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Les 10 raisons du bug de notre système politique

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le blocage actuel témoigne du fait que notre système démocratique fédéral atteint ses limites. La mécanique est grippée, structurellement. Voici les dix facteurs qui expliquent le mal belge.

Tous les observateurs parient sur une longue crise dont on sortirait à la fin de l’été, au mieux. Beaucoup évoquent, carrément, une formation de gouvernement fédéral dans la douleur. A l’instar des 541 jours qui avaient été nécessaires pour la constitution de celui dirigé par Elio Di Rupo, Premier ministre sortant. C’est que le système même en vigueur en Belgique n’est pas fait pour accélérer les choses.

Voici les dix causes d’une difficulté qui est donc récurrente.

L’absence de parti national

Les partis communautaires naviguent désormais dans des paysages politiques et médiatiques très différents, leurs élus se connaissent peu, ou mal. Si la longue crise de 2010-11 a permis de renouer le dialogue, le récent déchirement du CD&V et du CDH autour de la mission d’information de Bart De Wever illustre combien les sensibilités sont divergentes.

La singularité de la N-VA Dans ce paysage politique coupé en deux, la N-VA, séparatiste et surpuissante, n’a pas d’équivalent au sud du pays.

Les paysages politiques de plus en plus différents

La Flandre vote plus à droite, la Wallonie plus à gauche. Et l’émergence de formations radicales, PTB-GO en tête, renforce le sentiment de bipolarité.

Le contexte socio-économique

Dans une période de crise économique qui se prolonge longuement, comme c’est le cas aujourd’hui, la bipolarisation s’amplifie.

Les élections couplées

Ce devait être LA solution susceptible d’apporter plus d’huile dans notre système fédéral en composant des majorités assez similaires au fédéral et dans les Régions, sur la base de résultats issus de votes prononcés au même moment. Dans les faits, c’est le contraire, avec des majorités différentes composées préalablement dans les Régions.

L’absence de circonscription électorale fédérale

Elle permettrait aux principaux politiques fédéraux d’être responsables devant les deux grandes communautés du pays.

Le système électoral proportionnel

Qui fait penser, à tort, tant dans le chef de beaucoup de citoyens/ électeurs que dans celui de certains dirigeants politiques qu’un parti ayant progressé lors des élections doit être au pouvoir. Or, constitutionnellement, il faut une majorité dans les assemblées, c’est tout.

Le milieu du gué institutionnel

Une Belgique fédérale, mais avec des relents d’unitarisme et des prémices de confédéralisme : c’est un peu l’état des lieux de notre Constitution. Il manque certaines règles du jeu, d’autres sont rétractables comme cette simultanéité des élections que l’on peut décider de remettre en question, il n’y a pas de hiérarchie des normes entre niveaux de pouvoir pour les compétences concurrentielles…

Trop de zones floues.

Le fédéralisme de méfiance. Les deux principales Communautés se craignent l’une l’autre. Le nombre important de mécanismes de protection en témoigne. La sixième réforme de l’Etat en est l’expression ultime : absolument tout est verrouillé par des majorités spéciales. C’est la paranoïa belge institutionnalisée.

Le fossé avec l’électeur/citoyen Dans ce climat où les politiques se neutralisent ou s’affrontent de façon stérile, le citoyen a de plus en plus l’impression d’être trompé. Le mandat qu’il a donné lors du scrutin ne serait pas concrétisé.

>>> Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

Avec les décodages de:

– Min Reuchamps, professeur de sciences politiques à l’UCL

– Jean-Benoît Pilet, politologue à l’ULB

– Hugues Dumont, professeur de droit constitutionnel à l’Université Saint-Louis

– Jean Faniel, directeur du Crisp

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