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Nouveautés technologiques : Ange gardien électronique

Etudier la structure des véhicules afin de protéger les passagers est crucial et impératif. Mais éviter tout impact, c’est bien davantage.

La sécurité passive ou comment réduire au maximum les conséquences d’un accident, a connu une progression fulgurante ces dernières années. A cet effet, il suffit de comparer un « crash-test » avec une voiture ancienne et celui réalisé avec un véhicule actuel. Là où l’habitacle de l’ancien véhicule s’écrase de manière apocalyptique, la voiture moderne conserve une cellule de survie quasiment intacte.

Un cocon protecteur Les véhicules les plus perfectionnés s’avèrent dorénavant capables d’anticiper tout impact. Grâce à un radar placé dans la calandre, la voiture réagit quelques instants avant l’inévitable accident. Ainsi, le programme « Pre-Safe » de Mercedes se charge, par exemple, de fermer les fenêtres et le toit ouvrant, de resserrer au maximum les ceintures, de redresser les sièges dans la position la plus sûre pour les occupants mais également de freiner au maximum pour réduire la vitesse d’impact. Ce système pourrait évoluer sur les prochains modèles. Les ingénieurs allemands envisagent, par exemple, d’équiper leurs véhicules d’une structure métallique gonflable. En cas d’accident, un dispositif envoyant du gaz sous pression (entre 10 et 20 bars) entraîne le déploiement de la structure transformant ainsi certaines parties du véhicule en « coussin d’air » géant, cocon protecteur absorbant une partie de l’énergie provoquée par le choc. Pour diminuer les effets d’un choc latéral, les sièges pourront également être déplacés automatiquement de quelques centimètres vers l’intérieur juste avant l’impact. Autre piste de recherche, encore plus étonnante : un dispositif ralentisseur, sorte de coussin gonflable intégré au plancher, permettra de ralentir le véhicule juste avant la collision en frottant sur la chaussée !

Eviter l’impact Réduire l’impact, c’est bien. L’éviter totalement, c’est encore mieux ! D’après les études du laboratoire d’accidentologie, de biomécanique et d’étude du comportement humain créé conjointement par Renault et le groupe PSA (Peugeot-Citroën), sur les 14 000 accidents répertoriés depuis 1969, c’est une défaillance humaine qui est à l’origine du sinistre dans 80 % des cas. Même si la conduite s’en trouve de plus en plus déresponsabilisée, les constructeurs s’attèlent dès lors à concevoir des assistances électroniques palliant aux « limites » de l’être humain. Certaines sont aujourd’hui courantes et intégrées comme l’ABS (antiblocage des roues) et l’ESP (système de stabilité électronique). D’autres, plus perfectionnées, se démocratisent progressivement comme le radar couplé au régulateur de vitesse permettant de conserver une distance de sécurité constante avec la voiture précédente ou l’assistance au maintien de cap. Grâce à des caméras captant les marquages routiers, le véhicule corrige automatiquement sa trajectoire.

Et si, à force d’être assisté, le conducteur s’endort devant son volant, un système antisomnolence lui suggérera d’effectuer une petite halte… A l’origine complexe et coûteux (une caméra braquée sur le conducteur estimait son niveau d’éveil), cet assistant se généralise progressivement. Aujourd’hui, il analyse le type de conduite (brusques mouvements du volant) ainsi que quelques indices comme par exemple l’ouverture régulière des fenêtres, la diminution progressive de la température de la climatisation ou, à l’inverse, l’augmentation du volume de la radio.

Rayon lumineux Autre domaine primordial qui mobilise les constructeurs : l’éclairage. Ainsi, les électrodes luminescentes (led) équipent progressivement tous les phares (position, croisement et route). En plus de réduire la consommation électrique et de ne nécessiter aucun changement d’ampoules durant la vie du véhicule, cette technique offre une luminosité proche de celle de la lumière du jour et fatigue donc d’autant moins les yeux du conducteur. L’innovation la plus marquante réside toutefois dans la gestion « intelligente » des phares. Sur les véhicules haut de gamme, le système de navigation indique, par exemple, l’approche imminente d’un carrefour. A la nuit tombée, la voiture use de son éclairage d’intersection (le rayon lumineux s’étale davantage) pour offrir une meilleure visibilité sur les routes adjacentes.

Par ailleurs, l’allumage automatique des phares se développe lui aussi. Certains constructeurs proposent ainsi un nouveau système – lorsque la luminosité est très faible – capable d’allumer de manière autonome les feux de route (« grands phares ») et ensuite de les éteindre rapidement lorsque l’on approche ou croise un autre véhicule. Les versions les plus évoluées fournies par l’équipementier Valeo, permettent même de conserver l’éclairage maximal fourni par les feux de route sans gêner le conducteur venant en face. Piloté par une caméra située au sommet du pare-brise, un volet mobile masque la source lumineuse dans les zones susceptibles d’éblouir les autres usagers. L’ombre ainsi projetée suit fidèlement le véhicule roulant en sens inverse. Testé sur un parcours sinueux, le système s’est révélé d’une efficacité stupéfiante ! Aucun automobiliste n’a, en tous les cas, manifesté son mécontentement !

Au secours des piétons Si la voiture peut avancer tout en maintenant automatiquement une distance de sécurité et en gardant par ailleurs une trajectoire idéale, l’automobile moderne est dorénavant capable de freiner toute seule en cas d’urgence. Pionnier dans le domaine, Volvo possède ainsi un dispositif capable d’éviter les collisions, à basse vitesse, avec d’autres voitures mais aussi avec des piétons. La voiture s’arrête alors en toute autonomie pour éviter l’impact (si la voiture évolue sous 35 km/h) ou, tout au moins, en diminuer les conséquences. Testée sur une piste d’essai, la technique s’est avéré très efficace. Encore anecdotique pour le moment, ce type de système de freinage automatique est appelé à équiper massivement les futures voitures électriques. Il est en effet impératif de trouver des solutions pour garantir la sécurité des piétons au moment où le parc automobile va devenir de plus en plus silencieux. Un problème pris très au sérieux par les autorités (et donc, aussi, par les constructeurs).

Intercommunication La prochaine révolution touche les liaisons via le réseau 3G (Internet à haut débit) lorsque celles-ci se généraliseront. Si la Commission européenne arrive à imposer une norme commune à tous les constructeurs, les usagers pourront partager des informations entre eux : signaler un accident ou la présence d’une voiture en panne, des ralentissements ou un bouchon.

Toutefois, malgré toutes ces innovations, l’automobile continuera d’être « mortelle »… Si actuellement, les accidents de la route constituent la 8e cause de mortalité à l’échelle mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé s’attend, malgré les efforts consentis par l’ensemble des constructeurs, à ce qu’ils atteignent la troisième place d’ici 2020. Ceci principalement à cause de l’augmentation du trafic routier dans les pays émergeants dont les préoccupations sécuritaires sont encore balbutiantes…

Jean-François Christiaens

Retrouvez l’intégralité de notre dossier auto dans le Vif Extra « Auto 2010, les musts du salon » du 8 octobre.

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