© ILLUSTRATION : MONSIEUR IOU

Le beau geste de Sylvie Lausberg : « Laisser s’exprimer l’enfant en soi »

Sylvie Lausberg, 57 ans, historienne et psychanalyste, présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB), directrice  » étude et stratégie  » du Centre d’action laïque (CAL).

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

Un geste, qu’il soit spontané ou réfléchi, mais qui part du coeur et ne demande rien en retour. Un beau geste ne se dit pas, ne se revendique pas. Il n’existe qu’entre les personnes concernées et c’est ce qui en fait la valeur. Il crée un lien, parfois une intimité de pensée qui ne s’effacera pas.

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

J’ai pris trois semaines de congé pour écrire, pour me donner le temps de terminer un roman sans me mettre la pression et sans répondre à mes mails, c’est un vrai cadeau.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

Comme je travaille dans une structure qui peut soutenir des initiatives, je fais souvent le forcing auprès de mon employeur pour qu’il lâche les cordons de la bourse afin d’encourager des projets que je trouve essentiels, comme le CPVS 320 rue Haute (NDLR : Centre de prise en charge des violences sexuelles du CHU Saint-Pierre, à Bruxelles) ou, dernièrement, la sortie d’une bédé d’éducation sexuelle sur la  » zézette « .

Et pour la société ?

Malgré ma nature solitaire, rétive à tout embrigadement, je me suis portée candidate à la présidence du conseil des femmes ; sans vraiment me rendre compte de ce que cela supposait. C’est un mandat bénévole de quatre ans, qui me permet d’apporter ma petite pierre à la lutte pour les droits des femmes.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?

Depuis mon adolescence, il y avait des personnes que je n’aimais pas d’emblée et je les ignorais. Avec le temps, j’ai appris à écouter d’abord avant de me faire une opinion ; c’est plus facile quand on se sent bien dans sa peau. Et si, finalement, les choses me déplaisent, je les regarde avec détachement et humour. Aujourd’hui, les gens qui me déroutent me font sourire et c’est mieux que de tirer la tête.

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous a fait du bien ?

Nancy Wilson, une merveilleuse chanteuse de jazz, qui vient de mourir, et qui est très peu connue de ce côté-ci de l’Atlantique. Je trouve que c’est dommage de découvrir des artistes, des écrivains, une fois qu’ils sont décédés. Heureusement, il reste leurs oeuvres pour nous donner du  » bonheur dans la tête « .

Quel est l’acte dont vous êtes le plus fière ?

Je ne suis pas spécialement fière mais peut-être le serais-je quand mon roman sortira dans quelques mois.

Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?

Un acte d’amour dont je ne dirai rien !

Qui vous inspire ?

Les femmes féministes : Benoîte Groult, par exemple, mais surtout Marguerite Duras. Dans le combat à mener aujourd’hui pour que notre société soit moins violente, il y a toutes celles qui y ont participé hier… et je suis admirative des jeunes – filles et garçons – qui se mettent en mouvement et reprennent le flambeau sans se laisser intimider.

Selon vous, le monde irait mieux si…

Si chacun vivait en gardant une place en lui pour l’enfant qu’il était ou, mieux, est resté. Les gens sont plus apaisés quand ils laissent de l’espace aux aspirations de leur enfance, même s’ils n’ont pas pu les réaliser toutes. La frustration se nourrit souvent d’un aveuglement sur soi-même. Cela provoque rejet, exclusion, violence. Laisser s’exprimer l’enfant en soi cela libère l’adulte et, je pense, libérera la société aussi.

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