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Au travail avec mon ordi, sinon rien

Emporter son propre matériel informatique au bureau : cette tendance baptisée « Byod » pourrait doubler dans les deux ans. Et avec elle les problèmes de sécurité et de mélange entre vie privée et vie professionnelle. Les entreprises belges sont-elles parées ?

Mallette de son ordinateur portable en main, tablette coincée sous l’aisselle et smartphone collé à l’oreille : voilà l’image d’Epinal du « byodeur » arrivant au bureau. Ne cherchez pas ce mot dans le dictionnaire. L’acronyme anglo-saxon Byod, comme « bring your own device » (« apportez votre propre appareil »), désigne cette tendance qu’ont certains employés à utiliser leur matériel informatique personnel au boulot. Une tendance lourde qui ne fera que croître avec l’entrée progressive sur le marché du travail de la « Génération Y » et autres digital natives.

Lorsqu’on possède chez soi un joujou dernier cri, les PC vieillots et surprotégés de l’entreprise peuvent rebuter. Résultat : selon une enquête de la société Cisco, menée en avril, 71 % des travailleurs belges utilisent un appareil privé à des fins professionnelles. Plus d’un sur cinq (21 %) estime même que pouvoir travailler à distance constitue un droit et non un privilège, résultat supérieur à la moyenne des pays du nord de l’Europe concernés par l’enquête (17 %).

Parmi les employés qui disposent de cet accès à distance, 43 % assurent qu’ils travaillent une heure supplémentaire, voire deux à trois heures de plus pour 38 % d’entre eux. Tout bénéfice pour l’entreprise ? A nuancer.

Un sondage mené cette fois par la société de sécurité Trend Micro affirme que 57 % des entreprises installées en Belgique refusent les équipements privés sur le lieu de travail. Principales raisons invoquées : la sécurité informatique et le risque de mélange entre données privées et professionnelles.

Ces résultats contrastent avec ceux d’une autre enquête récente, cette fois d’Aruba Networks, selon laquelle 74 % des entreprises du Benelux auraient adopté le Byod. Ce serait le meilleur résultat derrière le Moyen-Orient (80 %), ex aequo avec les pays scandinaves et loin devant la France (58 %) ou l’Allemagne (46 %). L’étude se limitait toutefois à l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique.
Une frontière floue entre vie privée et vie professionnelle

Dans tous les cas, la sécurité semble constituer la principale menace du Byod. Une enquête mondiale menée en juin dernier par Fortinet le confirme, ainsi qu’une autre du spécialiste en réseaux d’entreprise Juniper Research. Ce dernier prévoit en outre que le nombre d’appareils privés utilisés en entreprise passera de 150 millions en 2012 à 350 millions en 2014. Plus du double.

Qu’en pensent les entreprises belges ? Elles se penchent sur la question si l’on en croit Beltug, association qui regroupe plus de 1 200 managers informatiques et institutions publiques. Plus que les soucis de sécurité, Beltug met en avant les difficultés fiscales que peuvent présenter ces outils. Mis à la disposition de l’employé, le smartphone, la connexion Internet mobile, la tablette ou le PC portable deviennent un « avantage de toutes natures » dont les montants cumulés peuvent atteindre des sommes considérables.

Reste que bien d’autres flous juridiques entourent cette pratique à la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Seule une charte d’entreprise claire pourrait contribuer à les dissiper. Or, si l’on en croit l’enquête de Trend Micro, une entreprise belge sur deux n’en possède pas. Sans parler des risques d’abus et de stress auxquels peut conduire l' »hyperconnectivité ».

E.R.

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