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Une crise financière due au déclin du diesel ?

L’évolution du marché de l’automobile ressemble à un curieux retour en arrière, avant le début de l’avènement de la voiture diesel dans les années 1980 et même avant la révolution de la Ford T, quand la voiture électrique dominait le secteur. Ce virage à 180 degrés pose de nombreux défis, y compris sur le marché de l’occasion.

La fédération allemande des concessionnaires ZDK soulignait cet été que près de 300 000 véhicules diesel Euro 5 (produits entre 2009 et 2015) peinent à trouver acquéreur en raison de leur probable interdiction dans plusieurs grandes villes allemandes dès 2018. Face à ce stock d’invendus, 77,2 % des concessionnaires ont affirmé avoir baissé les prix. Au Royaume-Uni, la valeur résiduelle d’une occasion récente (deux ans et demi) est passée de 61 % à 57 % entre 2014 et 2017 selon Glass’s, notamment sous l’influence du diesel.

Une évolution inquiétante pour les sociétés de leasing (et bras financiers des constructeurs) dont le modèle d’affaires repose sur la valeur de revente.  » Le secteur du leasing est demandeur d’une plus grande mixité des motorisations présentes en flottes  » afin de mieux répartir  » le risque inhérent à la valeur résiduelle « , explique ainsi Traxio, fédération belge de la filière automobile. Jusqu’à présent, les loyers mensuels pour des voitures électriques ou hybrides étaient plus chers que pour le diesel en raison de la difficulté d’estimer la valeur de revente, poursuit Traxio. Cette incertitude plane désormais sur le diesel. Stuart Pearson, analyste chez BNP Paribas, redoute un impact sur les ventes de voitures neuves, les leasings devenant plus chers alors que les propriétaires obtiennent des valeurs de revente moindres.

Du côté de Morgan Stanley, on évoque même le spectre d’une crise financière. Les analystes épinglent notamment que 82 % des voitures neuves sont acquises au Royaume-Uni via des financements à risques (PCP), que le crédit auto subprime (emprunteur à risque) s’est fortement développé aux Etats-Unis. Adam Jonas estime par ailleurs que le prix des voitures d’occasion chutera de 25 % à 50 % entre 2017 et 2021 aux Etats-Unis sous l’effet d’une offre excédentaire et de l’évolution technologique – voitures électriques, autonomes et partagées. La baisse des valeurs résiduelles a d’ores et déjà contraint Ford à un avertissement sur résultats et a acculé le loueur Hertz, en grande difficulté financière.

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