisées à l’échelle de pays ou de régions) n’ont pas pour objectif de « prédire », mais plutôt de tracer les grandes tendances futures

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