Grégoire -- 18 ans, étudiant en graphisme. © MAXIME MATTHYS

Génération tinder

 » Tinder, c’est un moyen de rencontrer des gens comme dans la vraie vie, mais en mieux.  » C’est le slogan de l’application de rencontres la plus utilisée au monde, lancée il y a cinq ans : 50 millions de membres actifs, plus de 20 milliards de matchs (de concordances entre deux profils, donc, deux utilisateurs), 1,6 milliard de swipes (j’aime/j’aime pas) enregistrés par jour, dont 1,64 million rien qu’en Belgique… La plateforme a révolutionné la façon dont les jeunes, et les moins jeunes, se rencontrent. Elle propose des photos d’hommes ou de femmes géographiquement proches de l’utilisateur et lui demande de les liker (aimer) ou de les disliker. Et puis, plus si affinités. Le photographe français Maxime Matthys s’est glissé dans l’intimité des accros à Tinder, à Paris, qu’ils y chassent l’aventure, d’un soir (le plus souvent), voire davantage. Il en dresse le portrait, durant leur  » shopping amoureux « . Pendant que défilent sur l’écran les profils, avant le match.

Grégoire — 18 ans, étudiant en graphisme.

 » J’ai téléchargé Tinder pour la première fois à 15 ans. A l’époque, c’était autorisé, maintenant, c’est 18 ans. Et c’était juste pour du sexe. Mes rencontres tournaient toujours autour de ça et, parfois, je ne me souvenais même pas du prénom du mec avec qui j’allais coucher. Des fois, quand tu débarques chez ton match, il est déjà à poil et ça commence direct, c’est très rapide. Il y a aussi énormément de sugar daddies sur Tinder, des vieux qui proposent de l’argent contre différentes faveurs, du style faire le ménage nu ou porter des couches de bébé. Il y a pas mal de tarés…  »

Chloé — 21 ans, étudiante en psychologie.

 » Tinder est une sorte de supermarché de l’amour. Je trouve que c’est un peu malsain parce que c’est vraiment facile de trouver quelqu’un avec qui coucher, et tu peux rencontrer énormément de gens très rapidement. C’est une application très capitaliste. On prend ce qu’on veut, on rejette ce qu’on ne veut pas, c’est comme du shopping en ligne. Et plus tu as des conversations avec des utilisateurs, plus tu te perds. Tu ne sais plus qui t’a dis quoi et ce que tu as dis à qui.  »

Nicole — 45 ans, hôtesse de l’air.

 » Les garçons qui m’intéressent ont entre 18 et 24 ans. Je ne suis pas attirée physiquement par les hommes plus âgés. Le garçon le plus jeune avec qui j’ai couché devait avoir 18 ans, et il y en a eu plusieurs. Je suis comme un fantasme pour eux, ils se sentent libres de se lâcher parce qu’ils pensent que j’ai tout vu dans ma vie. Je crois qu’ils sont très influencés par la pornographie, ce qui n’existait presque pas à mon époque. Dans mon portable, j’ai une énorme collection de photos de sexes. Même si je ne le leur demande pas, ils ne peuvent pas s’empêcher de m’en envoyer. Ça commence à me lasser. Souvent, je n’y réponds plus et ça se finit comme ça.  »

Walid — 25 ans, professeur de français.

 » Je pense qu’avoir des origines maghrébines change la façon dont les gens interagissent avec toi sur Tinder. Les Européennes ont moins envie de rencontrer des Arabes. L’application devient parfois très communautaire. Par exemple, j’ai beaucoup plus de matchs avec des filles de ma communauté, des Algériennes, qu’avec des Françaises. Je trouve aussi que les relations deviennent une sorte de consommation. On s’arrête très vite sur le physique, sans essayer de chercher plus loin.  »

PHOTOS : MAXIME MATTHYS

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