Liaison fatale

Pour son premier roman, la journaliste Myriam Leroy (lire son portrait en page 88) a choisi le sujet classique d’une relation fusionnelle sinon profondément malsaine entre deux adolescentes torturées. L’une, hypnotique, a été adoptée par une cossue famille de détraqués, évoluant dans une intransigeance punk jusqu’à l’internement ; la narratrice, quant à elle, issue d’un milieu socialement moins rutilant, s’estime mal fichue parce qu’elle est trop soumise aux injonctions machistes de Jeune & Jolie et consorts. Tout cela se déroule dans la classe moyenne supérieure nivelloise des années 1990, comme l’indique le martèlement régulier de références pop éminemment générationnelles. La banalité apparente du propos se confirme au niveau de l’intrigue, assez modérément passionnante, mais se trouve heureusement compensée en premier lieu par une écriture prodigue en électrisantes brutalités stylistiques, où l’organique le plus cru domine la métaphore. Maligne aussi, l’intervention dans la deuxième moitié du texte d’une voix emplie de doutes, qui interroge à la fois la forme et l’utilité d’un tel récit :  » Thérapie classique par l’écriture. On est loin de la littérature […] Mais c’est une bonne histoire […] avec un début, un milieu et une vraie fin. Et dedans, un personnage incandescent. « On finit par y croire.

Ariane, par Myriam Leroy, éd. Don Quichotte, 206 p.

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