© REPORTERS

A la recherche de l’ego perdu

Et si les  » Je suis  » égrenés depuis l’attentat contre Charlie Hebdo révélaient, en fait, la disparition d’un ego  » libre et responsable  » ? Dans Lost Ego (PUF, 136 p.), le directeur de Myria, le centre fédéral Migration, François Desmet (chroniqueur à la rubrique C’est le moment de… du Vif/L’Express) décortique la  » tragédie du « Je suis » « . Le philosophe énonce que le conformisme de groupe peut conduire un individu à reformater le réel dans le but de préserver son image. Et ce n’est pas sans danger.  » Un […] volet inquiétant du conformisme de groupe, dans ses applications contemporaines, est la non-assistance à personne en danger et l’apathie que l’on observe dans une série de situations « , observe l’auteur.  » L’enjeu visant […] à rendre (à l’ego perdu) du sens par la création d’histoires nouvelles, assumant leur propre contingence, pourrait donc bien […] s’avérer un enjeu de civilisation « . François Desmet, dans une réflexion passionnante nourrie par l’analyse des dernières découvertes en neurosciences, en vient à réduire le libre arbitre à une construction culturelle ; ce qui le pousse à affirmer que  » nous n’avons sans doute pas de libre arbitre, mais nous sommes sacrément bien construits pour croire qu’il existe « . On surestimerait en effet le poids de notre autonomie et on sous-estimerait l’importance des interactions sociales dans la liberté de nos choix. Cette fragilisation serait d’autant plus risquée que, dans nos démocraties ouvertes,  » l’éclosion d’Internet bouleverse la perception de ce qu’est une opinion  » et  » les marchands de pureté semblent (aujourd’hui) plus attractifs que les marchands de nuance « .

GÉRALD PAPY

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire