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Automobile: 20 ans après, Renault relance les sportives Alpine

Le Vif

Après 20 ans de sommeil, le constructeur automobile français Renault va relancer mardi Alpine, mythique marque de voitures sportives, espérant de sa future « berlinette du XXIe siècle » de belles retombées en terme d’image.

« Alpine est de retour »: à l’issue d’une campagne sur les réseaux sociaux, le PDG du groupe au losange Carlos Ghosn doit officialiser lors d’une conférence de presse dans l’après-midi à Monaco ce que les aficionados des bombinettes bleues n’osaient plus espérer.

Le dirigeant de Renault devrait montrer aux journalistes un modèle précisant le style de cette voiture dont la version définitive attendra toutefois encore quelques mois, pour une commercialisation en 2017.

Les signes d’une renaissance de la marque Alpine, fondée en 1955, rachetée par Renault en 1973 et tombée dans les limbes en 1995, se sont multipliés depuis quatre ans.

En 2012, un « concept-car » Alpine avait été présenté en marge du Grand Prix de Monaco de Formule 1. Un autre, l’Alpine « Célébration » avait effectué sous les vivats un tour de piste en prologue des 24 Heures du Mans l’année dernière.

Il s’agissait d’une voiture aux lignes basses et fuyantes qui multipliait les clins d’oeil à la célèbre « berlinette » A110 championne du monde des rallyes en 1973.

Parmi les autres modèles emblématiques de série d’Alpine figurent l’A310 produite de 1971 à 1984 et la GTA/A610 (1984-1995), qui avait quitté le monde des sportives légères pour se rapprocher du grand tourisme, plus confortable et équipée de puissants moteurs V6.

Le projet du retour d’Alpine doit beaucoup à Carlos Tavares, ancien numéro deux de Renault passionné de sports mécaniques, qui est passé à la concurrence début 2014 en prenant la tête de l’autre grand constructeur français, PSA Peugeot Citroën.

Porsche en ligne de mire

Si des doutes s’étaient fait jour en 2014, la renaissance, annoncée de source syndicale en mai 2015, semble désormais acquise. Renault a nommé lundi un nouveau patron pour la marque, le Néerlandais Michael van der Sande, jusqu’alors directeur du marketing du groupe au losange et passé par des constructeurs de « niche » comme Aston Martin, Tesla et Rolls-Royce.

Renault n’a pas encore donné de détails techniques sur sa future sportive, surnommée la « berlinette du XXIe siècle ». Lors d’un entretien avec l’AFP en juin 2015, le PDG d’Alpine Bernard Ollivier avait évoqué une architecture à roues arrières motrices, « une plateforme spécifique » par rapport au reste de la gamme Renault.

Reste la question des perspectives commerciales d’un tel produit, alors que depuis la crise de 2008-2013, l’heure est plutôt à la rationalisation des gammes. Cependant, Renault n’a pas le couteau sous la gorge, puisqu’il a dégagé en 2015 presque trois milliards d’euros de bénéfice net.

Les concurrentes naturelles de celle que la presse spécialisée a déjà baptisée « A120 » sont les Porsche Cayman, Alfa Romeo 4C et Lotus Elise, qui se vendent entre 45.000 et 65.000 euros.

Les petites Porsche, auréolées de leur image de marque, restent « les leaders incontestés de la catégorie », observe Ian Fletcher, spécialiste du secteurautomobile chez IHS. Ces consultants ne voient pas Renault réussir à vendre plus de 1.300 Alpine par an à l’horizon 2018.

« L’Alfa 4C ne s’est écoulée qu’à 2.500 exemplaires dans le monde en 2015, y compris aux Etats-Unis » où Renault n’est pas présent, ajoute-t-il: « ça vous donne l’échelle du marché ».

Mais la nouvelle Alpine, vecteur d’image, peut aussi constituer selon M. Fletcher l’amorce d’une marque aux ambitions « premium ». « On parle déjà du potentiel d’un 4×4 urbain ou d’autres modèles, ce qui augmenterait la visibilité et donnerait à la marque des perspectives à long terme », note-t-il.

Pour Alpine, « commencer par une voiture de sport va générer beaucoup d’intérêt, sans doute pas beaucoup de bénéfices », résume M. Fletcher.

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