© Daniel Fouss/Musée de la BD

Une certaine idée de la Flandre

Bête, sale et méchant, et pourtant pour les enfants : depuis trente-cinq ans, la bande dessinée Urbanus met de l’underground dans sa série populaire. Un phénomène, typiquement flamand, à découvrir au musée de la BD, à Bruxelles.

Imaginez des albums de BD dits  » tous publics  » dans lesquels le Grand Schtroumpf serait bourré en permanence, où la maman de Boule et Bill ferait de temps en temps le trottoir et où l’élève Ducobu s’amuserait surtout avec son propre caca. Bienvenue dans l’univers de Urbanus, la bande dessinée (très) librement inspirée de l’artiste ( » BV « , Flamand connu, chanteur comique et acteur) du même nom, et qui cartonne en Flandre depuis plus de trente-cinq ans et 170 (!) albums. Un  » mix graphique entre Marc Sleen et Crumb « , comme nous l’a expliqué son dessinateur Willy Linthout, soit la rencontre improbable de l’underground et de la BD familiale dans  » une série vulgaire, moche et à mourir de rire devenue culte dans la moitié nord du pays « . C’est en tout cas ainsi que le musée de la BD, ou Centre belge de la bande dessinée, à Bruxelles, introduit sa nouvelle exposition temporaire, consacrée à un phénomène de la BD flamande… totalement inconnu dans le reste du monde. Et pour cause : cet humour-là, il n’y a qu’en Flandre, et précisément dans la commune fictive de Tollembeek, qu’il pouvait exister et qu’il se porte bien : le film d’animation inspiré de la BD, Urbanus : De Vuilnisheld, sortira le 27 février prochain. Willy Linthout, lui, garde le rythme qu’il s’est astreint dès les débuts de Urbanus, en 1982, quand il était encore tourneur de métal en usine, à Lokeren :  » Un album tous les deux mois, pour garder le rythme, mais toujours avec les mêmes critères : d’abord m’amuser, moi. Mais en faisant toujours en sorte que le fun soit plus présent que la provocation. « 

Une certaine idée de la Flandre

De Nero aux Simpson

La Flandre a depuis toujours développé une bande dessinée populaire, voire populo, qui n’appartient qu’à elle, longtemps diffusée dans des quotidiens : Nero de Marc Sleen, De Kiekeboes de Merho ou, plus récemment, la série F.C. De Kampioenen inspirée d’une sitcom à succès, présentent toutes les mêmes caractéristiques que Urbanus : un dessin naïf voire un peu vulgaire, narrant des gags sans conséquences autour de Flamands très moyens. Willy Linthout en a gardé le principe, en poussant tous les paramètres dans le rouge :  » On peut considérer cette BD comme un équivalent des Simpson, ou comme des Monty Python qui ne font que des blagues flamandes, très difficiles à traduire « , explique son auteur, qui collabore toujours avec le  » vrai  » Urbanus pour élaborer ses scénarios absurdes qui ne respectent rien et ne connaissent que peu de tabous :  » Pédophilie, euthanasie, prostitution, scatologie, religion… On s’amuse de tout et c’est pour ça que ça passe !  » Mêlant installations et planches originales, l’expo du CBBD s’avère en tout cas une excellente introduction, en français, à cet univers dans lequel un ado à barbe a fait d’une mouche à caca son animal de compagnie.

Une certaine idée de la Flandre

Urbanus – La bande dessinée familiale underground : au Centre belge de la bande dessinée, jusqu’au 26 mai prochain. www.cbbd.be.

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