Le 11 mai 1995, conférence de presse du Front national. De g. à dr. Roger Nols, Marguerite Bastien et Daniel Féret. © De Moor/Isopix

21 mai 1995 : Le FN, nouvelle star wallonne

Une marée brune ? Pas vraiment. Mais un signal fort. En ce dimanche électoral, le Front national parvient à séduire près de 100 000 citoyens au sud du pays. Ce qui lui permet, pour la première fois, d’obtenir un siège – et même deux ! – au parlement wallon.

En dix ans, le FN est définitivement parvenu à se faire un nom en Belgique. C’est en mai 1985 que Daniel Féret crée le Front national. Ce médecin bruxellois n’est pas novice en politique. En 1974, il s’est présenté aux élections législatives sur les listes du parti libéral. Par la suite, il s’est rapproché de l’un ou l’autre mouvement plus radical. A défaut de trouver ce qu’il cherche, il finit par créer son propre parti. Pour cela, il ne manque pas de s’inspirer d’une formation qui cartonne à l’étranger. Un an plus tôt, en 1984, un certain  » Front national  » s’est fait remarquer aux élections européennes françaises en recueillant 11 % des voix. Un véritable phénomène !

Mais Jean-Marie Le Pen ne s’est pas fait en un jour. Et Féret va devoir être patient. Aux législatives de 1985, son FN recueille 3 738 voix. Un début modeste. A l’époque, le Front ressemble moins à un véritable parti qu’à un cartel électoral, composé de diverses organisations extrémistes. Il n’empêche, une dynamique est née. Dès 1987, le parti séduit 7 596 Belges. En deux ans, il a doublé son score.

L’un des thèmes fétiches du FN, c’est l’immigration. Dans les années 1970, pour la première fois, voilà les politiques confrontés à cette question délicate. Sur fond de crise économique et de chômage, le gouvernement ouvre une réflexion sur le statut de l’immigré. Parallèlement, il s’engage à rapatrier les étrangers en situation irrégulière et à limiter l’immigration de main- d’oeuvre non qualifiée. Au sein de la population, certains applaudissent ces mesures. Mais d’autres les trouvent… insuffisantes.

En 1988, le FN obtient un siège de conseiller communal à Molenbeek. Deux ans plus tard, il envoie un représentant à la Chambre. Le FN se présente comme  » le seul parti patriotique et l’unique parti de droite de Belgique « . A relever : s’il est national, le Front est aussi européen !  » Les Belges d’abord « , proclame-t-il.  » Les Européens aussi « , s’empresse-t-il d’ajouter. Pour le FN, il y a deux types d’étrangers : ceux qui sont originaires du continent – qui sont les bienvenus en Belgique. Et les autres – qui ne le sont pas. Le discours porte : en mai 1995, le FN devient le cinquième parti de Wallonie. Alain Sadaune et Jacques Hubert en deviennent les porte-voix dans l’hémicycle namurois.

Si le FN va de victoire en victoire, il n’échappe pas pour autant aux ennuis judiciaires et autres polémiques. Certains élus choisissent de quitter le navire ; d’autres en sont exclus. En septembre 1995, la députée Marguerite Bastien crée carrément un second  » Front national  » – bientôt rebaptisé  » Front nouveau de Belgique « . Ces divisions affaiblissent l’extrême droite. A partir de 1999, le FN commence à connaître la défaite électorale. La vague brune n’aura pas eu lieu.

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