Le meurtre par un voisin de Mireille Knoll, rescapée de la rafle du Vel'd'Hiv', a bouleversé la France. © SADAK SOUICI/BELGAIMAGE

Complotisme, extrême droite, ignorance…: enquête sur le nouvel antisémitisme

Haine séculaire et mutante, l’antisémitisme renaît en Europe, galopant sans filtre sur les réseaux sociaux, associant la haine d’Israël et des riches à celle du voisin de quartier. Comment définir ce nouvel antisémitisme?

>> Lire également notre interview du président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, Yohan Benizri: « Pittsburgh prouve qu’il ne faut pas baisser la garde »

L’antisémitisme tue. Attaque de la synagogue de Pittsburgh (octobre 2018), meurtre d’une rescapée de la rafle du Vel’d’Hiv, Mireille Knoll, par un voisin à Paris (mars 2018), défenestration de Sarah Halimi dans le même quartier parisien (avril 2017), attaque de la synagogue de Copenhague (février 2015), prise d’otages à l’Hyper Cacher de Paris (janvier 2015), attentat contre le musée juif de Belgique (mai 2014), tuerie à l’école juive de Toulouse (mars 2012), séquestration et torture de Ian Halimi par le « gang des barbares » (février 2006). Tous les auteurs, à l’exception du suprémaciste blanc de Pittsburgh, étaient des jeunes d’origine musulmane.

Les juifs sont entre 13 et 14 millions dans le monde, répartis dans de nombreux pays et classes sociales, faits d’autant d’individualités que n’importe quel groupe humain. Et pourtant, ils continuent d’être affublés d’une réputation de toute-puissance, de susciter la méfiance, sinon la haine, souvent en lien avec la situation au Proche-Orient. D’antiques préjugés resurgissent, moulés sur de nouvelles situations, servis par des idéologues comme Alain Soral et Dieudonné. Les juifs sont qualifiés en toute impunité de « traîtres », « infidèles » et « imposteurs » dans des manuels de formation des imams utilisés par la Grande Mosquée de Bruxelles. L’antisionisme radical prospère à l’extrême gauche. « Poser Israël en Etat nazi ou tueur d’enfants, exiger sa destruction et même le boycott de ses seuls produits et jamais ceux d’autres Etats occupants tels la Russie (Crimée), la Turquie (Chypre, le Kurdistan) et, pourquoi pas?, le Maroc (Sahara ex-espagnol), voire l’Espagne (Ceuta et Melila), nous ramène aux deux poids deux mesures d’un autre âge », pointe le politologue Joël Kotek (ULB), directeur de la revue Regards, du Centre communautaire laïc juif David Susskind (CCLJ).

Quelques jours avant l’attaque de la synagogue de Pittsburgh, l’Anti-Defamation League avait rapporté une augmentation de 57% des actes antisémites pendant la première année de la présidence Trump. Maurice Samuels, professeur à Yale, écrivait le 31 octobre dernier dans Le Monde qu’il y a un lien entre la légitimation des discours de haine par le haut et le passage à l’acte. Les autorités européennes ne risquent pas de prendre ce pli, car elles s’inquiètent depuis le début des années 2000 de cette résurgence de l’antisémitisme.

Le roi Philippe assiste aux 140 ans de la Grande Synagogue de Bruxelles.
Le roi Philippe assiste aux 140 ans de la Grande Synagogue de Bruxelles.© BERT VAN DEN BROUCKE/PHOTONEWS

L’Europe s’alarme

L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne a lancé une vaste enquête auprès des communautés juives de treize Etats membres, dont la Belgique, sur la « discrimination et le crime de haine à l’égard des personnes juives ». Ses résultats seront présentés ce 10 décembre à Bruxelles. On subodore qu’ils ne sont pas bons. En avril de cette année, la chancelière allemande, Angela Merkel, a désigné un commissaire chargé de la lutte contre l’antisémitisme, en réaction aux incidents attribués à la mouvance néonazie et à « des réfugiés ou à des personnes d’origine arabe ». Le Premier ministre français, Edouard Philippe, s’alarme de la très forte hausse des actes antisémites en France: 69% par rapport à 2017, dont un tiers d’actions (agressions, dégradations de biens, voire homicides) et deux tiers de menaces. Au Royaume-Uni, Scotland Yard vient d’ouvrir une enquête sur 45 affaires présumées d’antisémitisme au sein du Labour, dont 17 que le parti travailliste aurait dû dénoncer d’initiative.

L’antisémitisme se répand surtout chez les jeunes et particulièrement sur internet.

Joël Kotek, CCLJ

Une enquête en ligne de la chaîne américaine CNN confirme ce vent mauvais qui pourrait valoir aux juifs de « subir des violences racistes », pronostiquent 40% des sondés, et contre lequel devraient agir davantage les gouvernements (50%). Le sondage a été réalisé entre le 7 et le 20 septembre dernier sur un échantillon de 7.000 personnes en Grande-Bretagne, France, Allemagne, Suède, Autriche, Pologne et Hongrie. Il révèle la prégnance de certains préjugés. Un quart des Européens pensent que « les juifs ont trop d’influence sur le monde des affaires et les marchés financiers » et un cinquième qu’ils « ont trop d’influence sur les médias et le monde politique ». Presque un Européen sur cinq est d’avis que l’antisémitisme est « une forme de réponse au comportement des juifs au quotidien ».

Sur leur nombre aussi, la majorité des personnes interrogées se trompent. En pleine affaire Ken Loach (controverse autour du docteur honoris causa de l’ULB), au printemps de cette année, un ancien député et président du FDF (DéFI) avait tweeté « Ken Loach a bien mouché Ch. Michel à l’ULB, lequel a raté une fois de plus l’occasion de se taire! Quand pourra-t-on l’entendre s’élever contre les crimes d’Israël envers les Palestiniens? Il est vrai qu’en Belgique, les électeurs juifs sont beaucoup plus nombreux! » Fake news. Un Européen sur sept croit que les juifs représentent 20% de la population mondiale…

Depuis les attentats de 2015, présence renforcée de l'armée et de la police devant les institutions juives.
Depuis les attentats de 2015, présence renforcée de l’armée et de la police devant les institutions juives.© YVES LOGGHE/ISOPIX

Le tournant de 2015

Le président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, Yohan Benizri, évalue, lui, le nombre de juifs belges entre 38.000 et 40.000. Depuis l’attentat contre le musée juif de Belgique coïncidant avec la fin du gouvernement Di Rupo, le 24 mai 2014, les autorités fédérales ont pris des positions plus fermes. Le Premier ministre, Charles Michel (MR), n’a cessé de répéter: « La Belgique sans les juifs n’est pas la Belgique. » Il s’est indigné du départ de la dernière élève juive de l’athénée Emile Bockstael (Ville de Bruxelles), a regretté la distinction de Ken Loach. Après les attentats de 2015 et 2016 en France et en Belgique, l’Etat fédéral a investi dans la sécurisation matérielle des institutions juives: lieux de culte, écoles, centres culturels (environ 140). L’inquiétude reste cependant vive, existentielle. De surcroît, la communauté vit très mal l’interdiction de l’abattage rituel en Flandre et en Wallonie, contestée devant la Cour constitutionnelle.

La présence de l’armée et de la police autour des immeubles et lieux de rassemblements juifs a toutefois procuré un calme relatif. Il y a eu moins d’incidents en 2018 – si l’on met de côté l’augmentation des propos racistes sur les réseaux sociaux, une vraie lèpre. « L’antisémitisme se répand surtout chez les jeunes et particulièrement sur Internet, sur fond de multiplication des théories du complot associant les juifs au pouvoir, à l’argent et les rendant responsables de la plupart des maux de notre temps, déplore Joël Kotek. Il se renforce dangereusement à l’extrême droite et à l’extrême gauche du spectre politique aussi bien qu’au sein des populations d’origine arabo-musulmane et principalement de sa jeunesse. »

Patrick Charlier (Unia): le souci de la liberté d'expression.
Patrick Charlier (Unia): le souci de la liberté d’expression.© JEAN-MARC QUINET/BELGAIMAGE

D’après le site antisémitisme.be, 31 faits ont été recensés jusqu’en novembre. Huit autres sont en cours de vérification. Soit une légère augmentation par rapport à 2017, année « calme » (35 incidents) comparée à 2016 (64) ou à 2014 (109). En janvier prochain, antisemitisme.be croisera ses signalements avec ceux d’Unia (le Centre interfédéral pour l’égalité des chances), généralement plus nombreux. « Les années basses, nous ouvrons 75 à 80 dossiers, indique Patrick Charlier, directeur francophone d’Unia. On a connu des pics à 130 en 2014. Les augmentations sont souvent liées aux tensions au Proche-Orient, mais pas nécessairement. Après les attentats de Zaventem et de Maelbeek, il y a eu une augmentation liée au complotisme, l’idée que « les juifs auraient organisé ça pour stigmatiser les musulmans ». Depuis quelques années, on relève aussi une hausse du négationnisme, avec des références à Hitler, au nazisme, aux chambres à gaz. » Trois dossiers pour lesquels Unia s’était porté partie civile ont été jugés en 2018, dont celui d’un fonctionnaire européen qui avait agressé verbalement une collègue et un réfugié surpris, à Anvers, en train de détruire des mezouza (NDLR: petit rouleau de parchemin fixé à l’entrée d’une maison juive) et qui a agressé les passants juifs qui s’y opposaient.

Unia s’est également associé à l’action en justice contre Schild & Vrienden (groupement d’extrême droite né à Gand) et dans l’affaire de l’officier de police bruxellois tenant des propos antisémites à l’égard de ses collègues juifs. L’institution fédérale est l’une des sept parties civiles au procès de la tuerie du musée juif de Belgique, qui débute le 10 janvier 2019. « Nous sommes intervenus car il s’agit d’actes de haine contre la communauté à laquelle appartenaient les victimes », précise Patrick Charlier.

Unia s'est constitué partie civile dans le dossier de Schild & Vrienden, où des propos antisémites, racistes et sexistes étaient échangés.
Unia s’est constitué partie civile dans le dossier de Schild & Vrienden, où des propos antisémites, racistes et sexistes étaient échangés.© VRT NEWS

Tous les incidents répertoriés en 2018 par antisemitisme.be ne sont pas du même acabit. Une croix gammée gravée sur un arbre de la forêt de Soignes ou accompagnée de la mention « Fuck les juifs » sur un banc à Uccle, ne sont pas comparables à la destruction d’une mezouza, encore moins à une menace d’agression physique contre les personnes. Dans certains cas, il n’y a pas d’auteurs connus. Dans d’autres, la justice est saisie.

On notera qu’aux dernières élections, des affiches de Marc Loewenstein (DéFI, Forest) et de Jacques Brotchi (MR, Uccle) ont été graffitées d’une étoile de David ou de moustaches d’Hitler. A Marchienne-au-Pont, un couple de réfugiés chiliens se plaint d’être harcelé : étoile de David barrée sur la porte de leur maison, insultes, menaces de mort avec un couteau, tir à travers la fenêtre de leur chambre à coucher. La police de Charleroi a ouvert une enquête et mit leur téléphone sur spotlight (dispositif prioritaire d’urgence).

« L’antisémitisme ne mène pas forcément à la mort, observe Joël Kotek, mais c’est un poison quotidien qui, à force de violences verbales et physiques, de propos dégradants, de menaces, de harcèlement, transforme en cauchemar la vie de nombreux Juifs européens qui envisagent leur alya (NDLR: émigration) vers Israël. »

Les trous noirs de l’antiracisme

« Sale juive, on aura ta peau! » La députée bruxelloise Viviane Teitelbaum (MR), présidente du Conseil national des femmes francophones de Belgique de 2010 à février 2018, a été menacée de mort par mail en septembre 2017. « J’ai déjà été victime d’insultes sexistes et antisémites… ici, ce sont des menaces de mort et ce n’est que la troisième fois! » L’auteur a été identifié. D’autres plaintes ont été déposées contre lui. Son procès aura lieu en 2019. « Lorsque j’ai déposé plainte à la police d’Ixelles, je me suis aperçue qu’il n’y avait pas de case « antisémitisme » à cocher », regrette l’élue libérale. De fait, les lois contre le racisme et le négationnisme ne prévoient pas de mention spécifique pour l’antisémitisme, d’où la difficulté de poursuivre sur cette base et, incidemment, de mesurer statistiquement le phénomène. « Le critère d’incitation à la haine est insuffisant, conclut Viviane Teitelbaum, car il faut prouver l’intention d’inciter à la haine ou à la violence antisémite. » L’élue bruxelloise préconise une modification de la loi sur le racisme.

Gaza: des enfants sont kidnappés et assassinés pour leurs organes.

Robrecht Vanderbeeken, CGSP flamande

Les trous noirs du dispositif belge de l’antidiscrimination et de l’antiracisme sont connus. Un incident récent l’illustre. Il met en cause Robrecht Vanderbeeken, secrétaire national de la CGSP flamande de la culture, professeur associé à la VUB et à l’université de Gand. Dans une tribune intitulée « Syndicale strijd voor Palestijnse mensenrechten » (Combat syndical pour les droits de l’homme palestiniens) publiée, le 30 août dernier, sur le site De Wereld Morgen, il accusait Israël du vol d’organes d’enfants palestiniens. L’extrait litigieux: « Gaza, du fait du blocus terrestre, maritime et aérien, est affamée et empoisonnée, des enfants sont kidnappés et assassinés pour leurs organes. » La phrase a été modifiée, le 18 octobre dernier, mais Robrecht Vanderbeeken n’en démord pas: « Je critique un crime, mais je ne prêche pas la haine des juifs » (Het Laatste Nieuws). La VUB et l’université de Gand ont pris leurs distances. Cas test: comment allait réagir Unia? Deux plaintes lui ont été adressées par un citoyen non juif et le CCOJB.

Dans leur réponse du 21 novembre, les codirecteurs Els Keytsman et Patrick Charlier se retranchent derrière une « analyse juridique » et rappellent que « la loi ne contient pas le concept d' »antisémitisme », mais bien celui d' »incitation publique à la discrimination, à la haine, à la violence ou à la ségrégation sur la base, entre autres, de l’ascendance juive. » En l’absence d’une telle incitation, Unia conseille au CCOJB de déposer plainte en justice, « s’il croit que les limites légales ont été franchies ».

Le « juif tueur d’enfant » est un classique de la prose antisémite médiévale. « Ce n’est pas sans raison que le palestinisme fait aujourd’hui figure de religion séculière, ersatz de christianisme, où l’enfant assassiné figure la victime par excellence des juifs, le palestinien le Christ, le sioniste le diable et BDS (NDLR: mouvement de boycott des produits israéliens) la pratique rituelle », s’enflamme Joël Kotek.

Manifestation propalestinienne à Bruxelles en août 2014: le mythe du
Manifestation propalestinienne à Bruxelles en août 2014: le mythe du « juif tueur d’enfants » est réactivé par l’antisionisme radical.© DURSUN AYDEMIR/BELGAIMAGE

Controverse autour de la nouvelle définition

« A-t-on encore le droit de critiquer Israël sans se faire accuser d’antisémitisme? » La réponse ne va pas de soi. Aujourd’hui, le ciblage systématique et outrancier d’Israël fait partie de la nouvelle définition de l’antisémitisme. Celle-ci a été élaborée en 2005 par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (Vienne), puis, enlevée de son site Web, à la suite de critiques réclamant le même travail à propos d’autres formes de racisme, dont l’islamophobie. Cette définition a été reprise, en 2016, par l’International Holocaust Remembrance Alliance (Ihra, Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah), un organisme intergouvernemental dont fait partie la Belgique, et a été approuvée par 56 des 57 pays de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce). Seule la Russie a émis des réserves. Le Parlement européen s’est prononcé à une large majorité, le 1er juin 2017. L’Allemagne, la Bulgarie, la Slovaquie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni également. L’Union européenne pourrait la recommander à ses Etats membres à travers une déclaration actuellement en cours de négociation.

Juridiquement non contraignante, cette « définition de travail » est, en soi, fort classique, mais elle est illustrée par onze exemples, dont sept concernent Israël: sa diabolisation, le fait de présenter ce pays comme une « entreprise raciste », de l’accuser d’inventer ou d’exagérer la Shoah ou, encore, de remettre en cause son existence en tant que « collectivité juive ». L’Allemagne n’a pas approuvé les exemples. Le Labour britannique voulait en rejeter certains, mais s’est finalement incliné, au bord de l’explosion. La Belgique tergiverse. La France en débat. Après le vote au Parlement européen, une brochette d’intellectuels ont signé un texte dans Libération, intitulé « L’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme »: « Si l’on peut considérer qu’il existe dans certaines attaques formulées contre Israël des dérives antisémites, les critiques de la politique des gouvernements israéliens ne peuvent en aucun cas être assimilées à de l’antisémitisme sans nuire tout à la fois au combat contre l’antisémitisme et contre le racisme, et à la liberté d’opinion nécessaire au fonctionnement de nos démocraties. » A quoi un autre collectif de signataires a rétorqué dans Marianne: « En réalité, ce n’est pas l’antisémitisme qui est instrumentalisé mais bien la cause de la défense du droit des Palestiniens à un Etat démocratique, celle de la lutte contre l’occupation, qui est trop souvent l’instrument d’un racisme antijuif. »

En Belgique, ce débat n’a jamais pris corps. Lors du dernier gala du CCOJB, auquel Le Vif/L’Express a assisté, le Premier ministre s’est abstenu d’évoquer le sujet qui divise. Pas de déclarations fracassantes, pas de duel d’opinionistes. Sauf au Sénat, où une proposition de résolution relative à la lutte contre l’antisémitisme a été déposée par Jean-Jacques De Gucht (Open VLD) et cosignée par Bert Anciaux (SP.A), Jacques Brotchi, Christine Defraigne, Alain Destexhe (MR), François Desquesnes (CDH), Christophe Lacroix, Olga Zrihen (PS) et Martine Taelman (Open VLD). Les sénateurs demandent la désignation d’un coordinateur de la lutte contre l’antisémitisme et la mise en oeuvre sur le terrain de la fameuse définition de l’Ihra. Son examen a débuté, le 30 novembre, en commission des affaires institutionnelles et devrait se poursuivre le 10 décembre, avec un vote en session plénière le 14 décembre. L’avis d’Unia est réservé. « C’est une définition utile et pertinente, complémentairement à la définition légale, mais si on en fait une interprétation extensive, elle pourrait être contraire à la liberté d’expression », résume Patrick Charlier.

Jan Deboutte, chef de la délégation belge auprès de l'Ihra.
Jan Deboutte, chef de la délégation belge auprès de l’Ihra.© JEAN-CHRISTOPHE GUILLAUME/DR

Quels seraient ses effets concrets? Pour l’ambassadeur Jan Deboutte, chef de la délégation belge auprès de l’Ihra, « le ministre de la Justice, éventuellement le Collège des procureurs généraux, et le ministre de l’Intérieur ont le plus grand intérêt à disposer d’une bonne définition de l’antisémitisme; les réseaux d’éducation, aussi ». Le diplomate ne craint pas une entrave à la liberté d’expression. « On doit pouvoir critiquer la politique israélienne, mais en y appliquant les mêmes standards que pour d’autres gouvernements démocratiques », explique-t-il au Vif/L’Express. Cette mention figure explicitement dans la définition. Enfin, n’y a pas de « lobby israélien » à la manoeuvre: « Cette référence au « lobby israélien » rappelle tristement les théories du complot et de domination du monde qui se trouvaient dans les Protocoles des Sages de Sion, un faux datant du début du siècle dernier et dont les nazis se sont servis pendant la Shoah. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire