Le G1000, un sommet citoyen qui a réuni quelque 700 participants. © Tim Dirven/Id Photo Agency

À quoi a servi concrètement la plateforme citoyenne G1000 ?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Lancé en 2011, le G1000 n’a pas eu de conséquences sur les politiques concrètes menées en Belgique. Mais il a peut-être constitué un virage majeur dans la façon dont on conçoit la démocratie.

C’est une fameuse usine à gaz démocratique que le Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp) passe au crible dans son dernier Courrier hebdomadaire (1). Le 11 novembre 2011, un sommet citoyen d’une ampleur inédite est organisé dans une salle de Tour & Taxis, à Bruxelles. C’est le clou d’un vaste processus  » d’innovation démocratique  » lancé à l’initiative de l’écrivain flamand David Van Reybrouck, dont la réputation a explosé avec son essai Congo, une histoire (Actes Sud, 2010). Le projet, baptisé G1000, devait rassembler mille citoyens, mais ils ne sont finalement  » que  » 704 à débattre ce vendredi-là. Au menu, trois thèmes choisis via une consultation publique : la sécurité sociale, la distribution de la richesse en temps de crise et l’immigration.

 » C’est la plus grande initiative citoyenne de démocratie délibérative organisée, à ce jour, en Belgique « , rappellent les six auteurs du Crisp, qui ont accompagné le processus pour l’analyser de l’intérieur. L’époque, précisent-ils, était propice à une telle entreprise, organisée spontanément, sans soutien public : le pays était bloqué par une crise politique qui aura duré plus de 500 jours.  » Une crise de la démocratie représentative « , estimait alors David Van Reybrouck, qui a puisé dans cette expérience les bases d’un essai remarqué, Contre les élections (Actes Sud, 2014).

Un impact mitigé

Le Crisp retrace toutes les étapes de ce sommet citoyen élaboré avec minutie. Il détaille son budget global, récolté essentiellement par crowdfunding : 448 953 euros, surtout consacrés à la logistique, la gestion et la communication. Il revient encore sur les recommandations des participants, précisées de façon plus formelle par un groupe resserré, le G32, un an plus tard : un cocktail d’idées étonnant, allant de la limitation des allocations de chômage dans le temps à la taxation des transactions financières. C’est le reflet d’une initiative qui visait avant tout à démontrer que les citoyens (tirés au sort) peuvent, à travers un processus délibératif, décadenasser la politique traditionnelle.

Opération réussie ? Le constat des six chercheurs est nuancé : l’impact du G1000 a été très réduit sur les politiques concrètes, notamment en raison de son manque de lien, voulu, avec les institutions. Ce flop s’explique, aussi, par la fin de la crise survenue en cours de processus, avec la nomination du gouvernement Di Rupo, le 6 décembre 2011. Par contre, cette action a changé la vision de la politique.  » Plusieurs éléments indiquent que le G1000 a influencé un aspect central du débat public en Belgique : le renouvellement démocratique « , concluent les auteurs. Depuis, les initiatives citoyennes se multiplient et les partis ont intégré cette dimension dans leur programme. C’est déjà ça…

(1) Le G1000 : une expérience citoyenne de démocratie délibérative, Courrier hebdomadaire du Crisp n°2344-2345.

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