Nicolas De Decker

Charles Michel, une certaine idée de la dream team

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Ils sont chauves mais, debout dans la nuit bruxelloise, ils se donnent des airs imperturbables sous un imperméable foncé comme si toute l’eau grise du ciel ne perçait pas leur cuir chevelu. Leur petite barbe qui n’en a pas trop l’air maquille mal une obsession pour la tactique qui explique que, jamais, ils n’auraient pu s’entendre avec Marc Wilmots mais, évidemment, ils n’oseront jamais le dire en public. Et tout leur système penche si fort à droite que la gauche, comme abandonnée, n’a jamais été si mal, et qu’ils font comme si ça ne se voyait pas.

Charles Michel, tout compte fait, c’est une manière de Roberto Martinez. Une manière avec moins de manières, parce que le flegme de Roberto Martinez, Charles Michel ne se le garde jamais longtemps sous la colère. Une manière avec moins de moyens, parce que le salaire de Roberto Martinez, Charles Michel ne se le gagnera jamais, et surtout parce que la  » génération dorée  » de la sélection de Roberto Martinez, Charles Michel ne se la recrutera jamais. Dans son album Panini, à Charles Michel, il n’y a pas de vedette ni de Ballon d’or, pas de playmaker ni de golden boot, même pas de Ciman ou de Mignolet.

Son équipe, à Charles Michel, elle s’est qualifiée par surprise en finale du tournoi fédéral, et ça commence à se voir. Dans son équipe, à Charles Michel, il y a les valeurs sûres dont on est sûr qu’elles ne sont pas sûres :

– un ministre des Affaires étrangères qui s’occupe d’affaires étranges, parfois de l’étranger, parfois pas, et qui ne restera dans le onze que jusqu’au jour où il sera absolument certain de ne jamais pouvoir remplacer le Premier ministre ;

– une ministre de l’Energie qui n’a pas fait de pacte énergétique et à qui Charles Michel a interdit de faire quoi que ce soit ;

Son équipe, à Charles Michel, elle s’est qualifiée par surprise et ça commence à se voir.

– un ministre de la Sécurité alimentaire qui, à chaque scandale alimentaire, dit que tout est la faute de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, alors que tout ce que fait l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire est sa faute.

Mais depuis quelques jours, Charles Michel s’est découvert d’autres certitudes dans sa team :

– un ministre de la Mobilité qu’on avait désigné parce qu’il était le seul capable de mettre d’accord tous les autres ministres de la Mobilité, et qui a publié un livre pour dire que la seule raison pour laquelle il ne pouvait pas mettre d’accord les autres ministres de la Mobilité, c’était que les autres ministres de la Mobilité n’étaient pas d’accord avec lui ;

– un ministre des Pensions qui dit que les pensions seront meilleures et pour plus de monde si on fait des économies dans leur financement, et qui, pour prouver que même si ça n’a pas l’air vrai au moins ça sera indolore, montre des photos de Jane Fonda à 75 ans pour dire que, de toute façon, à cet âge-là, on est encore très bien.

Alors il est embêté, Charles Michel.

Mais parfois il regarde sa ministre du Budget, qui est la meilleure joueuse de son équipe, et ça lui rend la pluie moins mouillante sur le cuir chevelu. Et puis, il se rappelle qu’elle n’habite ni à Bruxelles, ni en Wallonie et qu’en fait, il l’a sélectionnée, mais qu’elle n’a pas le droit de vraiment monter sur le terrain.

C’est là qu’il se dit que le niveau de cette équipe de Roberto Martinez, ce Méditerranéen qui est en Belgique et qui ne gagnera pas la Coupe du monde, elle ne se l’atteindra jamais, l’équipe de Charles Michel, à peine bonne qu’elle est à défendre ses blagues sur la Méditerranée qui n’est pas en Belgique.

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