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OGM : « On n’aurait jamais imaginé qu’il y aurait autant de tumeurs »

Le docteur Joël Spiroux, président du Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique) et coauteur de l’étude dénonçant le danger des OGM répond aux questions de L’Express.

Vous venez de publier une étude sur les conséquences des OGM sur la santé. Quelles en sont les principales conclusions?

Pendant deux ans, nous avons nourri un groupe de rats avec du maïs génétiquement modifié, le NK603 produit par la firme Monsanto. Nous avons donné à un autre groupe de cobayes de l’eau diluée avec des doses plus ou moins importantes de Roundup, l’herbicide le plus utilisé au monde, également produit par Monsanto. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces « aliments » étaient introduits dans le cadre d’un régime équilibré, représentatif du régime alimentaire américain. Moins d’un an après les tests, nous nous sommes rendus compte que tous les cobayes présentaient des pathologies en tout genre. Les cas de cancers, notamment chez les femelles, étaient deux à trois fois plus élevés. Certaines tumeurs atteignaient un quart du poids de l’animal, la mortalité était largement plus précoce… Pour le Roundup aussi les résultats ont dépassé ce que l’on pouvait imaginer: on s’est rendu compte que même à de très faibles doses, comparables à celles que l’on peut trouver dans certaines régions, c’est-à-dire pour l’équivalent d’une goutte de Roundhup pour un milliard de gouttes d’eau, ce pesticide était un poison.

Vous attendiez-vous à de tels résultats?

Cela fait 15 ans que l’on travaille sur les effets des pesticides sur la santé. En étudiant les résultats de tests transmis par les laboratoires de la firme Monsanto, on avait déjà décelé que les OGM pouvaient provoquer des problèmes hépatiques et rénaux. C’est pour cela que nous avons voulu lancer une étude de grande ampleur sur le sujet. Mais nous n’aurions jamais imaginé arriver à de telles conclusions. C’était inconcevable de penser qu’il y aurait autant de tumeurs et de cette taille-là. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’étude a pris du retard et que nous sommes en déficit de 150 000 euro: à chaque fois qu’une nouvelle tumeur apparaissait, nous engagions des examens biologiques complets.

Vous affirmez que c’est la première fois qu’une étude d’une telle ampleur est lancée. Mais selon certains de vos confrères, il y a déjà eu des tests de longue durée sur l’impact des OGM sur la santé…

Depuis que nous avons publié l’étude, les lobbys OGM montent au créneau pour nous discréditer car il y a des intérêts financiers colossaux derrière cette question. Mais je réaffirme qu’il n’y a pas eu d’études de cette ampleur sur les conséquences sur la santé des OGM. Plusieurs chercheurs citent des tests sur des cochons qui ont également duré deux ans. Mais c’était sur les conséquences nutritionnelles: ils vérifiaient que les animaux grossissaient bien, qu’ils n’avaient pas de troubles alimentaires et qu’ils ne perdaient pas leurs poils…. Mais en aucun cas, ils ne se sont penchés sur la toxicité pour la santé de ces produits. D’autre part, il faut bien comprendre, que deux ans dans la vie d’un cochon, c’est peu alors que cela couvre la vie entière d’un rat. Certains de nos détracteurs remettent également en cause la race de rat que nous avons choisi: mais il s’agit exactement de la même lignée que ceux utilisés par Monsanto pour faire leurs tests.

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Il faut que l’étude soit enrichie, complétée. Nous avons testé une semence de maïs génétiquement modifiée par Monsanto, mais il en existe une trentaine sur le marché. La première étape serait de systématiser l’étude des conséquences des OGM sur la vie entière des cobayes et non sur deux ou trois mois, ce qui ne laisse pas le temps aux pathologies de se développer. Mais forcément, plus c’est long, plus c’est cher. Entre le moment où nous avons décidé de faire cette étude et aujourd’hui, il s’est écoulé 5 ans et nous avons dépensé 3 millions d’euros, alors que les tests aujourd’hui sont réalisés en six mois en moyenne.

Etes-vous satisfaits des premières réactions depuis la sortie de votre étude?

Le débat est tellement passionné que nous savions que certains tenteraient de nous discréditer d’emblée. Mais globalement les réactions des hommes politiques sont positives. Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, a notamment pris position pour durcir la position de la France si les résultats sont avérés.

Caroline Politi, L’Express.fr

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