The One, conçue par Atenor, 23 niveaux mêlant bureaux et logements. © ATENOR

Une skyline rue de la loi

Les plus folles et les plus démesurées prennent pied à Dubaï, Singapour ou Taïwan. Mais densification oblige, les tours autrefois décriées font aussi leur come-back à Bruxelles. En plein coeur de la ville.

Pour la seule capitale belge, un boom démographique de 14 000 personnes par an est prévu au cours des prochaines années. Pour préserver un peu d’espace au sol, il s’agit donc d’habiter à la verticale et de se décider à bâtir en hauteur – là où, littéralement, the sky is the limit.

Depuis 2014, il pousse donc une ou deux tours par an dans le ciel de la capitale. Up-Site, le long du canal bruxellois, développée par Atenor, est devenue la plus haute tour de logements du pays (140 m de hauteur, 42 niveaux, 250 appartements). Mais désormais, tous les regards se tournent vers le quartier européen et son long corridor gris, monofonctionnel et déshumanisé : la célèbre rue de la Loi.

Nouvelle forme urbaine

La Région de Bruxelles-Capitale la considère comme zone stratégique de développement. Elle a d’abord élaboré un schéma directeur sur cette zone, avant d’y définir un nouveau paysage urbain, puis la réalisation du PUL (le projet urbain Loi) qui doit reconditionner la célèbre artère et ses abords. Au crayon : l’architecte français Christian de Portzamparc, lauréat du concours international organisé conjointement par l’Union européenne et la Région bruxelloise. Sa réflexion est de proposer une nouvelle forme urbaine qui ouvre la porte à une certaine créativité architecturale, permettant aux développements de la rue de la Loi de monter les constructions en hauteur tout en dégageant de l’espace au sol pour les piétons.

Objectifs : réduire fortement le trafic automobile, recréer une mixité fonctionnelle et sociale en implantant des logements, des commerces et des espaces publics ; et surtout, accueillir la Commission européenne dans de nouveaux bureaux. L’enjeu est stratégique : via les institutions de l’Union, l’Europe entière nous regarde. A terme, les institutions occuperaient 400 000 m2, soit plus de 50 % des surfaces de bureaux disponibles, sur la rue de la Loi et ses abords.

Tours mixtes

Seulement, si sur les anciennes maquettes, certaines tours pointaient le nez à plus de 200 mètres de hauteur, les promoteurs immobiliers semblent redescendus sur terre. Partout, les superficies des projets sont revues à la baisse. Ainsi, la Belview d’Allfin, située place Jean Rey, au bas de la rue Belliard, culmine à 85 m à peine, avec 25 niveaux pour 29 000 m2 de résidentiel et 5 000 m2 de bureaux. Avec, au sommet, une gigantesque terrasse et des perspectives époustouflantes sur la ville.

Autre acteur de la skyline : la société de promotion immobilière Atenor. Après avoir livré, dans le bas de la rue Belliard, le nouvel immeuble de bureaux Trebel au Parlement européen, Atenor est finalement parvenue à mettre la main sur Realex, l’îlot voisin de son projet The One, qui sort actuellement de terre rue de la Loi. Autant The One (23 niveaux), qui verra probablement le jour en 2018, sera une tour mixte de logements (9 000 m2) et de bureaux (30 000 m2), sa voisine Realex devrait pouvoir fournir à l’Europe le centre de conférence dont elle a besoin d’ici 2022. Le permis pour ériger une tour de 114 mètres de hauteur et 42 000 m2 est déjà dans la poche du promoteur. Une zone publique de quelque 2 000 m2 est prévue entre les deux tours. De quoi humaniser un peu le quartier.

PAR DORIAN PECK

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