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La Ford Mustang, cette sportive populaire devenue un mythe sur roues

Jusqu’au 28 janvier, le musée bruxellois Autoworld met les voitures américaines à l’honneur. Celles des fifties et des sixties. L’occasion de se replonger dans l’histoire d’un mythe roulant: la Ford Mustang.

Son nom s’inspire du Mustang P-51, un avion de chasse américain. Et cette sportive a franchi l’Atlantique pour se poser chez nous comme une bombe ! Imaginez la scène. Nous sommes au milieu des années 1960, les routes européennes sont parsemées de quelques Citroën 2CV, Renault 4CV et autres Peugeot 404 asthmatiques. Leurs conducteurs ont à peine le temps de jeter un regard envieux sur cette Ford qui les double en trombe. Le temps d’un songe, ils s’imaginent, eux aussi, derrière le large volant tulipé de la Mustang, une oreille pointée vers le long capot sous lequel ronfle d’un pouls cadencé le gros V8 culbuté.

Beaucoup n’aspirent qu’à faire hennir de plaisir ces chevaux. Mais la plupart doivent se contenter de rêver. L’époque est ainsi faite : l’Américain voit la route en grand alors qu’en Europe, la petite voiture reste un bien de luxe. Il est vrai qu’à l’époque, l’Européen moyen se passe encore souvent de salle de bains. Le mode de vie américain enchante et la Mustang est une arme de séduction massive. Même Serge Gainsbourg lui dédiera une chanson. Pourtant, de l’autre côté de l’Atlantique, cette Ford est une voiture populaire…

Cheval gagnant !

La version Fastback est sans doute la carrosserie la plus emblématique.
La version Fastback est sans doute la carrosserie la plus emblématique.

On doit le concept de la Mustang à Lee Iacocca, promu directeur de la Ford Motor Company au début des années 1960. L’homme veut rajeunir la marque. Le cahier des charges du modèle évoque une sportive compacte, belle et puissante, mais facturée à prix serré : moins de 2.500 dollars de l’époque. Le but : séduire les jeunes conducteurs issus de la génération du baby-boom et détourner leurs yeux de ces petits roadsters anglais de toute façon trop chers pour eux. Pour contenir les budgets, Ford fait de la récup’ : sous sa belle robe, la Mustang cache des dessous modestes empruntés à la Falcon, une sage berline populaire de la marque.

C’est en avril 1964, au salon de New York, que Ford présente sa Mustang, soutenue par une campagne marketing savamment orchestrée. La recette prend immédiatement : la clientèle se rue sur celle qui va lancer la mode du pony car (en référence à son nom). Chez les concessionnaires, les bons de commande s’empilent. En rupture avec la classique berline de papa, la Mustang devient l’icône de la jeune génération. Et elle rend le plaisir automobile accessible à (presque) tous. Elle brise en effet les barrières sociales en étant bourgeoise et populaire à la fois. Mais le client qui se prend au jeu de la personnalisation doit toutefois casser sa tirelire au fil de l’interminable liste d’options, qui peut facilement faire doubler le prix de départ.

Cheval fou ?

Henry Ford devant sa Mustang, lors du lancement du modèle, en 1964.
Henry Ford devant sa Mustang, lors du lancement du modèle, en 1964.

Au pays de Procter & Gamble, on ne s’étonnera pas que la Mustang soit davantage un joli coup marketing qu’un bijou d’ingénierie. Le succès commercial fait oublier les premières critiques des journalistes spécialisés, peu éblouis par les qualités dynamiques de l’engin. C’est vrai que le squelette n’a rien d’athlétique : entre le flou de la direction, l’amortissement façon chewing-gum, le pont arrière sautillant et les quatre malheureux tambours d’origine peinant à freiner la bête, la conduite active tient du rodéo. Ce que ce cheval fou fait de mieux, c’est zébrer le bitume de longues traces de gommes noires à chaque démarrage. Car de muscle, la première Mustang ne manque pas. Certes, le moteur 2,8 litres à 6 cylindres d’entrée de gamme ne casse pas la baraque, mais le bloc V8 (de 4,2 ou 4,7 litres) développe jusqu’à 271 ch SAE. De quoi faire cabrer l’engin.

Fin 1964, en plus du classique coupé et du cabriolet, arrive la version Fastback à vitre arrière aplanie. Le sorcier Caroll Shelby se penche sur son cas, retravaillant moteur et châssis pour faire naître la fameuse Shelby GT 350, dont le moteur 4.7 V8 est poussé à 306 ch. La première Mustang conserve sa forme initiale jusqu’en 1966, avant d’être restylée et bodybuildée, perdant en grâce ce qu’elle gagne en muscles.

Née la même année que la minijupe, la Mustang faisait les yeux doux aux baby-boomers. Beaucoup de conducteurs européens ont rêvé de toucher ce volant...
Née la même année que la minijupe, la Mustang faisait les yeux doux aux baby-boomers. Beaucoup de conducteurs européens ont rêvé de toucher ce volant…

Dans sa forme originelle (1964/66), la Mustang s’est vendue à près de 1,3 million d’exemplaires. On en trouve donc encore facilement aujourd’hui et les tarifs restent raisonnables pour une voiture mythique. Les prix sont très variables, mais comptez environ 25.000 euros pour un exemplaire en bel état. La Mustang est globalement fiable mais il est difficile de trouver un modèle en état d’origine, la plupart ayant été bidouillés à maintes reprises. Inspectez donc bien l’historique.

Millésime 2018

Avec le temps, plusieurs générations de Mustang se sont succédé, avec des traits esthétiques parfois controversés. Mais la plastique de la dernière en date rend un bel hommage à son aïeule de 1964. Lancée chez nous en 2015, la Mustang actuelle s’offre un petit lifting pour l’an neuf. Le coup de bistouri n’a pas dénaturé le look tant apprécié du modèle : pour ce nouveau millésime, les changements se limitent à quelques subtilités, mais le regard devient néanmoins plus perçant, grâce aux nouvelles optiques à diodes led. La suspension a également été peaufinée, pour une meilleure tenue de route. La sportive américaine s’offre aussi un système multimédia connecté dernier cri et de nouvelles assistances à la conduite, comme un régulateur de vitesse actif ou un système de freinage automatique qui détecte aussi les piétons. Cette grosse américaine se soucie donc des usagers faibles…

Aujourd'hui, la Mustang est toujours là Elle nous revient même peaufinée pour le millésime 2018.
Aujourd’hui, la Mustang est toujours là Elle nous revient même peaufinée pour le millésime 2018.

Sous le capot de cette propulsion, le gros 5.0 V8 atmosphérique passe désormais de 422 à 450 ch. Par contre, le petit 2.3 turbo à 4 cylindres perd du muscle (de 317 à 290 ch), en partie à cause de la greffe d’un filtre à particules dans son échappement. Une nouvelle boîte automatique à 10 rapports est disponible sur les deux moteurs. Le petit 2.3 turbo a maintenant, lui aussi, droit à la fonction burn qui fait fumer les pneus au démarrage. Juste pour la frime. Plus intéressant, l’échappement actif permet d’ajuster le volume sonore du moteur à la situation, avec par exemple un mode Good Neighbour, qui veille à ne pas réveiller les voisins le matin pour préserver les bonnes relations dans le quartier.

De manière générale, cette Mustang 2018 reste un modèle très exotique et attachant, au comportement routier vivant et au caractère mécanique affirmé, surtout avec le moteur V8. Et cette sportive en offre beaucoup pour le prix : la version coupé 2.3 litres de 290 ch débute à 39.000 euros et le V8 de 450 ch démarre lui à 41.500 euros. Pour le cabriolet, ajoutez un supplément de 4.500 euros. Voilà un très bon rapport prix/plaisir/puissance, avec en prime, l’assurance de ne pas passer inaperçu. Le rêve américain semble aujourd’hui bien plus accessible que dans les sixties.

Par Olivier Maloteaux.

Parfum d’Amérique au musée Autoworld

Dans une belle scénographie, cette expo nous plonge dans l'âge d'or de l'automobile US.
Dans une belle scénographie, cette expo nous plonge dans l’âge d’or de l’automobile US.

Jusqu’au 28 janvier, la mezzanine du musée de l’automobile bruxellois Autoworld se transforme en petit bout d’Amérique d’après-guerre, avec l’exposition American Dream Cars & Bikes, the Golden Years. Une scénographie bien ficelée nous plonge dans l’âge d’or de l’automobile US. Le néon fait pétiller les enseignes et un air de rock’n roll nous tombe dans les oreilles. Une station-service d’époque s’érige au milieu de la pièce. Plus loin, les organisateurs ont recréé l’ambiance d’un drive-in. Sur les murs défilent en boucle les images de road movies et autres films d’époque où la voiture est reine, comme Gone in 60 seconds ou, bien sûr, Bullitt et son inoubliable poursuite opposant une Ford Mustang et une Dodge Charger. L’exposition comprend d’ailleurs une copie de la Mustang du film Bullitt. Une Dodge Charger est là aussi, de même que d’autres muscle cars, comme la Mustang GT 500 KR (pour King of the Road ! ) de 1968 ou la Plymouth Superbird de 1970, aux allures d’avion de chasse. Dans un coin, se niche aussi une réplique de la Ford Gran Torino 1975 de la série Starsky & Hutch. A ses côtés, une autre réplique : celle de la Harley Davidson du film Easy Rider, sorti en 1969.

Et les voitures des années 1960 partagent aussi la vedette avec leurs aînées, produites juste après la guerre. Des carrosses encore plus imposants, qui étirent leurs chromes sur largement plus de cinq mètres de long. Leurs couleurs vives chassent le gris des mornes années de guerre, tandis que leur calandre grillagée, façon coupe-frites géant, traduit leur besoin de croquer le bitume.

La Ford Mustang, cette sportive populaire devenue un mythe sur roues

Au total, le visiteur a sous les yeux plus de 55 belles voitures américaines, datant de 1949 à 1972. On retrouve bien sûr de nombreux modèles produits par les  » Big Three « , les trois grands constructeurs américains : General Motors, Ford et Chrysler. Mais l’exposition rend aussi hommage à des marques moins connues et aujourd’hui disparues, telles que Packard, Studebaker, Hudson ou encore Kaiser-Frazer. Une quinzaine d’Harley Davidson tapissent également le sol. Cette exposition nous offre donc un beau voyage dans le temps. Celui où l’automobile n’était pas juste un simple moyen de déplacement, mais bien un objet véhiculant tout un imaginaire.

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