Menotté, Alain Van der Biest est mené en 1996 vers la " cellule Cools " pour une nouvelle audition. © GUY MOSSAY/belgaimage

Le 17 mars 2002, le jour où Alain Van der Biest s’en est allé

Il aurait dû être à Anvers. Enfin, c’est ce qu’il avait annoncé à Elisabeth, son épouse, en quittant la maison ce dimanche matin. Mais ce n’était là qu’un prétexte. Car dans les faits, l’homme s’est contenté de rejoindre sa maison d’enfance, à Grâce-Hollogne. Là, il a avalé des médicaments. En grande quantité.

Parce que, ce matin-là, il n’avait pas envie d’aller flâner dans la métropole anversoise. Ni ailleurs. Il avait juste envie de s’en aller. Pour ne jamais revenir. Cet homme, évidemment, n’est pas n’importe qui. Alain Van der Biest fut enseignant, journaliste, écrivain, avant de s’engager pleinement dans la politique. En 1975, bénéficiant de la protection d’un André Cools tout-puissant, il est catapulté au poste de secrétaire national du Parti socialiste belge. Deux ans plus tard, il devient bourgmestre de Grâce-Hollogne. Siégeant au Conseil régional wallon puis à la Chambre des représentants, il se distingue par son éloquence et ne cesse de monter en puissance. En 1988, il est en charge des Pensions dans le gouvernement de Wilfried Martens ; deux ans plus tard, il revient à Namur, où il devient ministre des Affaires intérieures.

Parcours sans fautes ? Peut-être. Mais pas sans ombres. Sa vie bascule le 18 juillet 1991. Ce jour-là, André Cools est assassiné. Alors que la justice ouvre une enquête, le nom de Van der Biest est cité. Comme possible commanditaire de l’assassinat. A-t-il tué  » son père  » ? Il est certain, en tout cas, qu’entre les deux hommes, la relation avait tourné au vinaigre. Le 2 juillet 1992, l’immunité parlementaire de Van der Biest est levée. L’homme devient la cible de la justice. Et une proie pour tant d’autres. L’enquête révèle bientôt les affres du clan socialiste liégeois – et y provoque des fissures.

Van der Biest n’est plus ce qu’il était. En 1995, il achève son dernier mandat. Sans doute espère-t-il un jour retrouver une place sur l’échiquier politique. Mais il n’en a plus l’énergie. Ni même la légitimité. C’est qu’outre le dossier Cools, la justice lui reproche la (très mauvaise) gestion de son cabinet. On apprend ainsi qu’aux Affaires intérieures wallonnes, sous son ministère, c’était le règne de l’entorse comptable et des notes de frais abusives. Un véritable trafic de titres financiers est même démasqué !

Les condamnations succèdent aux non-lieux. A plusieurs reprises, Van der Biest est emprisonné. Avant de recouvrer la liberté. Mais, en même temps qu’il plonge dans l’alcool, l’homme s’enfonce, irrémédiablement. Le 17 mars 2002, à 58 ans, il se donne la mort. A côté de son corps sans vie, ces quelques mots :  » Betty, mon amour, Je veux que mon calvaire s’achève. Pardon. Je suis innocent. Je t’aime. Je t’aime. Alain.  »

Désespéré ? C’est certain. Innocent ? Cela ne sera jamais prouvé. Van der Biest est le grand absent du procès Cools, qui s’ouvre en 2003. Et qui ne parviendra pas à faire la lumière sur le rôle que l’ancien protégé a pu jouer dans l’assassinat.

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