Paul Van Zeeland (assis, au centre) : un stratège à l'oeuvre dans la reconduction de son gouvernement. © photo news

14 juin 1936 : le gouvernement Van Zeeland II voit (enfin !) le jour

Tout semblait pourtant très simple. L’ensemble des acteurs concernés estimait que le maintien de Paul Van Zeeland au poste de Premier ministre était logique, et qu’une coalition d’union nationale relevait de l’évidence. Le roi lui-même souhaitait que la nouvelle majorité soit rapidement installée. Mais ce ne fut pas le cas.

Entre intrigues et coups de théâtre, la mise en place du gouvernement Van Zeeland II ressembla à un vrai feuilleton. Qui dura vingt jours. Pour l’époque, une éternité !

Les législatives du 24 mai 1936 font l’effet d’un coup de tonnerre. Rex, le parti à peine créé par Léon Degrelle, obtient 21 sièges. Autre nouveauté : avec 70 sièges, les socialistes deviennent la première force du Royaume. Que faire ? La traditionnelle alliance entre catholiques et libéraux n’est arithmétiquement pas possible. Une coalition entre socialistes et catholiques est politiquement compliquée. Et la montée au pouvoir de Rex n’est pas plus envisageable que celle des nationalistes flamands de la VNV. Conclusion : une grande tripartite s’impose. Tel est l’avis que partage la majorité des 32 personnalités consultées par Léopold III dans les jours qui suivent le scrutin.

Le nom de Van Zeeland fait consensus. Mais, invité à devenir formateur, l’homme de Soignies décline l’honneur.  » Veuillez-vous souvenir que je ne suis pas un homme politique « , justifie-t-il devant la presse.  » J’ai fait ma part ; à d’autres de faire la leur.  » Vraie excuse ? Faux prétexte ! Van Zeeland est un stratège : il préfère qu’un socialiste soit désigné – et se plante royalement – avant de pouvoir entrer en scène.

Le roi n’a pas le choix. Le 2 juin, il convoque Emile Vandervelde, le président du Parti ouvrier belge. Subtilité : il ne lui demande pas de former un gouvernement, mais de s’informer des conditions dans lesquelles une large coalition pourrait voir le jour. La mission est mise par écrit : l’homme de 70 ans est malentendant. Mais il ne manque pas d’ambitions. Lui, Premier ministre ? Il en rêve. Le 5 juin, il invite le roi à lui faire confiance. Léopold III est pris à son propre jeu. Il nomme Vandervelde formateur.

Alors que le Front populaire vient de se mettre en place en France et que l’agitation sociale gagne la Belgique, catholiques et libéraux commencent à s’impatienter.  » Il faut, en ce moment particulièrement difficile, un gouvernement le plus strictement national, présidé par une personnalité apolitique « , envoie La Libre Belgique. Vandervelde n’est plus persona grata. Déchargé de sa mission, il est remplacé par Van Zeeland.

Reste le problème des portefeuilles. Les socialistes en exigent six et mettent une exclusive sur l’un des catholiques pressentis. Insupportable ! Excédé, Van Zeeland démissionne. Le 11, le roi intervient à nouveau : il reçoit deux représentants de chaque parti. Et les place devant leurs responsabilités. La manoeuvre fait son petit effet. Le 13, dès 7 h 30, Van Zeeland est à son bureau de la rue de la Loi. Dernières rencontres, ultimes arbitrages. En soirée, la liste est établie. Le lendemain, le nouveau gouvernement peut prêter serment.

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