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Un candidat aux élections peut-il utiliser son image dans une pub non politique en campagne électorale ?

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Bea Diallo, échevin socialiste sortant à Ixelles, l’a fait. En toute bonne foi, jure-t-il. Le Collège de contrôle des dépenses électorales tranchera.

Le Collège de contrôle des dépenses électorales tranchera : un homme politique, candidat aux élections communales, peut-il figurer dans une vidéo publicitaire pour des locaux commerciaux disponibles, diffusée à quelques semaines du scrutin, quand bien même on n’y fait pas mention de son statut de candidat ni de son appartenance politique ? Doit-il, en outre, déclarer les revenus tirés de cette prestation publicitaire dans ses dépenses électorales ? Bea Diallo, échevin socialiste sortant à Ixelles, candidat aux communales du 14 octobre dernier et député bruxellois, ne l’a en tout cas pas fait. La vidéo, qui a tourné en boucle pendant un mois dans la vitrine d’une boutique de la place Flagey, à Ixelles, à partir du 15 septembre, est tombée en pleine campagne. Certes, elle n’évoquait pas la participation de l’échevin socialiste aux élections : elle ne faisait que la promotion des espaces commerciaux vides de Dominique Janne, un promoteur immobilier ixellois.

 » J’ai signé ce contrat de cession d’image avec Dominique Janne il y a plus de six mois, détaille Bea Diallo au Vif/L’Express. Je ne savais pas à quelle date la vidéo serait lancée et j’ai été le premier sur- pris quand je l’ai découverte, à la mi- septembre. On n’est pas venu me chercher comme homme politique mais comme figure connue de la boxe et comme auto-entrepreneur, afin de soutenir un projet de redynamisation du commerce local. Lorsque je boxais, 80 % de mes gains allaient à l’asbl que j’ai créée, Réseau mondial pour une Guinée nouvelle. Désormais, je vends mon image et le profit que j’en retire est intégralement versé à mon asbl.  » Combien ? Il se refuse à le préciser, mais  » ce n’est pas grand-chose « , dit-il.

Dominique Janne, contacté par Le Vif/L’Express, assure que la concomitance de sa campagne de pub et de la campagne électorale est fortuite.  » J’ai utilisé sa notoriété de type sympa et de boxeur, mais je ne lui ai rien apporté, affirme- t-il. C’est lui qui m’a tiré, et non l’inverse.  » Bea Diallo, lui, se dit persuadé que cette campagne publicitaire ne lui a pas apporté une seule voix – ce qui est impossible à prouver – et qu’il n’en avait pas besoin en termes de notoriété.

Au moment de remplir ses documents de dépenses électorales, une démarche légalement obligatoire, il s’est, dit-t-il, renseigné pour savoir si les bénéfices tirés de cette campagne de pub devaient être déclarés.  » Je comptais en faire état mais des juristes que j’ai consultés, ainsi que des experts du parti, m’ont dit que je ne devais pas.  » Motif : le contrat de base a été signé hors période électorale.  » Si, malgré tout, je dois rectifier ma déclaration de dépenses, j’ai encore de la marge pour le faire, précise Bea Diallo. Je n’ai pas dépensé tout le budget auquel j’avais droit, comme candidat et comme tête de liste, et qui doit tourner autour de 15 000 à 20 000 euros.  »

Si cet argent était considéré comme un don de la société anonyme Me We, à la source de cette campagne de revitalisation des commerces de proximité, cela pourrait poser problème. Car les dons de personnes morales sont interdits en campagne électorale. L’ONG qui en a bénéficié est présidée par Bea Diallo ; il en assure aussi conjointement la gestion journalière. Sur le site de Réseau mondial pour une Guinée nouvelle figurent majoritairement des articles relatifs à l’échevin socialiste ixellois, nombreuses photos à l’appui.  » Normal, souffle-t-il : là-bas, tout le monde me connaît.  »

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