Des feuillets de 100 à 300 fois plus résistants à la rupture que l'acier. © GETTY IMAGES

Le graphène et ses rejetons, matériaux de demain

Le Vif

Le graphène est un matériau de synthèse fait d’une couche d’atomes de carbone installés en une succession de structures hexagonales similaires aux nids d’abeilles. Les feuillets de graphène (donc 2D) sont de 100 à 300 fois plus résistants à la rupture que l’acier.

Des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) vont un cran plus loin en assemblant ces feuillets en 3D. Ils révèlent dans la revue Science Advancesqu’une telle configuration spatiale, selon une structure mathématique particulière, permettrait l’obtention  » d’un matériau 10 fois plus solide que l’acier et dont la densité n’est que de 4,6 % de celle de l’acier « , précise Zhao Qin, premier auteur de l’étude. Réalisés à l’aide d’une imprimante 3D, leurs matériaux prototypes présentent des propriétés en accord avec les prédictions de simulations numériques basées sur la mécanique quantique. De quoi élargir le champ des applications potentielles.

Depuis sa découverte en 2004, les superlatifs s’accumulent pour décrire ce  » supermatériau  » alors en 2D : matériau le plus solide, le plus souple, le plus transparent, excellent conducteur électrique (meilleur que le cuivre) et dissipateur de chaleur. On attend de lui qu’il révolutionne l’électronique, mais aussi qu’il débouche sur la création de rétines artificielles ou encore de batteries avancées. Mais, à l’exception de l’initiative européenne Gryphon, qui vient d’annoncer sa capacité à améliorer les performances de la spectroscopie infrarouge grâce au graphène, les applications industrielles concrètes tâtonnent encore.

Pour accélérer le processus, début 2013, l’Union européenne a débloqué un fonds d’un milliard d’euros pour financer le  » projet graphène  » durant dix ans. La ville de Manchester, d’où proviennent les professeurs André Geim et Konstantin Novoselov, découvreurs du graphène et lauréats du prix Nobel de physique en 2010, s’est ainsi muée en  » Graphene City « , concentrant la crème des centres de recherches et de start-up dévoués à ce matériau.

Et à ses dérivés ! En s’alliant avec d’autres matériaux aux caractéristiques différentes pour élargir son spectre d’action, le graphène a fait des petits prometteurs. Leur nom ? Graphane, bisulfure de molybdène ou encore fluorographène.

Dans ce dernier, chaque atome de fluor est lié à un atome de carbone pour créer un fluorocarbone résistant à la chaleur et… isolant électrique – alors que le graphène seul est un conducteur exceptionnel. Grâce aux interactions électriques entre les atomes, ces matériaux à structure de cristal s’annoncent  » aussi révolutionnaires que le graphène « , aux dires du professeur Novoselov. On n’attend plus que les applications.

Par Laetitia Theunis.

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