Angela Merkel © FABRIZIO BENSCH/REUTERS

Pourquoi Angela Merkel échappe-t-elle au « dégagisme » ?

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les élections législatives du 24 septembre devraient consacrer une nouvelle victoire du parti de droite CDU. Malgré la crise des réfugiés, Angela Merkel serait reconduite chancelière pour un quatrième mandat. A son terme, elle aura dirigé le pays pendant seize ans. Pourquoi échappe-t-elle au « dégagisme » ?

Au début de l’année, quand le social-démocrate Martin Schulz, son principal rival, faisait une entrée remarquée dans la campagne et qu’elle-même peinait à se dépatouiller de la crise des migrants, qui aurait imaginé qu’Angela Merkel aborderait les élections législatives de ce 24 septembre avec la sérénité de la conquérante ? Pourtant, la chancelière allemande, au pouvoir depuis novembre 2005, l’a fait. Elle a réussi à apaiser les craintes de ses concitoyens sur la capacité de l’Allemagne à surmonter le défi de l’accueil de 800 000 étrangers et elle a retourné à son avantage une situation compromise. Angela Merkel s’apprête donc à rempiler à la chancellerie pour quatre années supplémentaires, jusqu’en 2021. La formation d’une nouvelle coalition de gouvernement n’annonce cependant pas des lendemains sans nuages.

Crédité de quelque 36 % dans les sondages à quelques jours du scrutin, la CDU sera appelée à former une alliance avec un ou plusieurs partenaires. Or, son allié de la coalition sortante, la formation sociale-démocrate du SPD, si son score annoncé est confirmé (22 %), sera sans doute tenté de se refaire une santé dans l’opposition. Dans l’éventail des solutions possibles pour la chancelière, en écartant la droite populiste de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, projetée à 11%) et la gauche radicale de Die Linke (quelque 10 %), il ne restera plus, comme partenaires potentiels, que le Parti libéral-démocratique du FDP (9 %), qui devrait signer son retour au Bundestag sous l’impulsion du jeune leader Christian Lindner, 38 ans, ou les verts, crédités de 8 % des suffrages.

Mais le FDP n’est plus le parti du centre et proeuropéen qu’il était sous la figure emblématique de Hans-Dietrich Genscher. La crise de la dette publique grecque l’a conduit progressivement à adopter un discours de droite eurosceptique. Son éventuelle participation au gouvernement ne manquerait donc pas d’embarrasser les tenants d’une relance de l’Europe à travers l’harmonie retrouvée du couple franco-allemand, sous l’égide d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron. C’est pourquoi, malgré le succès annoncé de la droite, l’élection de dimanche demeure d’une importance cruciale pour l’Allemagne et l’Europe.

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