Virage à 180 degrés pour la politique européenne d’agrocarburants

(Belga) La Commission européenne a admis lundi qu’elle proposerait bientôt de réduire de moitié l’objectif de consommation d’agrocarburants dans les transports, dans un contexte de pression grandissante sur les surfaces cultivables.

La semaine dernière, l’agence de presse Reuters avait dévoilé un projet de document faisant état de ce nouvel objectif, ainsi que d’une promesse de réduire toutes les subventions au secteur après 2020. La Commission européenne avait refusé de confirmer ce virage à 180 degrés dans sa politique de soutien aux agrocarburants, mais elle a levé lundi un coin du voile sur les propositions, attendues en octobre. Elle confirme que l’objectif de consommation dans les transports sera réduit de moitié, de 10% à 5%. « Il est faux de croire que nous soutenons des biocarburants développés sur des surfaces dédiés à la nourriture (‘food-based biofuels’) », ont affirmé ans un communiqué commun les commissaires Gunther Oettinger (Energie) et Connie Hedegaard (Climat). « Dans notre nouvelle proposition législative, nous faisons exactement le contraire: nous les limitons au niveau de consommation d’actuel, c’est-à-dire 5% en 2020 », ajoutent-ils, en précisant que la Commission continuerait de soutenir les agrocarburants de deuxième génération (déchets verts, plantes à croissance rapide…). Cet aveu de la Commission a été diffusé lundi, en réaction à un communiqué d’Oxfam, qui dénonce de longue date l’impact des agrocarburants sur les prix agricoles. « La politique européenne de soutien aux agrocarburants ne permet pas de réduire le changement climatique ; elle l’aggrave. Et les populations pauvres en paient le prix fort », a affirmé Stéphane Parmentier, chargé des questions de souveraineté alimentaire à Oxfam-Solidarité, cité dans le communiqué. Tout en se félicitant d’une réduction des objectifs, l’ONG appelle les dirigeants européens à « aller plus loin ». A 4,5% de la consommation totale du secteur des transports, les agrocarburants ont en effet « déjà un impact catastrophique sur la sécurité alimentaire », a dit M. parmentier à l’agence Belga. L’Union européenne devrait à ses yeux abandonner purement et simplement son objectif d’énergies renouvelables dans les transports. (PVO)

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