Gare de Namur © Belga Image

A Namur, les bus vont grimper sur les trains

La principale gare de Wallonie s’apprête à vivre un chantier à plus de 49 millions d’euros sur… son toit. Cette dalle désaffectée depuis des lustres devrait bientôt accueillir une autre gare, des bus cette fois. Mais l’enthousiasme ne déborde pas chez tous les habitants.

Par Mélanie Geelkens

Depuis le milieu de la décennie 1990, pas une année (ou presque) ne s’est écoulée sans qu’une nouvelle affectation ne soit imaginée pour la dalle de la gare de Namur. Mais ce no man’s land couvrant les lignes ferroviaires est resté désespérément vide. Même le projet de cinéma – pour lequel un permis avait pourtant été délivré – n’a pas été concrétisé, emporté par les difficultés financières, les réticences diverses et les coups bas de la concurrence. Cette fois, c’est la bonne, jurent en choeur les différentes parties prenantes : avec « la gare multimodale ». Le terme se veut élaboré, mais signifie plus prosaïquement que les toits de la SNCB devraient accueillir une nouvelle gare des bus TEC, en lieu et place de l’actuelle, située à un jet de pierre de là, square Léopold.

Les travaux pourraient débuter en avril 2015 et l’inauguration être organisée en juin 2018. Trois ans pour ériger un bâtiment de 5 000 mètres carrés tout de verre et d’acier, ainsi que pour aménager cet espace d’un peu plus de 11 000 mètres carrés. Sans oublier une rampe d’accès prenant la forme d’un « pont haubané » (comprenez : affublé de câbles assurant son maintien, pour éviter les pilasses au sol) et, le réaménagement du rond-point Léopold en place « conviviale » ainsi que celui, côté gare ferroviaire, de l’aile de Chiny comme nouveau point d’accès.

Dont coût : 49,25 millions d’euros répartis entre les différents partenaires. La Région wallonne subsidiera le plus gros morceau (41,2 millions), tandis que la Ville participera à hauteur de 1,8 million pour l’aménagement des voiries, que la SRWT dépensera 250 000 euros pour la mise en place de la gare provisoire et que la SNCB assumera les 6 millions restants, pour le travail en façade, l’accès Chiny et la voirie.

« Il y a aussi 5 millions d’euros que nous devons investir préalablement pour la construction d’un parking (en cours) de 480 places pour les navetteurs sur l’emplacement de l’ancien centre médical, ainsi que celle d’un by-pass routier pour fluidifier le carrefour Léopold« , pointe Georges Dupont, directeur-adjoint « stations » de la SNCB.

Souci : le dossier (16 pages) rendu par l’asbl Namur 2080, un collectif citoyen de réflexion sur l’aménagement du territoire présidé par le géographe et professeur Geoffrey Caruso, multiplie les arguments pour expliquer sa « forte opposition« . Absence de master plan pour la totalité des projets autour de la gare (notamment le centre commercial de 20 000 mètres carrés qui devrait s’installer square Léopold), un pont haubané qui ne s’intégrerait pas dans le paysage, des alternatives qui n’auraient pas été suffisamment étudiées, des coûts disproportionnés par rapport au bénéfice attendu, un manque de connexion avec le quartier de Bomel, une incitation à prendre la voiture à cause de la construction d’un parking…

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, dossier « Spécial Namur ». Avec :

– Les grandes familles namuroises d’hier et d’aujourd’hui : une histoire de clivages et de bourgeoisie bon teint

– Les lieux d’influence

– de Gaiffier d’Hestroy, Delforge, Bister, Materne, Zoude, Grafé : portraits de familles

– La saga de l’éco-quartier sur le plateau Bellevue, à Jambes

– Immobilier : l’état des lieux du marché

– L’investisseur privé au secours des pouvoirs publics

– La Cité des métiers sur le point d’émerger

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