Trump et Francken: comment on assaisonne une tête de Turc

On imaginerait bien Theo Francken, en procession, à genoux jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle ou bien dans un monastère se flagellant avec l’aide de son compagnon de cellule dans Le Nom de La Rose… Il en a le physique : épaules puissantes, sourire sardonique… Le vilain parfait… Notre Secrétaire d’Etat à l’Asile, qu’est-ce qu’on lui fait vivre, c’est presque insensé !

Depuis deux ans, un déchaînement de belles-âmes outrées, qui a commencé derechef lors de cet anniversaire d’un collaborateur nazi, par les cris de Laurette Onkelinx, Charles Michel essayant de lire sa déclaration gouvernementale… Comme pour Trump jusqu’à sa destitution, ces cris ne cesseront pas tant que Francken n’aura pas démissionné…

Les deux hommes, toute proportion gardée, ont bien des choses en commun. Le New York Times taxe d’ailleurs Francken de mini-Trump. Ils s’assoient tous les deux sur la religion du multiculturalisme, sur l’universalisme sans frontières et ne croient plus, depuis belle lurette, que « l’immigration soit une chance ».

u003cstrongu003e Ces deux personnages, a priori antipathiques, semblent s’émanciper totalement du politiquement correct et s’en nourrissent. u003c/strongu003e

Ils méprisent royalement la presse progressiste, les sociologues déterministes ou le gouvernement des juges.

A chaque scandale, leur popularité croît. Avec certitude dans le cas Francken, qui surfe dans les sondages, sur l’existence en Belgique de deux démocraties de moins en moins irréconciliables. A chaque missile tiré depuis le sud du pays, la popularité de Francken explose… en Wallonie.

Aux USA, CNN a admis que les 46% d’opinions favorables accordés à Trump (déjà un score acceptable après un an de présidence) étaient tronqués puisque basés sur un échantillon où l’on retrouve 21% des républicains pour 46% de démocrates. Sans doute est-ce ce type de biais qui a empêché qu’on prévoie sa victoire en 2016 ? Beaucoup à gauche prédisent (craignent) sa réélection en 2020.

Ces deux personnages, a priori antipathiques, semblent s’émanciper totalement du politiquement correct et s’en nourrissent.

Tom Wolfe, le Balzac américain (« Le Bûcher des vanités ») explique au Figaro et au Soir que « le politiquement correct est devenu l’instrument des classes dominantes, l’idée d’une conduite appropriée pour mieux masquer leur « domination sociale » et se donner bonne conscience. Peu à peu, le politiquement correct est même devenu un marqueur de cette « domination » et un instrument de contrôle social, une manière de se distinguer des « ploucs » et de les censurer, de délégitimer leur vision du monde au nom de la morale. Les gens doivent désormais faire attention à ce qu’ils disent. C’est de pire en pire, en particulier dans les universités. La force de Trump est sans doute d’avoir rompu avec cette chape de plomb. »

Trump se vante de sa fortune alors que la gauche caviar fait profil bas. Et le peuple préfère cette attitude à l’hypocrisie des conformistes.

Les journalistes qui jadis expliquaient aux élites le ressenti du peuple et au peuple le langage technocratique des élites, se sont rangés, pour beaucoup d’entre eux, du côté de ces dernières, créant un fossé de plus en plus béant avec la population. D’où la perte d’un lectorat dont la vision du monde diffère désormais radicalement de celle des médias.

La population semble suivre l’adage de Charles Péguy : « Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »

Le Soir et la RTBF sont retournés sur le terrain pour quelques mois pour colmater les brèches. On attend le résultat de leur enquête, mais en attendant, le « peuple » accorde beaucoup moins de crédit à la presse qu’aux tweets de Trump ou de Francken. Car ils se sentent manipulés. Les fake-news ? Il y a renversement de la preuve : ce sont bientôt Trump et Francken qui seront porteurs de vérité et leurs adversaires des menteurs.

Les médias alternatifs contiennent d’ailleurs assez peu de fake-news, un néologisme qui semble inventé par l’idéologie dominante pour dénigrer à l’avance toute contestation.

En Wallonie-Bruxelles, après Mickaël Modrikamen, privé totalement d’exposition médiatique, c’est Alain Destexhe qui a pris le relais comme punching-ball. Ancien médecin à Médecins sans frontière, pourfendeur de la particratie et des égarements dans l’enseignement, voilà la sénateur MR propulsé, de par son combat contre l’islamisme, épouvantail islamophobe et populiste.

Une fois la meute lâchée contre un seul homme, celui-ci ne peut plus que se balader avec sa pancarte « wanted » d’ennemi public.

Quelle que soit la cible, l’effet de meute crée un vide béant entre les désormais pestiférés et les bien-pensants (ou rien-pensants, dixit Elisabeth Lévy) qui, dans le cas de Francken, lui profite puisque 4e personnalité préférée des Wallons.

Le piège est fantastique. Votre coiffeuse dit que la Terre est ronde ? A moins d’affirmer qu’elle est plate, vous voilà taxé de populiste. Un terme que personne n’a jamais véritablement défini. Les vrais populistes, soit : les intellectuels et politiques qui passent leur temps, sans conviction, à flatter les bas instincts du peuple, sont finalement assez rares. Le terme est plutôt un moyen de relégation des gêneurs dans le camp des « intouchables ».

Avant Donald Trump, nous eûmes Ronald Reagan, Margaret Thatcher, Jean Gol, Nicolas Sarkozy, Benoit 16, Silvio Berlusconi… La liste est longue. Et le processus s’auto-reproduit avec notamment les dirigeants des pays de l’Est. Le prochain épouvantail ? Peut-être bien Sebastian Kurz, le très droitier premier ministre autrichien, seulement protégé pour l’instant par son physique avantageux et sa folle jeunesse dans un pays où le cordon sanitaire est une vue de l’esprit.

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