En 1946, le militant nationaliste flamand August Borms finira devant le peloton d'exécution pour collaboration avec les nazis. © BELGAIMAGE © BELGAIMAGE

9 décembre 1928 : l’impossible élection du collabo flamand August Borms

C’est un triomphe ! De très loin, August Borms devance son rival libéral. Avec ses 83 058 voix, la voie vers la Chambre lui est assurée. A tout le moins en théorie. Car dans les faits, c’est autre chose.

De Bruges à Arlon, l’élection de Borms fait scandale. Le Parlement décide même de l’invalider. Il faut dire que l’heureux élu est l’un des personnages les plus controversés du Royaume…

L’homme est né en 1878. Formation plutôt classique : après des humanités gréco-latines, il se lance dans un doctorat en philologie germanique. Il rêve de devenir missionnaire ; il s’essaie finalement comme prof dans le secondaire. Mais très tôt, c’est par ses positions qu’il se distingue. Des positions flamingantes. En ce début de siècle, la Belgique officielle ne parle que le français. Borms, lui, plaide pour la  » néerlandisation  » de l’enseignement et de l’armée. Autant de points sur lesquels il n’est pas entendu.

Arrive la Première Guerre mondiale. Et cette idée : pourquoi ne pas réaliser avec les Allemands ce qu’il n’est pas possible de conquérir dans le cadre belge ? A savoir : obtenir la reconnaissance de droits pour les Flamands. Borms devient activiste. Et collabo. Un pari risqué. Qui lui qui coûte cher. Au lendemain du conflit, l’homme doit payer. En septembre 1919, il est condamné à mort par la cour d’assises du Brabant. La peine est finalement commuée en prison à vie. Pour la plupart des Belges, Borms est un traître à la patrie. Mais pour une minorité, il est plutôt un martyr. Et même un héros.

En 1921, on offre à Borms d’être libéré… à condition d’abandonner tout engagement politique. C’est trop lui demander ; le prisonnier préfère continuer le combat, quitte à rester au trou. C’est qu’il n’a rien perdu de son feu sacré ! Et encore moins de ses ambitions. En 1928, alors qu’un large débat traverse la classe politique sur l’amnistie des activistes, la mort d’un député libéral anversois provoque un scrutin intermédiaire dans la métropole portuaire. Gentlemans, catholiques et socialistes s’abstiennent de présenter un candidat – c’est la tradition. Borms n’a pas les mêmes moeurs. Il se présente sur une liste flamingante. Et gagne haut la main.

Indignation ! 83 000 voyous, 83 000 traîtres, 83 000 boches ont voté à Anvers. La presse n’a pas de mots assez forts pour qualifier l’événement. Dans les faits, les conséquences de celui-ci demeurent toutefois limitées : déchu de ses droits politiques, Borms ne peut siéger ; son élection est invalidée. Mais dans les esprits, le mouvement flamand vient de marquer des points. Il s’apprête à remporter d’autres victoires. Dès janvier 1929, une loi d’amnistie est votée. Quelques mois plus tard, les nationalistes flamands cartonnent aux législatives.

Quant à Borms, il est libéré. Mais la suite de son parcours ne s’annonce pas brillante. Durant la Seconde Guerre mondiale, il se montre à nouveau très coopérant avec l’occupant. En 1944, il quitte la Belgique pour l’Allemagne. A la suite d’un accident de la route, il devient invalide. Rapatrié, jugé, il est à nouveau condamné à mort. Le 12 avril 1946, il est exécuté.

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