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Le prix des loyers a augmenté de 20% en 5 ans

Muriel Lefevre

Le prix des loyers ne cesse d’augmenter et il y a trop peu de logements sociaux. En Flandre, près d’un locataire sur trois serait en situation de pauvreté une fois son loyer payé. À Bruxelles, la situation est encore pire.

On le constate dans tout le pays, la hausse des loyers est constante. À titre d’exemple, en 2013 le prix moyen du loyer d’un appartement en Belgique était de 740 euros, soit une hausse de 14,8 % par rapport à 2012 où le loyer s’élevait à 631 euros. Pour la location d’une maison, il faut débourser en moyenne 825 euros soit une hausse de 3,5 %.

En Flandre, une association de locataires tire la sonnette d’alarme. Les loyers ont augmenté de 20% en 5 ans. Ils augmentent plus vite que l’index ce qui risque d’entraîner une paupérisation de la population. Cette dichotomie entre prix des loyers et index a un impact dramatique sur les plus faibles revenus qui ont de plus en plus de mal à payer leur loyer. Le problème, selon l’association flamande de locataires interviewée par De Morgen, n’est pas nécessairement le prix des loyers, qui a moins augmenté que les prix d’achat d’un bien immobilier par exemple, mais bien les revenus des locataires. En gros, ce qui les inquiète c’est que le prix des loyers évolue bien plus vite que les salaires. Cette réalité fait qu’un tiers des locataires n’ont plus les moyens de vivre dignement une fois qu’ils ont payé leur loyer. Il ne reste que 683 euros aux personnes seules et 1.062 euros aux les familles pour finir le mois.

Et à Bruxelles ?

À Bruxelles la situation est identique. Voire pire puisque la capitale cumule des loyers plus élevés et une pauvreté plus importante. 50 % des locataires y ont des revenus compris entre 1000 et 2000 €. Or dans cette tranche de revenu, on consacre entre 36 % et 45% du budget du ménage au loyer, selon l’observatoire du loyer. En 8 à 9 ans, l’augmentation des loyers a progressé de 12 % par rapport à l’index, selon le Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat (RBDH). Autre phénomène inquiétant : par manque de moyen et par crainte de devoir payer un loyer plus élevé, les locataires restent de plus en plus longtemps dans un même logement, et ce même si celui-ci ne correspond plus à leur besoin. En effet, en 2004 on restait près de quatre ans et demi dans un même logement alors qu’en 2012 on restait en moyenne 12 ans.

Le loyer moyen à Bruxelles est passé de 346 euros en 1992 à 649 euros en 2012. Une augmentation qui n’est pas étrangère au fait que près de 200 000 ménages bruxellois peinent à trouver des logements abordables. Les logements publics locatifs représentent à peine 9 % du parc immobilier bruxellois alors que plus de 50 000 ménages sont en attente d’un logement public. Au regard des logements sociaux inoccupés, ce pourcentage pourrait même atteindre 6 %. Inquiétant constat lorsqu’on sait que dans le reste de l’Europe le taux de logement social s’élève à 20 %, voire 35 % aux Pays-Bas.

Selon l’aveu du RBDH, il n’existe pas dix mille solutions à ce problème si ce n’est par exemple augmenter le nombre de logements sociaux ou octroyer une aide à la location. Mais pour cela, il faudrait un véritable engagement politique. Si la volonté est là, rien n’a encore concrètement vu le jour si on excepte l’accord du gouvernement bruxellois sur une grille de loyer de référence. Si la grille existe, la façon de l’appliquer (incitatif au moyen de primes ou punitif au moyen d’amendes) n’a, elle, toujours pas été déterminée.

La plateforme logement regroupe associations et syndicats qui souhaitent faire valoir le droit à un logement décent et abordable à Bruxelles. Une grande journée de mobilisation aura lieu ce 14 juin à Saint-Gilles sous le titre « Logement pour tous maintenant« 

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