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Dix exploits sportifs belges qui ont enfiévré le pays (en images)

Le Vif

Avant la demi-finale d’anthologie contre la France et le quart de légende contre le Brésil, en Russie, Mexico 86 était le mètre-étalon des performances de nos champions. Top 10 des émotions sportives des Belges.

1. Les Diables Rouges à la Coupe du monde 2018. Il y aura donc toujours dans l’histoire du sport belge un avant et un après-6 juillet 2018 : ce jour-là, à Kazan, après des déceptions énormes contre l’Argentine (Coupe du monde 2014) et le pays de Galles (Euro 2016), la génération dorée, celle qui était annoncée comme potentiellement championne du monde depuis près d’une décennie, se montre enfin à la hauteur de l’événement en sortant (2-1) le favori du tournoi, le Brésil. Le tout au terme d’un match extraordinaire qui porte la patte de son coach, Roberto Martinez, et donne cette remarquable impression de sérénité et de présence au jour dit – la marque des grands. Avec la perspective de faire mieux que la génération arrivée quatrième en 1986.

2. Les Diables Rouges à la Coupe du monde 1986. Jusqu’au 6 juillet 2018, Mexico 1986 était la magnitude 9 sur l’échelle de Richter du sport belge. Mais il vient d’être rétrogradé dans la hiérarchie sismique. Annoncée par une étonnante place en finale de l’Euro 1980 contre la RFA (perdue 2-1) puis par une victoire (1-0) contre le tenant du titre argentin en ouverture du Mundial 82, la saga des Diables Rouges de Guy Thys avait pourtant fait basculer la Belgique de 1986 dans une folie que, trois décennies durant, on se raconterait encore avec nostalgie en croyant qu’elle n’arriverait plus jamais. Après un premier tour lamentable, minés par les querelles internes, les Diables Rouges, qui n’ont pas d’ambition particulière, réalisent coup sur coup deux matchs au long cours devenus légendaires : une qualification dans la prolongation contre l’URSS (4-3) qui était sans doute la meilleure équipe à ce moment, puis celle au bout des tirs au but contre l’Espagne (5-4, après le 1-1 sanctionnant le temps réglementaire et les deux prolongations). La défaite en demi contre l’Argentine de Maradona (2-0), future championne du monde, est tellement attendue qu’elle ne parvient pas à empêcher la Belgique de faire une fête dantesque lors du retour des Diables sur la Grand-Place. C’était il y a trente ans. C’est devenu il y a un siècle.

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3. Eddy Merckx au Tour de France 1969. Le plus grand champion cycliste de tous les temps, auteur d’absolument tous les records de sa discipline, pourrait truster le classement des vingt plus grands exploits belges si l’on voulait. Alors, le premier de ses cinq Tours de France, en 1969, année où il prend tous les maillots des classements de la Grande Boucle – après avoir gagné au printemps Milan-San Remo, le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège – est grandiose mais, dans un pays où c’est la norme de gagner toutes les courses, le succès lunaire et le retour triomphal du Bruxellois s’expliquent sans doute d’abord par la longueur de l’attente. Avant-guerre, les Belges avaient gagné 12 Tours sur 33. En 1969, cela faisait trente ans que cela n’était plus arrivé et une génération entière n’avait jamais connu de succès final noir-jaune-rouge au Tour. On en est aujourd’hui à 42 années depuis la victoire de Van Impe, dernier vainqueur belge…

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4. La finale Henin-Clijsters à Roland Garros 2003. Quel invraisemblable alignement de planètes s’est-il produit au début du xxie siècle pour que deux joueuses belges, l’une Wallonne, l’autre Flamande, nées à un an d’intervalle, dominent le tennis alors que jamais avant ni après notre pays n’a donné naissance à d’autres champions d’exception dans cette discipline ? Annoncé depuis un certain temps, tel l’avènement des Diables en 2018, le triomphe conjoint de Justine Henin et Kim Clijsters, fille d’un héros de Mexico 86, allait se matérialiser avec la première victoire belge en Grand Chelem le 7 juin 2003, à Roland Garros, au bout de la première finale 100 % belge de l’histoire (6-0/6-4 pour Henin) ! Et en présence du roi Albert II, ce qui donne plus qu’une certaine idée de l’impact au pays de cette finale parisienne. Du reste, il y aura d’autres finales de Grand Chelem entre les deux joueuses, toutes remportées par la Rochefortoise (US Open 2003, Open d’Australie 2004), alors que la Limbourgeoise l’emporte en nombre de victoires dans les confrontations directes (13-12). Il y aura surtout un palmarès énorme de part et d’autre en Grand Chelem : 7 victoires pour Henin (1 Australie, 4 Roland Garros, 2 US Open) et 4 pour Clijsters (1 Australie, 3 US Open). Alors qu’aucun autre joueur ou joueuse belge n’a jamais atteint une finale. Ni avant, ni depuis.

5. Nafissatou Thiam aux Jeux olympiques 2016. Préparation, sérieux, progression continue, intelligence : le profil de Nafi Thiam a quelque chose de celui des Diables Rouges de cet été. On pourra éternellement arguer que la Namuroise s’aligne actuellement dans une discipline moins médiatique que d’autres en athlétisme (l’heptathlon, pendant féminin du décathlon), il n’empêche : ce qu’est en train de réaliser Nafissatou Thiam est exceptionnel. A 22 ans juste, à Rio, elle a réalisé l’exploit immense d’entrer (aux côtés de Gaston Reiff, Gaston Roelants, Tia Hellebaut et du relais 4×100 m féminin 2008 mais sur tapis vert) dans le cercle fermé des champions olympiques belges d’athlétisme, faisant même oublier le titre de Tia Hellebaut à la hauteur en 2008 à Pékin. En 2017, elle a confirmé lors des Mondiaux de Londres et est devenue la troisième performeuse de l’histoire derrière deux légendes (Jackie Joyner-Kersee et Carolina Evelyn Klüft). On ne sait encore où elle s’arrêtera.

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6. Jacky Ickx aux 24 Heures du Mans 1969. ll fut un temps où la Formule 1 n’était pas la discipline écrasante qu’elle est aujourd’hui, où les coureurs disputaient à la fois la F1, les épreuves d’endurance et de tourisme et où les 24 heures du Mans n’avaient d’égal en prestige que le Grand Prix de Monaco. En ce sens, reportées à son époque, les six victoires de Jacky Ickx sur le circuit de la Sarthe auraient plus de valeur que ses huit succès en GP de F1 même s’il restera toujours une ombre, celle d’avoir terminé vice-champion du monde à deux reprises. Treize jours avant le départ du Tour mythique que son ami Eddy Merckx (ils ont le même âge) va faire connaître à la Belgique, Jacky Ickx écrit une page de légende dont parlent encore avec émotion ceux qui l’ont vécue et qui a tenu le pays en haleine. De la première à la dernière seconde. La première parce que, opposé pour des raisons de sécurité au départ typique de l’épreuve (les coureurs devaient rallier leur voiture en courant) dont il aura la peau, Ickx traversera la grille en marchant, imposant ce que l’on appellerait aujourd’hui sa  » coolitude  » ; la dernière car, au terme d’un sprint de folie avec l’Allemand Hans Herrmann, il simulera la panne d’essence dans les derniers mètres afin de profiter de l’aspiration de son adversaire pour le battre de 120 mètres au bout de 5 000 km, démontrant son intelligence tactique.

7. Les finales de Coupe Davis 2015 et 2017. Deux fois au cours des dernières années, David Goffin a emmené la Belgique en finale de la Coupe Davis, mais sans parvenir à vaincre ni la Grande-Bretagne ni la France. Menacée aujourd’hui dans son existence même, cette épreuve souffre de l’absence des stars et du peu de considération dont elle jouit encore, à part dans quelques pays comme la France. Assez bizarrement, le grand public a sans doute beaucoup plus vibré pour la Coupe Davis en 1953 et 1957 grâce aux exploits de Philippe Washer et Jacky Brichant, pour lesquels Luc Varenne tenait l’antenne tout seul des heures durant. Varenne a fait entrer dans tous les foyers un sport jusque-là peu connu et réservé à l’aristocratie. Le format était pourtant alors encore plus alambiqué : ces années-là, les Belges ont remporté la finale de la zone Europe (contre le Danemark et l’Italie, le match mythique de 1957 au Léopold avec les deux derniers points remportés en 5 sets par Brichant et Washer contre Giuseppe Merlo et Nicola Pietrangeli), puis perdu à deux reprises la finale interzones contre les Etats-Unis, laquelle finale donnait elle-même accès à la  » vraie  » finale contre le tenant du titre australien…

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8. Gaston Reiff aux Jeux olympiques de Londres en 1948. Deux secondes suffisent parfois à écrire une légende. C’est l’écart entre le deuxième du 5 000 m des Jeux olympiques de 1948, et le premier champion olympique belge d’athlétisme, Gaston Reiff. A Wembley, Reiff terrasse Emil Zatopek, le mythique fond et marathon (4 médailles d’or aux JO) qui a remporté le 10 000 m quelques jours plus tôt. Cette première médaille, survenue juste après la guerre, donnera au fond belge une popularité énorme matérialisée par les soirées d’athlétisme à guichets fermés à l’Union saint-gilloise, qui était alors aussi un club d’athlétisme.

9. Cyrille Delannoit champion d’Europe de boxe 1948. Il faut avoir entendu Luc Varenne, encore lui, commenter le combat du 23 mai 1948 dans un stade du Heysel en délire pour comprendre ce que représentait la boxe au sortir de la guerre ! Ce matin-là, dans un grand café de la Bourse, Marcel Cerdan, compagnon d’Edith Piaf, qui est présente, glisse à Cyrille Delannoit :  » Tout à l’heure, mon petit bonhomme, tu te retrouveras au pays des rêves.  » Quinze rounds plus tard, complètement démoli mais debout, le Flandrien conquiert le titre européen des moyens au nez de Cerdan, invaincu en 104 combats. Il sera le seul Européen à avoir battu la légende absolue du sport français même s’il perdra la revanche, puis le cours de sa vie.

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10. Les Diables Rouges aux Jeux olympiques 1920. Il faut l’avouer : on s’est longtemps gaussé du titre olympique remporté en football à Anvers en 1920 (l’organisation avait été offerte à la Belgique en hommage à son martyre en 14-18) dans un sport balbutiant et alors que la Tchécoslovaquie, menée 2-0, avait décidé de quitter la finale à la mi-temps en raison d’un arbitrage qu’elle jugeait partial. Mais, depuis quelques années, l’Uruguay arbore 4 étoiles sur son maillot, ses deux titres mondiaux et… ses deux titres olympiques d’avant la création du Mondial. La Fifa a admis que les Jeux olympiques étaient le pendant de la Coupe du monde avant 1930… mais seulement à partir de 1924. La Belgique rêve donc encore de sa première étoile.

Par Jean-François Lauwens.

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