Une mégacentrale électrique verte en plein coeur de la mer du Nord ? "Un projet réaliste" selon les concepteurs du North Sea Wind Power Hub. © DR

Une île artificielle alimentant 80 millions d’Européens pourrait bien voir le jour

Le Vif

Dans une vingtaine d’années, la mer du Nord comptera une nouvelle île. Une terre totalement artificielle, reliée au continent par un réseau de câbles sous-marins. Equipée de turbines hydrauliques, de panneaux solaires et entourée de 7 000 éoliennes offshore, l’île pourrait marquer un tournant historique pour les énergies renouvelables.

Selon ses promoteurs, elle serait capable de générer une puissance de 70 à 100 gigawatts, de quoi satisfaire la consommation de 80 millions d’habitants de six pays : la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et la Norvège. A titre de comparaison, les 58 réacteurs du parc nucléaire français produisent 63 GW.

L’initiative revient à deux entreprises européennes – les opérateurs de réseaux électriques TenneT (Pays-Bas et Allemagne) et Energinet (Danemark). L’île, d’une superficie de 6,5 km2, sera construite sur Dogger Bank, un banc de sable situé à 100 kilomètres des côtes britanniques. Bien exposée aux vents, ensoleillée en été, peu profonde, la zone offre les conditions idéales pour produire de l’électricité toute l’année.

Le North Sea Wind Power Hub vise à réduire significativement le prix de revient du  » mégawatt vert « , seule solution pour augmenter la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial et espérer atteindre les objectifs de la COP21. Le projet a déjà le soutien de la Commission européenne. Mais son coût, estimé à 13 milliards d’euros, réclame l’intervention d’autres partenaires. Pour le moment, nombre de spécialistes restent dubitatifs face à ce projet pharaonique. Ils ont en mémoire quelques précédents, à commencer par Desertec, un mégaprojet qui promettait d’approvisionner toute l’Europe du Sud grâce à des centrales solaires implantées au Sahara. Une idée qui, avec le temps, semble avoir été enfouie dans les sables.

Les experts soulignent aussi qu’il faudra plusieurs années avant de créer des  » autoroutes d’électricité  » pour assurer une transmission entre les différents pays. Les promoteurs du North Sea Wind Power Hub, eux, visent une mise en oeuvre entre 2030 et 2040.  » Ce projet peut sembler sortir de la science-fiction, mais il est tout à fait réaliste « , insiste le Danois Torben Glar Nielsen, directeur technique d’Energinet. La force du projet réside notamment dans les connexions, les câbles qui seront tirés entre les pays riverains et les futures turbines. Elles permettront  » d’utiliser 100 % de l’énergie produite par le vent, précise-t-on chez Energinet. Alors que, pour l’instant, l’utilisation moyenne est plutôt de 40 % « , en raison de problèmes de transport et de stockage notamment.

Par Dorian Peck.

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