Vincent Callebaut, " meilleur architecte éco-utopiste " du moment. © WILLIAM BEAUCARDET

Sous les traits de vincent callebaut

Après avoir réalisé des bâtiments organiques, postcarbones et antismog à Taïwan, en Chine et au Caire, l’architecte louviérois Vincent Callebaut pourrait-il devenir le Gaudi de Bruxelles ?

Réputé pour ses famaux  » projets-manifestes  » qu’il lâche sur la Toile comme des bombes d’intelligence et de technicité, Vincent Callebaut, sacré  » meilleur architecte éco-utopiste  » par Time Magazine, a été sollicité pour moderniser deux quartiers phares de Bruxelles, dont la place Rogier, où il a redessiné le bâtiment du Botanic Center, situé à l’entrée de la rue Neuve.

Véritable passoire énergétique, le Botanic Center – qui date de 1977 – est sans doute le bâtiment qui porte le moins bien son nom à Bruxelles. Jamais verdurisée, sa façade actuelle est constituée de 274 modules identiques coulés dans le béton. Mais sous le crayon de Vincent Callebaut, l’immeuble se pare d’un bouclier solaire de 600 m2, d’une ferme de 42 éoliennes et d’une façade entièrement végétale, changeant au rythme des saisons.  » Au sommet, une chrysalide de bois et d’acier déploie ses galbes pour offrir des vues panoramiques à ses locataires et visiteurs tout en entrant en résonance avec l’immense auvent circulaire dessiné par Xaveer De Geyter recouvrant désormais la place Rogier « , explique le concepteur, basé à Paris. Avec une production photovoltaïque de 96 000 KWh/an et une puissance éolienne de 32 340 kWh/an, le bâtiment – rebaptisé Efflorescence – sera autonome en énergie à 40 %. Commandé par le promoteur Stephano Immo, le projet pourrait devenir ce  » grand geste architectural  » tant attendu, marquant de son empreinte écologique le territoire bruxellois.

Un exercice de style auquel s’est aussi prêté l’architecte pour imaginer le destin de Tour & Taxis. Récemment, la Ville de Bruxelles et la Région ont approuvé le PPAS (plan particulier d’affectation du sol) pour la zone, qui sera transformée en écoquartier avec des logements, des bureaux, des espaces économiques et, surtout, la création d’un véritable parc aux abords du canal.

Au coeur du site, Vincent Callebaut a donc imaginé trois  » forêts verticales  » résidentielles s’élançant sur 100 m de hauteur et 85 000 m2 de logements. On y retrouve des sky villas, sortes de maisons individuelles avec potagers privatifs et vergers communautaires. Les toitures aux courbes de toboggan géant sont tapissées de panneaux solaires (12 500 m2) fournissant en partie l’énergie dont les logements ont besoin. Dans cet écoquartier produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme, la gare maritime (50 000 m2) devient un biocampus avec des commerces, des bureaux et des équipements collectifs.

Si la Région se dit intéressée, le promoteur Extensa – propriétaire de Tour & Taxis – aurait littéralement fait avorter le projet, jugé  » irréalisable et infinançable « , selon son porte-parole. Mais le  » Gaudi de Bruxelles  » n’a pas dit son dernier mot : « Affirmer que ce projet est utopique, irréaliste ou infinançable discrédite tous les urbanistes en quête de solutions positives. Or, chacun de nos projets est validé scientifiquement.  » A l’instar de Taipei, où il achève la construction d’une tour carbo-absorbante, des villes comme Madrid, Genève et même Luxembourg ont compris le défi. Mais comme le proclame l’adage, nul n’est prophète en son pays.

PAR DORIAN PECK

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