Arpèges au violon

Derrière ses sourcils froncés et sa moustache de brigadier, Jaume Cabré dissimule des géhennes intimes aux agonies universelles et des lamentos amoureux déchirés par la splendeur d’un tableau ou d’un livre. Confiteor, son dernier roman, en était pétri. Il revient avec un merveilleux recueil de nouvelles, 14 étapes dans les fêlures des hommes. Des maudits, des tremblants, des poètes, tous liés, par un Rembrandt, une biographie sur Schubert ou un air de Bach. Des personnages ressurgissent ici ou là : Cabré agence ses histoires comme les mouvements d’une sonate. Dans la vie, il joue du violon. Le livre vibre de chacune de ses cordes. Il fait danser le coeur de vieux amants éperdus, tambourine à la porte de tueurs à gages, étire en larmes l’histoire sanglante du monde. Ses arpèges résonnent d’Anvers aux camps de Treblinka, dont on ne s’évade qu’en s’envolant d’une cheminée, poudre noire dans la craie du ciel.

Voyage d’hiver, par Jaume Cabré, trad. du catalan par Edmond Raillard. Actes Sud, 304 p.

Retrouvez l’actualité littéraire aussi dans Focus Vif : cette semaine, notamment, La Guerre des encyclopédistes, roman américain à quatre mains de Boston à Bagdad, page 32, et Tous, uchronie dense et optimiste signée du Belge Grégoire Polet, page 33.

S. B.

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