Une consigne sur les canettes risque d’augmenter le commerce transfrontalier

(Belga) Un système de consigne sur les canettes, comme souhaité par le ministre wallon de l’Environnement, Carlo Di Antonio, n’est pas la solution au problème des déchets sauvages, selon l’association sectorielle de l’Industrie belge des Eaux et Boissons rafraîchissantes (FIEB) contactée mercredi par Belga. Soulignant que le système de tri est d’ores et déjà très performant en Belgique, la FIEB craint qu’une nouvelle taxe sur les canettes ne nuise au commerce.

« Les déchets sauvages sont un problème », admet David Marquenie, secrétaire général de la FIEB. « Néanmoins un système de consigne n’est pas la solution. » Outre les problèmes de mise en place d’un système déjà avancés par le Syndicat neutre pour Indépendants (SNI), Comeos et Fost Plus comme la durée nécessaire à son instauration, le coût de nouvelles infrastructures, etc., la FIEB est inquiète de l’impact que cela pourrait avoir sur le commerce du secteur. « Nous sommes déjà un des pays les plus taxés sur les boissons. Entre le point vert, les accises et la taxe sur les emballages, cette consigne nous rendrait encore moins compétitifs », affirme David Marquenie. Le commerce transfrontalier aurait en effet augmenté de 6 à 7% depuis l’entrée en vigueur de la taxe sur les emballages. La crainte est partagée par l’organisation des indépendants flamands (UNIZO) qui précise que pour que le système fonctionne, il faudrait pouvoir marquer les origines des canettes et donc prévoir des investissements supplémentaires. La FIEB souligne également que notre système de tri est un des plus performants. « En Belgique, 98% des canettes sont déjà recyclées, soit plus qu’en Allemagne où les canettes sont consignées. » Pour l’association, il faudrait avant tout améliorer la sensibilisation du public au tri; elle se dit prête à en discuter avec les autorités. « Il faut en faire le constat », la Wallonie est une des régions les plus sales d’Europe, a concédé le ministre cdH sur les ondes de Bel-RTL. Dans sa déclaration de politique régionale, le nouveau gouvernement wallon a notamment prévu une consigne pour les canettes en aluminium et autres emballages abandonnés dans l’espace public et dans la nature, ou tout autre mécanisme réparateur équivalent. « Une consigne de dix centimes serait suffisante, et on récupère cette consigne quand la canette retourne dans le circuit », estime M. Di Antonio. Selon les chiffres du ministre, 5% des canettes ne sont pas récupérées et se retrouvent au bord des routes ou dans les champs. Outre l’aspect environnemental, les coûts de ramassage sont importants: 20 millions d’euros pour la Région pour les voiries régionales et les autoroutes, mais des centaines de millions pour les communes. Le ministre compte mettre la piste à l’étude avec le secteur. Il présentera de premières mesures de propreté publique dès septembre et ambitionne de « résoudre le problème » des déchets sur la voie publique en deux ans. Il évoque aussi une consigne sur les bouteilles PMC et des actions visant les emballages plastiques. En outre, pour agir sur le comportement des « quelques pour-cent des gens qui ne respectent pas les règles », il compte évaluer et renforcer le système des amendes administratives en la matière. Le groupe cdH au parlement wallon avait déjà déposé en mars 2011 une proposition de résolution sur la consigne pour canettes, à l’initiative notamment de Carlo Di Antonio, alors député. Le prédécesseur de M. Di Antonio, Philippe Henry (Ecolo), avait pour sa part mis le sujet à l’étude. Il souhaitait impliquer le fédéral et les autres Régions, voire mobiliser le niveau européen, vu l’étroitesse du territoire wallon et l’importance du transit international, lui aussi générateur de déchets. Parmi les exemples notables à l’étranger, l’Allemagne impose déjà une telle consigne, même sur les canettes importées de l’étranger (obligation de reprise systématique). A l’inverse, Fost Plus, organisme privé qui prend en charge la collectes sélectives, le tri et le recyclage des déchets d’emballages ménagers en Belgique, n’est pas favorable à la consigne sur les canettes. Selon lui, le système actuel est performant et risque d’être mis à mal si une consigne était instaurée. Comeos, la fédération belge du commerce, est sur la même longueur d’onde. Coûteuse, complexe à mettre en oeuvre, peu efficace pour lutter contre les déchets sauvages, la consigne risque selon elle de mettre en péril le système de collecte actuel. (Belga)

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