En images: En France, un trésor automobile ignoré pendant 50 ans

Le Vif

C’était comme entrer « dans la chambre de Toutankhamon », raconte Matthieu Lamoure, directeur de la maison d’enchères Artcurial Motorcars, en se rappelant sa visite des dépendances de cette propriété.

Sous des tôles ou des amas de vieux journaux, mangées par la poussière et la saleté, quand ce n’est pas par le lierre ou que les herbes ne poussent pas directement à l’intérieur d’un habitacle, l’expert va de découverte en découverte.

« En arrivant sur la propriété, on est allé de surprise en surprise dans les dépendances et sous des abris en tôle ondulée accrochée à des piquets. C’était surréaliste, un vrai choc », dit-il.

Qualifiées de « graal automobile » par les experts, une légendaire Talbot Lago T26 de 1948 et une Ferrari 250 California de 1961 figurent dans le lot de voitures entreposées à l’abri des regards dans cette propriété de trois hectares.

Cette incroyable collection, retrouvée selon le jargon des spécialistes en état « sortie de grange » avec de gros travaux de rénovation en perspective, a été constituée par un passionné, Roger Baillon. Entrepreneur dans le transport de marchandises, il avait eu de son vivant l’ambition de sauver le patrimoine automobile d’avant-guerre et d’ouvrir un musée dans sa propriété.

16 millions d’euros au total

« L’homme est un collectionneur de la première heure. Il veut célébrer le génie automobile et achète une propriété pour construire un musée. Il se met alors à acheter en France, mais aussi en Europe, des modèles emblématiques », raconte Matthieu Lamoure. « Si aujourd’hui, les voitures de collection d’après-guerre s’arrachent lors des ventes aux enchères, cela n’a pas toujours été le cas. A l’époque, Roger Baillon sauve véritablement de la casse beaucoup de ces merveilles », ajoute-t-il.

Un revers de fortune met fin à son rêve. Comme un secret de famille, sa collection reste inconnue pendant des dizaines d’années, et même après sa mort au début des années 2000. Le décès récent du fils du collectionneur a conduit ses héritiers à contacter la maison Artcurial.

« Quand on nous a parlé la première fois de cette collection avec une Ferrari 250 California, parmi les plus beaux cabriolets de la seconde moitié du XXe siècle, on n’y croyait pas un instant. Ces Ferrari sont habituellement répertoriées et il paraissait impossible qu’un modèle ait disparu », raconte Matthieu Lamoure.

L’une des trois seules Maserati A6G Gran Sport de 1956 a été ainsi retrouvée. Tout comme une Ferrari 250 California ayant appartenu un temps à l’acteur Alain Delon, exhumée sous un amoncellement de vieux magazines qui la recouvrait entièrement.

« Estimée entre 9 et 12 millions d’euros, ce cabriolet dessiné par Pininfarina a été construit à 52 exemplaires et perdu de vue par tous les historiens de la marque », souligne la maison Artcurial.

Estimés 16 millions d’euros au total, ces véhicules de légende, la plupart dignes d’un musée et signées des carrossiers les plus illustres dont Chapron et Million-Guiet, seront dispersés par Artcurial le 6 février lors d’une vente aux enchères à Paris.

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