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Ecolo analyse les causes de sa défaite pour mieux préparer son redéploiement

Le Vif

Après sa défaite du 25 mai, Ecolo entend redéfinir sa stratégie politique. Un quatuor d’évaluateurs a analysé les causes de la défaite dans un rapport baptisé « Trans-Actions » et formulé plusieurs recommandations, dont celle de mener un travail collectif en vue d’une assemblée générale en février ou en mars où la question du « leadership » serait posée.

« L’action dans les majorités régionales a mobilisé une part trop importante de l’énergie du parti », constate le quatuor composé de Muriel Gerkens, députée fédérale, Benoît Lechat, collaborateur du centre d’études, Luc Barbé, ex-secrétaire politique des Verts à la Chambre, et Charlotte De Jaer, chef de groupe au conseil communal de Mons.

En 2009, Ecolo avait été porté par un contexte favorable qui lui avait permis d’entrer dans les majorités wallonne, bruxelloise et à la Communauté française. Toutefois, un an plus tard, ce contexte changeait et les Verts ont perdu un tiers de leurs électeurs lors des élections fédérales.

« Avec la crise, l’urgence écologique a été voilée par une montée des préoccupations économiques, mais aussi institutionnelles avec la progression de la N-VA », a commenté dimanche Benoît Lechat lors d’une conférence de presse à Bruxelles du quatuor. « Ce climat de crise a suscité un sentiment d’insécurité auprès de la population, mais aussi de résistances bien compréhensibles vu l’ampleur des réformes qu’Ecolo préconise ».

Dans leur rapport, qui s’appuie sur les résultats d’un questionnaire envoyé aux membres ainsi qu’une série d’entretiens à l’interne, mais aussi à l’extérieur du parti, les évaluateurs épinglent également l’affaiblissement de la position d’Ecolo dans les exécutifs où les Verts étaient associés.

Le vice-président du gouvernement wallon, Jean-Marc Nollet, a éprouvé des difficultés à trouver un équilibre entre la fermeté des positions écologistes et la collaboration avec des « collègues qui ne se privaient pas de mettre des bâtons dans les roues des ministres verts », soulignent-ils. Cette difficulté s’est marquée dans le dossier du photovoltaïque ou de l’éolien notamment.

La déclaration de politique régionale wallonne (DPR) adoptée en 2009, sous forte influence d’Ecolo, fut « très ambitieuse, peut-être trop ambitieuse. A un moment donné, il aurait fallu faire des choix sur ce qu’on allait faire, et sur ceux qu’on allait pas faire », décrypte de son côté Luc Barbé. Devant toutes ces difficultés, les groupes parlementaires Ecolo ont eu du mal à trouver leur place, estime aussi le quatuor.

Le document épingle dans la foulée un fonctionnement collectif du parti « en attente d’amélioration ». Il pose plusieurs constats: un fonctionnement trop en « archipel » (fragmenté entre plusieurs composantes), des sections locales « en tension » avec les cabinets ministériels, « une difficulté de la co-présidence à assumer un leadership collectif, générateur de confiance et de mobilisation » ou encore « une co-présidence déséquilibrée après les élections communales » qui ont vu une Emily Hoyos parfois très seule à côté d’un Olivier Deleuze, devenu bourgmestre et donc moins présent. Il pointe également du doigt la nécessité de contrer des « tendances claniques » au sein du parti.

Le rapport identifie plusieurs objectifs pour l’avenir, à commencer par celui de redéfinir une stratégie politique et d’adresser un « message clair et compréhensible », tout en créant un espace de débat pour permettre aux militants de débattre et de mieux s’approprier le projet politique. « Il faut aussi s’accorder sur le type de leadership et d’organisation du parti, avec une réelle transversalité entre toutes les composantes et sections du parti », juge Muriel Gerkens.

Le rapport préconise la mise sur pied de plusieurs groupes de travail sous la direction d’un comité de pilotage de maximum 6 personnes. Une assemblée générale en février ou en mars serait le point de démarrage « d’une nouvelle ère » en vue des prochains scrutins. « Elle devrait également permettre de légitimer celles et ceux qui en

exerceront le leadership », conclut le rapport.

Celui-ci est à présent dans les mains des co-présidents Olivier Deleuze et Emily Hoyos. Ceux-ci formuleront leurs propres conclusions et propositions à l’occasion d’un prochain conseil de fédération (le parlement interne, ndlr) d’Ecolo, le 16 juillet prochain.

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