Les autorités voudraient limiter l'usage de la voiture aux rings et couronnes routières. © HATIM KAGHAT POUR LE VIF/L'EXPRESS

À Charleroi, moins de voitures, plus de vélos

Le Vif

Après avoir développé son réseau de métro ces dernières années, Charleroi s’est dotée d’un ambitieux plan de mobilité qui devrait radicalement changer le visage de la ville. Parmi les priorités pour l’avenir, la cité carolo entend modérer l’usage de la voiture au profit d’autres moyens de transport… pour l’instant limités.

Avec 200 000 habitants, deux périphériques autoroutiers, 8 millions de passagers annuels qui traversent sa gare et presque autant pour son aéroport, Charleroi est une ville où la mobilité est un enjeu majeur. Un premier plan de mobilité lancé en 2003 a permis la mise en oeuvre et l’optimisation du métro puis, en 2015, la Ville s’est dotée d’un plan plus large dont les réalisations s’étendront sur les années à venir.  » Une fois les travaux du métro terminés, on s’est rendu compte qu’il fallait une vision plus globale, donc nous avons actualisé et décliné le plan de mobilité afin qu’il inclue davantage de modes de déplacement « , explique-t-on au service mobilité.

Après une phase de diagnostic, une série de mesures ont été lancées ou mises en projet afin que, dans le futur, la circulation en ville soit mieux organisée.  » L’idéal serait que l’hypercentre soit délesté des voitures qui ne sont pas nécessaires et que l’on utilise les différentes couronnes routières et les rings pour circuler en automobile « , précise la cellule mobilité.  » L’idée n’est pas d’exclure totalement les voitures mais de les modérer et de privilégier l’usage d’autres moyens de déplacement.  »

Au niveau des transports alternatifs, beaucoup de choses restent à faire. La Ville souhaite que le vélo prenne une part modale de 10 % en 2020. Plus de 75 000 citoyens habitent actuellement à moins de 15 minutes à vélo de la place Charles II, le deux-roues a donc une place à prendre au coeur de la cité carolo. Pour en stimuler l’usage, l’offre de stationnement des deux-roues a déjà été doublée et va encore être étoffée, alors qu’un comité technique analyse les priorités à mettre en place au niveau des voiries. Il est prévu, dans le futur, que le coeur de ville devienne un espace 100 % cyclable, et que les piétons comme les cyclistes puissent franchir en toute sécurité les portes d’accès à la ville. Actuellement, de grands axes routiers comme le R9 produisent un effet de coupure entre les quartiers et le centre-ville, ce qui devrait être résolu à l’avenir grâce à l’aménagement adéquat des trottoirs et voiries.

Ces zones les plus dangereuses seront modifiées en priorité, mais la politique cyclable ambitieuse de Charleroi entend s’étendre à tout le territoire de la ville, même là où les besoins sont moins importants.  » L’avantage est que notre plan de mobilité possède l’adhésion de tout le collège communal, chaque service le considère donc comme un point de départ à tout projet et tient compte des piétons et cyclistes lorsqu’il s’agit d’aménager un site « , souligne la cellule mobilité de la ville.

Le bus plutôt que le métro

Même si des efforts ont déjà été réalisés dans ce domaine, Charleroi ambitionne aussi de développer et améliorer son offre de transports en commun pour encore mieux desservir son centre. Comme un agrandissement supplémentaire du métro risquerait de lui faire perdre en régularité, les autorités prévoient plutôt le développement de bus à haut niveau de services (BHNS), essentiellement dans le sud de la ville.  » Il s’agit de bus aussi réguliers et efficaces que les métros grâce à un matériel roulant performant et des aménagements de voiries « , relève le service mobilité carolo.  » C’est la solution la plus pertinente, notamment parce qu’elle nécessite peu de travaux de génie civil.  »

L’amélioration des transports en commun à Charleroi passera aussi, dans les prochaines années, par la modernisation des trams, à laquelle est alloué un budget de plusieurs millions d’euros pour des remises à niveau techniques. La Ville souhaite encore obtenir les fonds nécessaires pour rénover les intérieurs et mettre en place un système d’information aux voyageurs ainsi qu’un équipement wi-fi.

Pour parvenir à réduire le flux de voitures dans le centre, Charleroi prévoit d’y réorganiser la circulation, notamment via la coupure de certains axes comme le boulevard Tirou. Une nouvelle politique de stationnement payant a également été mise en place pour augmenter l’attractivité du centre-ville et encourager l’utilisation de transports alternatifs. Les tarifs ont été revus selon les zones et les contrôles renforcés. Quant aux recettes de cette politique de stationnement différenciée, elles seront directement mises à profit pour cofinancer les nombreuses mesures du plan de mobilité.

Par Marie-Eve Rebts.

Sus aux camions dans le centre

Mis en place il y a tout juste un an, le centre de distribution urbain CityDepot était une première en Wallonie et est voué à jouer un rôle clé au niveau de la future mobilité de Charleroi. Il s’agit d’un entrepôt de plus de 2 000 m2 stratégiquement implanté à l’entrée de la ville, près des axes de transport. Celui-ci permet de réduire drastiquement la présence des poids lourds dans le centre en proposant une zone tampon où sont déchargées et stockées momentanément les marchandises. Des véhicules plus légers, comme des camionnettes et des vélos électriques, prennent ensuite le relais pour les acheminer jusqu’à leur destination finale. Pour l’instant, la présence de ce Centre de distribution urbain a eu un impact limité, mais les mesures de circulation prévues prochainement dans le centre-ville poussent les commerçants à s’y intéresser de plus en plus. Le concept devrait donc se développer dans les prochaines années, et peut-être à terme, intégrer un service de first mile. En plus de livrer les commerces, les véhicules ne reviendraient plus à vide à l’entrepôt mais embarqueraient par exemple les déchets des magasins.

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