Mort à Belfast

A lire le nouveau roman de la série des Karl Kane, Belfast n’a toujours rien d’une destination touristique attrayante. Des souvenirs d’outre-bombe creusent encore les murs et les âmes, un tueur à la lame aiguisée séquestre des adolescentes, des gamines abdiquent leur innocence et les hommes éteints par le destin se rallument à coups de gnôle. Le privé Karl Kane est de ceux-là, nuits hurlant sans cesse sur le corps de sa mère assassinée, mémoire lacérée par un crack du scalpel. Les démons sont faits pour se rencontrer. Sam Millar orchestre un pas de deux funèbre et magnétique entre le détective et le spectre de son enfance. Humour noir dilué dans les ténèbres de plus en plus poisseuses de son roman, il entrechoque les maudits de l’humanité dans le grand rire jaune de la Faucheuse. Manière de chanter en sourdine les ébréchures de Belfast. Et d’inscrire son nom juste un cran en dessous de celui de Jim Thompson.

Au scalpel, par Sam Millar, trad. de l’anglais (Irlande) par Patrick Raynal, Seuil, 288 p.

S. B.

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