La voiture du futur selon Renault : EZ-GO Concept. © PG

Quelle sera la voiture du futur?

Si ces 20 dernières années ont marqué l’ère du smartphone, les 20 prochaines seront placées sous le signe de la voiture intelligente. Cette voiture que nous aimons tant constitue en effet le moteur de l’évolution dans le domaine des technologies de la mobilité. Et ce ne seront pas BMW ou Toyota qui en seront aux commandes mais bien Google et Samsung.

Avis à tous ceux qui n’ont pas leur permis de conduire : encore un peu de patience, la délivrance est proche. La voiture autonome n’est plus un fantasme de science-fiction. Toutes les grandes marques automobiles l’expérimentent actuellement. Mais ces géants des nouvelles technologies que sont Google et Apple possèdent certainement une longueur d’avance. Pour le développement de ses voitures autonomes, Google a créé une entité dédiée et baptisée Waymo. Et selon les initiés, Apple collabore avec BMW pour concevoir une voiture entièrement automatisée. Des partenariats encore plus étonnants existent sans aucun doute entre des marques automobiles et des entreprises technologiques. Verrons-nous bientôt apparaître une Toyota powered by Samsung et une Mercedes signée Deutsche Telekom ?

La voiture est devenue la nouvelle plate-forme de l’évolution technologique. Maintenant que les marchés de l’ordinateur personnel et du smartphone arrivent à saturation, les brillants esprits de la Silicon Valley recherchent une nouvelle vache à lait. Et selon l’influent magazine économique américain Forbes, pas moins de 1.700 entreprises IT sont prêtes à infiltrer l’industrie automobile avec des technologies disruptives. L’avenir s’annonce passionnant !

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Caméras et capteurs

Parquer son véhicule sans les mains, c’est déjà possible. Mais la voiture du futur réserve bien d’autres surprises. Sur quasiment tous les prototypes de voiture intelligente, le tableau de bord est remplacé par des écrans (tactiles). Le volant n’est plus nécessaire. La plupart des opérations s’effectuent via des commandes vocales. Présenté en début d’année au CES, le grand salon technologique de Las Vegas, le Samsung Cockpit 2019 est composé de plusieurs écrans et se contrôle via un assistant digital comparable au service Alexa d’Amazon. L’Automotive Cockpit Platform de son concurrent Qualcomm, autre vedette du CES, intègre en plus d’Alexa des services digitaux comme Amazon Prime Music et Amazon Prime Video. Se déplacer en voiture sera donc plus facile mais aussi moins stressant. Grâce au Intelligent Personal Assistant de BMW, il devrait être possible d’effectuer un trajet en voiture en parfaite décontraction, avec même un éclairage d’ambiance adapté et de confortables fauteuils. Et en associant la voiture du futur à votre système domotique, vous pourrez même, lors de votre trajet, faire couler votre bain ou préchauffer le four. BMW envisage d’aménager certains de ses modèles comme une véritable pièce de vie avec une banquette arrière transformée en divan.

La voiture de demain surveille la route à l’aide de caméras et de capteurs. La caméra la plus visible est celle logée sur le toit du véhicule. Elle fait appel à la technologie LIDAR (Light Detection and Ranging ou Laser Detection and Ranging) afin de mesurer la distance entre deux objets et de détecter d’éventuels obstacles. Une autre caméra scrute à travers le pare-brise d’éventuels dangers sur la route, comme par exemple la présence de piétons et de cyclistes, et voit également les panneaux indicateurs et les feux lumineux. Un capteur intégré au bouclier avant et au bouclier arrière avertit le conducteur si d’autres véhicules se rapprochent dangereusement, tout en lui permettant aussi de se parquer plus aisément. La communication avec les autres véhicules est assurée par le réseau 5G, qui a succédé à l’actuelle norme 4G pour l’Internet mobile. Samsung, Qualcomm et d’autres acteurs du secteur considèrent la 5G comme un  » filet de sécurité digital  » pour la voiture. Ford a annoncé qu’en 2022, tous ses nouveaux véhicules seront équipés de la technologie 5G de Qualcomm. Récemment, la Corée du Sud est devenue le premier pays au monde à l’adopter. D’autres suivront.

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Réduire les riques

Tout cela est bien beau. Mais avons-nous vraiment envie de délaisser notre volant ? Les marques automobiles sont conscientes que les conducteurs tiennent à leur statut et cherchent, dès lors, des formules pour introduire progressivement le concept de la voiture autonome. Avec son nouveau système Guardian Driver-Assist, Toyota tend vers une combinaison entre conduite autonome et contrôle humain. Ce système Guardian ne prend pas le contrôle du volant mais assiste le conducteur. Il ressort d’une enquête menée par l’institut américain Brookings, que quasiment 70% des conducteurs ne désirent pas partager la route avec des voitures autonomes. Et 59% d’entre eux ne sont pas convaincus que la voiture autonome s’avère plus sûre qu’une voiture dirigée manuellement. Sherif Marakby, CEO de Ford Autonomous Vehicles, s’est récemment exprimé sur le sujet :  » Le succès de la voiture autonome dépend non seulement de la technologie mais aussi de la confiance des utilisateurs.  »

Nous avons tendance à surestimer l’évolution technologique sur le court terme et à la sous-estimer sur le long terme.  » (Bill Gates)

Quelque 90% des accidents de la circulation sont imputables à des erreurs humaines. La voiture autonome ne pourra pas éviter tous les accidents mais elle peut réduire sensiblement les risques. Cependant, il est compréhensible que de nombreux conducteurs hésitent à confier leur sort à un ordinateur. Si un piéton traverse la route juste quand vous sortez d’un virage à 70 km/h, avez-vous l’assurance qu’il aura le réflexe de stopper le véhicule ou d’effectuer une manoeuvre d’évitement ? Le choix le plus rationnel pour cet ordinateur ne sera peut-être pas non plus celui d’effectuer une manoeuvre pour éviter le piéton. L’an dernier, l’organisme américain Insurance Institute for Highway Safety a fait savoir que le système de freinage automatique équipant des modèles Tesla, BMW, Mercedes et Volvo pouvait  » commettre des erreurs avec de possibles conséquences fatales sans intervention humaine « . Les adversaires de ces technologies préviennent même du risque de manipulation par des personnes mal intentionnées qui pourraient pirater le système afin de renverser des piétons. Le piratage automobile est d’ailleurs déjà une réalité : Fiat Chrysler a dû rappeler une série de Jeep Cherokee après l’observation que des intervenants externes pouvaient agir sur des fonctions gérant l’activation des essuie-glaces ou l’utilisation de la radio.

Pas pour demain

Malgré les énormes progrès réalisés dans le domaine, la voiture autonome n’est pas encore totalement pour demain. Les capteurs et les caméras sont sensibles aux rayons trop forts du soleil et aux conditions météo extrêmes. La tâche s’annonce aussi immense pour adapter à la reconnaissance électronique tous les axes de circulation et les panneaux. Et que se passera-t-il si un panneau a été maquillé ? L’oeil humain est capable d’identifier l’oeuvre d’un petit plaisantin. Il n’est pas certain qu’un ordinateur pourra faire de même.

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Par ailleurs, les voitures autonomes ne sont pas encore en mesure de contrôler le comportement des voitures qui ne sont pas autonomes. La technologie est loin d’être infaillible. Si l’on nous promet le paradis avec la 5G, même les plus grandes entreprises technologiques doivent encore composer avec des pannes occasionnelles au niveau de leurs infrastructures et des connexions Internet. Imaginez-vous ce qu’il se passerait si, en pleine heure de pointe, 10.000 voitures s’arrêtaient brutalement (ou devenaient incontrôlables) parce que la connexion Internet a été rompue ou qu’il faut redémarrer le système IT. La communication entre les véhicules pourrait se révéler aussi compliquée si toutes les voitures autonomes n’utilisent pas la même plate-forme IT. Une éventualité inacceptable sur autoroute où même un léger dysfonctionnement peut avoir des conséquences fatales.

Les constructeurs automobiles et les entreprises technologiques doivent encore relever de nombreux défis techniques et humains. Le plus grand étant notre propre comportement, le plus souvent imprévisible. Puisqu’il est impossible de contrôler quand un conducteur sans permis va se retrouver sur l’autoroute, nous reprendrons une réflexion de Bill Gates :  » Nous avons tendance à surestimer l’évolution technologique sur le court terme et à sous-estimer cette même évolution sur le long terme « . Rappelons à cet égard l’histoire du GSM : au départ, il s’agissait d’un objet assez basique avec lequel on pouvait téléphoner. Et encore. Aujourd’hui, un smartphone peut quasiment tout faire.

Les 5 étapes

La technologie des voitures autonomes se qualifie suivant 5 niveaux :

Niveau 1 : La voiture est capable d’assumer certaines tâches élémentaires à la place du conducteur, comme changer de vitesse ou se parquer.

Niveau 2 : La voiture peut changer de voie de circulation et maintenir sa vitesse de manière autonome grâce à un régulateur de vitesse évolué mais elle doit toujours obéir au conducteur.

Niveau 3 : La voiture peut circuler de manière autonome mais elle est assistée par un conducteur humain qui peut à tout instant reprendre le contrôle.

Niveau 4 : La voiture circule de manière totalement autonome mais, à son bord, un conducteur de chair et d’os peut intervenir en cas de conditions météo extrêmes ou si le revêtement est dans un très mauvais état.

Niveau 5 : La voiture fonctionne de manière totalement indépendante sans la moindre intervention humaine.

BART VANDORMAEL

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